Les résultats trimestriels éclipsés par le ton plus restrictif des banques centrales

Marchés

Les résultats trimestriels éclipsés par le ton plus restrictif des banques centrales

17 février 2022 - Lu en 3 min. 

Rédigé par

Ivo Višić

Senior Investment Officer

En résumé :
  • Le virage vers une politique monétaire plus restrictive génère de la volatilité sur les marchés boursiers, qui sont pour la plupart dans le rouge depuis le début de l'année.
  • Les résultats du 4e trimestre 2021 sont jusqu'à présent meilleurs que prévu mais beaucoup moins spectaculaires que ceux des trimestres précédents.
  • Nous nous attendons à ce que la volatilité reste de mise pour l’instant et nous continuons à privilégier une stratégie hybride.

Le passage à une politique monétaire plus restrictive pèse sur les marchés d’actions

Après une excellente année 2021, les marchés boursiers mondiaux ont pris un mauvais départ en 2022, la plupart des grandes places financières ayant perdu du terrain depuis le début de l'année. Les ventes massives dans certains segments de marché ont entraîné de nouveaux pics de volatilité, parfois accompagnés de fluctuations extraordinaires au cours d'une même séance boursière.

Anticipation d’un cycle de hausse des taux plus rapide en 2022

L'attitude plus restrictive de plusieurs banques centrales face à une inflation tenace fait que les marchés anticipent un cycle de hausse des taux beaucoup plus rapide en 2022, surtout de la part de la Réserve fédérale (Fed). Par rapport à fin 2021, les marchés anticipent désormais deux hausses de taux supplémentaires de 25 points de base de la Fed en 2022 (cf. graphique 1). Conjugué à une remontée significative des taux d'intérêt réels, cette situation a affecté le sentiment général des investisseurs vis-à-vis du risque et également entraîné une baisse des valorisations boursières (= ratios cours/bénéfices). De plus, ce contexte a accéléré la rotation de style observée depuis le milieu du 4e trimestre 2021 (cf. graphique 2). Mais, si les principaux indices boursiers régionaux ont souffert d'une volatilité accrue, les régions avec une orientation cyclique/valeur prononcée ont toutefois mieux résisté en termes relatifs.

Anticipations de hausses de taux de la Fed
Evaluation du MSCI World Value

L’énergie et les financières dans le vert depuis le début de l’année

Au niveau sectoriel, les valeurs technologiques et à longue duration ont été particulièrement pénalisées par la hausse des taux d'intérêt réels. A l’inverse, l'énergie et les financières en ont le plus bénéficié et sont les seuls secteurs dans le vert depuis le début de l'année. La nette surperformance du secteur de l'énergie par rapport au marché dans son ensemble continue d'être soutenue par la hausse des prix de l'énergie, qui semblent poursuivre leur ascension ininterrompue dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes entre la Russie et l'Occident au sujet de l'Ukraine.

Les résultats trimestriels avaient généralement soutenu les marchés boursiers américains et européens l'année dernière, grâce à des surprises positives d’une ampleur historiquement élevée qui ont engendré des révisions à la hausse des bénéfices. Toutefois, les réactions du marché aux résultats très solides de la première moitié du 4e trimestre ont jusqu'à présent été assez modérées. En revanche, les résultats décevants ont été lourdement sanctionnés. Par ailleurs, il est intéressant de noter que les actions de croissance qui ont déçu les attentes du marché ont chuté plus fortement en moyenne que les actions de valeur. Ainsi, quatre actions incluant certaines grandes entreprises technologiques ont même chuté de plus de 20%, un chiffre jamais atteint depuis la "bulle Internet".

