Les actions comme booster de votre portefeuille

Investissements

Les actions comme booster de votre portefeuille

27 décembre 2021 - Lu en 7 min. 

Rédigé par

Wim D'Haese

Head Investment Strategist

En résumé :
  • Nous continuons à penser que l’inflation va perdre de sa vigueur en 2022. Elle devrait toutefois se stabiliser à un plancher supérieur à son niveau pré-Covid.
  • Du fait de la répression financière, rares sont les alternatives à un surcroît d’exposition aux actions.
  • Notre vision des actions reste positive, en ayant toutefois des attentes teintées de réalisme.

En janvier 2021, nous étions nombreux à penser que la crise sanitaire ne serait plus qu’un mauvais souvenir aujourd’hui. Toutefois, malgré les 8 milliards de vaccins administrés dans le monde, il semble quasi certain que nous serons encore régulièrement confrontés à des périodes de restrictions. Après plusieurs mois de hausses et de faible volatilité, cette réalité s’est rappelée au bon souvenir des investisseurs fin novembre. Par crainte du nouveau variant omicron, plusieurs pays ont adopté des mesures sanitaires plus strictes, ce qui a fait déraper les bourses. Or, chaque économie qui se referme génère un impact négatif potentiel sur les résultats des entreprises.

Qu’entend-on par une inflation provisoire ?

Fin novembre, les investisseurs ont encaissé un autre choc : la Réserve fédérale (Fed) est revenue sur sa perception de l’inflation actuelle, qu’elle qualifiait jusqu’alors de ‘temporaire’. Les bourses ont à nouveau encaissé le coup. Bien que l’ombre sanitaire continuera sans aucun doute à planer sur les marchés en 2022, les investisseurs seront surtout attentifs à l’inflation. Et plus particulièrement à la réaction des banques centrales. La poussée inflationniste semble plus tenace que prévu à l’origine, ce qui ne manque pas de surprendre aussi les banques centrales.

Pourquoi la pression inflationniste baissera-t-elle ?

Nous continuons à considérer que l’inflation perdra une partie de ses ressorts en 2022. Une des causes de la poussée actuelle réside dans la distorsion entre l’offre et la demande. Nous nous attendons à ce que l’essentiel des problèmes d’approvisionnement soient résolus pour le début de l’été. La réouverture des économies a provoqué une forte augmentation de la demande en énergie et, en corollaire, de l’inflation. La production pétrolière est toutefois en passe de devenir excédentaire, ce qui réduit fortement le risque de nouvelles hausses des prix. Des effets de base devraient également jouer et limiter l’ampleur de l’inflation. En d’autres termes, il nous semble peu probable que l’inflation 2022 atteigne le même niveau qu’en 2021.

Pourquoi l’inflation resterait-elle élevée ?

Bien que l’on prévoie un fléchissement de l’inflation dès le début 2022, elle devrait se maintenir à un niveau supérieur à celui d’avant la crise sanitaire. Cette hypothèse est étayée par plusieurs facteurs. Citons d’abord la tendance à la démondialisation. Elle n’est pas nouvelle mais, comme beaucoup d’autres tendances, elle a été amplifiée par le Covid. Or, la relocalisation de la production coûte cher et induit un impact persistant sur l’inflation. Une entreprise qui rapatrie sa production ne peut concevoir de payer à ses travailleurs un salaire aussi modique que celui en vigueur dans les pays émergents. D’ailleurs, la pression salariale est un autre facteur de nature à soutenir l’inflation. Plus la flambée inflationniste perdure, plus la pression exercée par les travailleurs pour obtenir une revalorisation salariale sera forte.

La répression financière se poursuit

En marge du virus et de l’inflation, la répression financière et la faiblesse persistante des taux d'intérêt resteront deux thèmes brûlants pour les investisseurs en 2022. Cette faiblesse est structurelle vu que des acteurs institutionnels (les banques centrales) maintiennent depuis quelques années les taux d’intérêt au plancher. En outre, nombreux sont les pays à s’être endettés encore plus lourdement. Pour ces pays, la répression financière est la seule manière de maîtriser ou de réduire leur ratio d’endettement (dette/PIB). Les taux sont maintenus à un niveau minimum pour que la pression de la dette reste supportable. Voilà une raison de plus de penser que la répression financière n’est pas près de s’achever.
Les taux réels négatifs (soit les taux nominaux moins l’inflation) sont une mauvaise nouvelle pour votre pouvoir d'achat : plus l’inflation est élevée, plus votre capital perd de son pouvoir d’achat d’une année à l’autre. En revanche, ces taux réels négatifs sont plutôt favorables pour les actions. Il existe en effet une forte corrélation inverse entre la valorisation des actions (ratios cours/bénéfice) et les taux réels. Si les taux réels restent négatifs, les actions pourraient conserver leurs valorisations élevées.

