Les investisseurs doivent-ils rester à l’abri ?

Investissements

Les investisseurs doivent-ils rester à l’abri ?

29 mars 2022 - Lu en 3 min.

Rédigé par

Wim D'Haese
Head Investment Strategist

En résumé :
  • Une analyse des 28 principaux événements géopolitiques depuis 1939 révèle que la durée médiane du repli (ventes) sur le S&P 500 est de 17 jours. Pour un impact final relativement limité.
  • Aujourd'hui, les fondamentaux restent bien orientés pour les marchés d’actions, malgré l’ajustement à la baisse de la croissance économique.
  • Deutsche Bank conseille de rester investi, dans le cadre d’une stratégie qui a fait ses preuves : l’approche cœur-satellite.

Les marchés d’actions avaient entamé l’année 2022 sur une note positive. Après quelques jours, leur bel optimisme a cependant été douché par la vague de l’inflation. La très forte augmentation des prix à la consommation – plus de 7% sur base annuelle aux États-Unis et 5% dans la zone euro – a poussé les taux obligataires à la hausse, tandis que les actions de croissance buvaient la tasse. Rien qu’en janvier, le Nasdaq (la bourse des actions technologiques) a affiché une différence de 15% entre le sommet et le creux de la vague. Toutes les actions n’ont cependant pas dévissé. Tandis que les investisseurs attendaient une réaction des banques centrales face au regain d’inflation, nombre d’entre eux ont arbitré leurs actions de croissance pour des actions cycliques (comme les bancaires, qui sont susceptibles de profiter des taux élevés).

Les bourses sous le choc

En janvier, les investisseurs étaient unanimes : l’inflation et la politique des banques centrales allaient être les thèmes majeurs de 2022. Une bonne prédiction, du moins jusqu’au 24 février, la date choisie par la Russie pour envahir l’Ukraine. Cette invasion militaire a provoqué une onde de choc sur les marchés. La volatilité a fortement augmenté et les investisseurs sont passés en mode ‘risk-off’. Toutes les bourses ont plongé et les investisseurs ont cherché refuge dans les abris classiques : les obligations souveraines, le dollar et l’or. Parallèlement, les prix de l’énergie et des matières premières ont flambé. Les bourses européennes ont très vite vu leurs gains de 2021 effacés par ce conflit, tandis que la réaction de Wall Street a été plus contenue. Les États-Unis sont en effet plus éloignés géographiquement du conflit et ne dépendent pratiquement pas de la Russie pour leur approvisionnement énergétique.

Combien de temps dure un mouvement de ventes massives ?

Face à un tel événement, il est logique que les bourses aient fait un pas en arrière. Mais ce repli sera-t-il suivi d’autres reculs ? Personne ne peut le prédire, mais on peut trouver des éclairages intéressants dans les données historiques. Ainsi, une analyse des 28 plus grands événements géopolitiques depuis 1939 révèle que la baisse du S&P 500 a duré 17 jours (médiane). Une période relativement courte donc, et aussi avec un impact relativement restreint (médiane de -6,3%). Le délai nécessaire pour récupérer ces pertes est d’une durée équivalente : 16 jours (médiane). En moyenne, le S&P 500 affichait une progression de +6,5% et +13% respectivement 3 mois et 12 mois après avoir atteint son point bas.

Événement géopolitique


Repli
(en nombre de jours)


Temps nécessaire pour récupérer les pertes
(en jours)
Pearl Harbor (1941)
17 201
Crise de Suez (1956)
17 131
Crise des missiles à Cuba (1962)
7 9
Assassinat de JFK (1963)
2 1
Guerre du Kippour / Embargo pétrolier (1973)
27 1.475
Première guerre du Golfe (1991)
50 87
11 septembre (2001)
6 15
Deuxième guerre du Golfe (2003)
7 16
Référendum sur le Brexit (2016)
14 9
Médiane des événements géopolitiques ci-dessus
(et de 19 autres événements depuis 1939)
17 16