Meilleurs que prévu mais plus modestes que les trimestres précédents

La croissance des bénéfices aux États-Unis et en Europe est moins spectaculaire durant ce trimestre que lors des trimestres précédents, et ce en grande partie en raison d'une base de comparaison plus difficile. Les chiffres de croissance combinés, c’est-à-dire comprenant les résultats déjà publiés plus les chiffres attendus pour les entreprises qui doivent encore publier leurs résultats, font état d'une croissance bénéficiaire de 29,2% par rapport au 4e trimestre 2020 pour l’indice S&P 500, avec des revenus en hausse de 15%. Pour l’indice Stoxx Europe 600, la croissance des bénéfices est attendue en hausse de 56,2% par rapport au 4e trimestre 2020, les revenus progressant quant à eux de 19,4%.

Le secteur de l’industrie fait moins bien que prévu

En regardant les résultats du 4e trimestre plus en détails, on constate que le pourcentage d'entreprises ayant battu le consensus est toujours supérieur ou égal à la moyenne à long terme (S&P 500 : 76% / Stoxx Europe 600 : 59%) mais qu’il est néanmoins bien inférieur à celui des trimestres précédents (cf. graphique 3). Aux États-Unis, les surprises positives ont été généralisées, et incluent tant les méga-capitalisations de croissance et de technologie que les valeurs cycliques n’ayant pas souffert de la pandémie. En outre, seul un secteur du S&P 500 a jusqu’ici fait moins bien qu’anticipé, à savoir le secteur de l’industrie.

Pourcentage d'entreprises du S&P 500

Alors que les revenus ont eux aussi largement dépassé les attentes du marché, les surprises positives au niveau des marges sont cependant revenues à leur moyenne historique. Avec les perturbations continues des chaînes d'approvisionnement, une inflation nettement supérieure à l'objectif de la Fed et un marché de l’emploi américain historiquement tendu, l'évolution des marges bénéficiaires restera à n’en point douter suivie de très près par les investisseurs.

Précisons aussi pour terminer que, sur l’ensemble de l’année 2022, le consensus table sur une croissance des bénéfices de respectivement +8,8% et +7,5% pour l’indice S&P 500 et l’indice STOXX Europe 600. Il est par ailleurs encourageant de constater que le ratio entre les révisions positives et négatives des bénéfices a de nouveau augmenté en janvier, inversant ainsi la tendance amorcée l'été dernier.

Une stratégie hybride reste appropriée

L'attention du marché semble désormais se porter sur les changements des conditions économiques maintenant que certains pays commencent à considérer le Covid-19 comme endémique. En outre, avec le dépassement significatif de l'inflation, les principales banques centrales signalent un virage plus précoce vers une politique monétaire plus restrictive et les marchés s'attendent à des hausses de taux d'intérêt beaucoup plus rapides qu'auparavant. La volatilité devrait ainsi persister pour l'instant.

Pour faire face à cette volatilité de marché tout en essayant de saisir les opportunités qui se présenteront, nous continuons à privilégier des portefeuilles construits sur la base d’une approche cœur-satellite. Le cœur s’efforce d’assurer la robustesse et repose sur une allocation stratégique entre différentes classes d'actifs.

Dans la partie satellite, où nous recherchons ces opportunités supplémentaires, nous nous en tenons à notre stratégie hybride avec d’une part des valeurs de croissance de qualité et, d’autre part, des gagnants cycliques complétés par des actions de valeur. Bien que la saison des résultats actuelle démontre une nouvelle fois que les tendances structurelles et un excellent pouvoir de fixation des prix peuvent continuer à soutenir le camp de la croissance de qualité, nous pourrions observer une rotation supplémentaire vers les actions de valeur tant que les taux d'intérêt (réels) continueront à augmenter.

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1 Un ‘fonds’ est l’appellation commune pour désigner un organisme de placement collectif (OPC), qui peut exister sous le statut d’OPCVM (UCITS) ou d’OPCA (non-UCITS). Un OPC peut se composer de compartiments. Les fonds sont exposés à des risques. Leur valeur peut évoluer à la hausse comme à la baisse et il est possible que les investisseurs ne récupèrent pas le montant de leur investissement.

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