Les actions restent le booster de votre portefeuille

En raison de la répression financière, il n’y a guère d’autre alternative que d’accroître son exposition aux actions. Nos prévisions pour les actions restent positives. Nous anticipons une croissance économique mondiale de 4,5% en 2022, car les banques centrales ne devraient resserrer que progressivement leur politique monétaire. De la sorte, les rendements réels resteront négatifs. Les blocages dans la chaîne d'approvisionnement devraient disparaître dans les six prochains mois, tandis que de nombreuses entreprises sont en mesure de répercuter la hausse de l’inflation sur leurs prix. Enfin, les ménages disposent d’un abondant bas de laine, qu’ils souhaitent très légitimement faire fructifier.

Nous estimons que la plupart des marchés boursiers recèlent un potentiel de progression d’environ 10% (cours + dividende) en 2022. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles le potentiel de hausse des actions en 2022 ne sera pas aussi élevé qu'en 2021 :

  • la croissance économique reste forte, mais ralentit ;
  • les valorisations pourraient avoir atteint leur point culminant ;
  • il existe des limites à la hausse des marges bénéficiaires.

D’autres risques subsistent : le virus, l’inflation et la politique monétaire, et la volonté des autorités chinoises de réguler l’économie. Ces facteurs peuvent se conjuguer pour provoquer des flambées de volatilité. En général, cependant, les replis boursiers devraient être de courte durée. Ils devraient constituer par ailleurs une opportunité de renforcer son exposition aux actions. Nous conservons donc notre vision positive des actions, en ayant toutefois des attentes teintées de réalisme.

Quelle stratégie pour les actions ?

Les stratégies ‘actions’ peuvent varier selon le moment et les marchés mais, en général, nous continuons à recommander une approche hybride, qui repose sur deux moteurs : les actions de croissance de qualité (surtout la technologie et les soins de santé) comme premier moteur, et les cycliques (comme les banques) comme second moteur.
En règle générale, un contexte économique favorable et des prévisions d’inflation en hausse bénéficient aux cycliques. En termes de capitalisation, les petites et moyennes capitalisations semblent intéressantes, car elles ont tendance à mieux performer en période de reprise économique.
Au niveau régional, nous n’avons pas de préférence entre l’Europe et les États-Unis, car nos prévisions de rendement en 2022 pour ces deux régions sont équivalentes : environ +10%. Pour les actions des pays émergents, 2021 n’a pas été un bon millésime, car troublé par la situation en Chine. Après un 1er trimestre 2022 qui pourrait encore être difficile pour les actions chinoises, nous nous attendons toutefois à une embellie, qui devrait être source d’opportunités pour les investisseurs disposés à prendre les risques associés.

Quelle stratégie pour les obligations ?

Dans presque tous les segments obligataires, les rendements sont inférieurs à l’inflation. Ces rendements ne permettent donc pas de conserver son pouvoir d'achat.
Une exception toutefois : les obligations High Yield1 ou spéculatives, qui sont susceptibles de générer un rendement plus élevé (et dont la duration est généralement plus courte que celle des obligations d’entreprises Investment Grade2). Cette catégorie est toutefois plus risquée, de sorte qu’une large diversification est fortement recommandée.
Pour ce qui concerne les obligations des marchés émergents libellées en devises fortes, les risques (tels qu’une politique plus restrictive de la Fed) n’auront pas disparu en 2022, mais la prime liée au risque de crédit devrait baisser, soutenue par l’amélioration des fondamentaux dans les économies émergentes et par les faibles valorisations. Outre les obligations High Yield, ce type d’obligations conserve notre préférence. Ici aussi, la sélectivité et une diversification élargie restent de mise.

Quelles perspectives pour le dollar ?

Le dollar s’est récemment apprécié en raison de l’anticipation d’une hausse des taux plus rapide que prévu par la Fed, ainsi que du repli vers des valeurs refuges suite à l’apparition du variant omicron. Le dollar devrait rester fort pendant quelque temps encore, avant de se replier vers 1,20 USD/EUR. Ceci s’explique par notre prévision de croissance pour la zone euro en 2022, supérieure à celle des États-Unis, ce qui devrait soutenir l’euro.

L’approche cœur-satellite

Les actions ont pour rôle d’alimenter le rendement potentiel d’un portefeuille. Avec les multiples forces qui se conjugueront ou s’opposeront en 2022 – inflation élevée, durcissement progressif de la politique monétaire américaine, répression financière, variants du virus, augmentation des bénéfices des entreprises, volatilité accrue… - une approche stratégique est plus que jamais nécessaire, d’une part pour prémunir son portefeuille contre les risques et, d’autre part, pour lui permettre de profiter des opportunités de marché. Voilà pourquoi nous vous recommandons de construire votre portefeuille selon l’approche cœur-satellite.

Vous envisagez d’ajuster votre portefeuille ?

1 Les obligations High Yield sont des obligations dont le rating est inférieur à BBB- chez Standard & Poor’s, ou équivalent chez Moody’s ou Fitch.
2 Les obligations Investment Grade sont des obligations dont le rating est égal ou supérieur à BBB- chez Standard & Poor’s, ou équivalent chez Moody’s ou Fitch.

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