Source : Deutsche Bank AG. Bloomberg Finance L.P. Mars 2022

Le contexte est crucial

Ces chiffres doivent toutefois être nuancés, car le paramètre décisif n’est pas l’événement géopolitique en lui-même, mais surtout le contexte économique sous-jacent. L’embargo pétrolier de 1973, qui a eu des conséquences économiques très négatives, a engendré la plus grande vague de ventes sur le S&P 500 et le rétablissement le plus lent du marché boursier depuis la Seconde Guerre mondiale. Les deux guerres du Golfe se sont pour leur part déroulées dans un contexte de redressement économique et ont été caractérisées par de fortes baisses, suivies de longs rallyes. On observe aussi des différences géographiques dans la reprise des marchés boursiers : le conflit en Ukraine se déroulant dans l’arrière-cour de l’Europe, on peut s’attendre à ce que ce continent mette davantage de temps à se rétablir.

Du conflit aux fondamentaux économiques

Ces dernières semaines, les cours ont fluctué au gré des informations en provenance d’Ukraine. Mais, même si le conflit se prolonge, les bourses se reconcentreront tôt ou tard sur les fondamentaux : la croissance économique, l’inflation, la politique des banques centrales et les résultats des entreprises. Or, cet environnement fondamental reste favorable aux actions, malgré l’ajustement à la baisse de la croissance économique. Nous pensons que les banques centrales procéderont avec prudence au resserrement de leur politique monétaire, et contribueront ainsi à soutenir les marchés.

Quid des actions ?

Quelles que soient les évolutions, l’inflation élevée aura encore longtemps pour conséquence d’entraîner des taux réels négatifs (perte de pouvoir d’achat). Or, les actions sont une solution à ce problème. Depuis toujours, investir en actions implique d’accepter une certaine volatilité, comme les investisseurs en ont à nouveau fait l’expérience ces derniers mois. Un horizon d’investissement suffisamment long reste essentiel pour absorber cette volatilité.

Quid des obligations ?

Les taux d’intérêt tendent à remonter, ce qui a un impact négatif sur la valorisation des obligations. En raison des incertitudes actuelles, le risque de crédit des obligations d’entreprises s’est légèrement accru. Les fondamentaux restent cependant positifs, et nous conservons un avis favorable à moyen terme. À court terme, l’inflation, les taux élevés et le conflit en Ukraine entraîneront toutefois incertitude et volatilité.

Quid du dollar ?

Alors que l’économie européenne était en passe de croître davantage que l’économie US cette année, les rôles se sont inversés. L’euro s’en trouve moins soutenu. Combinée à un repli vers le dollar comme valeur refuge, cette évolution nous a conduits à réviser notre prévision pour le taux de change EUR/USD de 1,20 à 1,15 d’ici mars 2023.

Comment (ne pas) ajuster votre portefeuille ?

Qu’il fasse grand soleil ou que les nuages sombres s’amoncellent à l’horizon, il est essentiel que vos investissements ne vous empêchent pas de dormir. Si les événements des derniers mois sont une source d’inquiétudes pour votre portefeuille, il y a toutes les chances que sa composition ne soit pas/plus conforme à votre profil d’investisseur (Financial ID).

Deutsche Bank vous conseille de rester investi, dans le cadre d’une approche cœur-satellite qui a fait ses preuves. Dans le contexte de marché actuel, votre cœur de portefeuille remplit sa mission : s’efforcer d’atténuer la volatilité de vos investissements et tenter de préserver votre tranquillité d’esprit. La partie ‘satellite’, qui est composée d’actions et met l’accent sur certains thèmes et secteurs, est par nature plus volatile. À notre avis, les thèmes qui recèlent le plus grand potentiel dans le contexte actuel sont la cybersécurité, la santé et la transition énergétique, qui devrait connaître un coup d’accélérateur suite au conflit en cours.

Pour être fructueuse à long terme, une stratégie d’investissement doit être suffisamment robuste pour résister aux grains passagers, mais aussi suffisamment flexible pour surfer sur la vague lorsque les marchés boursiers ont le vent en poupe. Voilà pourquoi nous restons convaincus du bien-fondé de l’approche cœur-satellite.

Les performances du passé ne constituent pas une garantie de rendement pour l’avenir. Toute décision d’investissement doit être basée sur le prospectus et sur les informations essentielles de l’investisseur, et être conforme à votre Financial ID.

Vous envisagez d’ajuster votre portefeuille ?

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