Rédigé par
David Ghezal
Investment Strategist
Le moins que l’on puisse dire est que les marchés financiers ont connu un début d’année très agité. Le développement majeur a sans conteste été le durcissement du ton de la Réserve fédérale (Fed) face à une inflation continue et persistante. Après la réunion de la Fed de janvier, les marchés ont d’ailleurs ajusté à la hausse leurs anticipations de resserrement monétaire : ils tablent désormais sur cinq hausses des taux directeurs US cette année, la première étant attendue dès le mois de mars. L’autre facteur principal qui a pesé sur le sentiment des investisseurs a été le contexte géopolitique incertain, avec la forte escalade des tensions entre la Russie et l’Occident au sujet de l’Ukraine.
Dans ce contexte, les résultats trimestriels en général meilleurs que prévu des deux côtés de l’Atlantique n’ont pas offert le soutien espéré aux marchés, d’autant que beaucoup d’entreprises se sont montrées prudentes dans leurs prévisions. Malgré leur sursaut en fin de mois, toutes les grandes régions ont fini en baisse.
Aux Etats-Unis, l’indice S&P 500 a cédé 5,3%, sa plus forte baisse mensuelle depuis mars 2020, tandis que l’indice Nasdaq à dominante technologique (-9%) a évité de peu le pire mois de janvier de son histoire. Si l’Europe a surperformé les Etats-Unis, l’indice Stoxx Europe 600 (-3,9%) n’en a pas moins signé son plus fort repli mensuel depuis octobre dernier. La bourse de Londres (+1,1%) a été l’une des seules à échapper à la morosité ambiante. De leur côté, les marchés émergents ont perdu un peu moins de 2%.
Le rouge a aussi été la couleur dominante sur les marchés obligataires. Les emprunts d’Etat ont souffert de la remontée des taux obligataires, l’évolution la plus emblématique étant sans doute le retour du taux allemand à 10 ans en territoire positif pour la première fois depuis mai 2019. A l’arrivée, les emprunts d’Etat de la zone euro ont lâché 1,1% et les bons du Trésor US 1,9%, leur plus fort recul depuis février 2021. Les catégories obligataires plus risquées ont aussi accusé le coup, les obligations d’entreprises de qualité et les obligations spéculatives cédant de 1,4% à 3%. Enfin, sur le marché des changes, on notera la bonne tenue du dollar qui, porté par le cycle de hausse de taux à venir de la Fed, s’est apprécié de 1,2% contre l’euro.
Nous restons positifs sur les actions qui continuent à proposer de meilleures perspectives de rendement que les obligations et le cash dans un environnement de remontée des taux obligataires et d’inflation plus élevée. Nous recommandons par conséquent de rester investi sur les marchés même s’il fait peu de doute que l’année financière 2022 ne sera pas une sinécure et qu’il faudra affronter une volatilité plus importante que l’an dernier. La hausse sensible des taux réels dans le sillage d’une Fed plus restrictive a largement participé à la faiblesse des marchés d’actions depuis le début de l’année. Mais, si l’évolution des taux d’intérêt risque encore d’apporter son lot de nervosité, le contexte de taux réels négatifs n’est selon nous pas près de disparaître. Cette « répression financière » devrait maintenir l’attrait relatif des actions en général et également contribuer au maintien des valorisations boursières à des niveaux élevés dans une perspective historique.
Par ailleurs, nous anticipons une poursuite de la croissance des bénéfices des entreprises sur fond de croissance mondiale toujours solide et d’atténuation attendue des perturbations des chaînes d’approvisionnement en cours d’année. La progression record des bénéfices enregistrée l’an dernier, soit plus de 50%, ne sera bien entendu pas rééditée cette année, mais une croissance bénéficiaire de l’ordre de 7% semble être une prévision atteignable et réaliste. Toutes les entreprises ne seront néanmoins pas en mesure d’y parvenir. A ce titre, la capacité des entreprises à fixer les prix et à défendre leurs marges dans un contexte d’inflation plus élevée qu’avant la crise sanitaire sera cruciale pour l’évolution des bénéfices futurs.
En termes de styles et de secteurs, nous voyons toujours des opportunités intéressantes à la fois dans les secteurs offrant une croissance de qualité et dans les segments de marché plus cycliques. Malgré des valorisations parfois tendues, le secteur technologique devrait continuer à profiter de l’essor de l’économie digitale et il recèle aussi beaucoup d’entreprises disposant d’un pouvoir de fixation des prix important. Les actions de valeur et les financières, surtout les banques, restent quant à elles bien positionnées pour bénéficier de taux plus élevés et de la reprise économique.
Enfin, nous restons d’avis que les thèmes d’investissement clés, comme par exemple la cybersécurité, l’intelligence artificielle, les soins de santé, les changements démographiques ou l’ESG au sens large, méritent toujours une place à part entière au sein d’un portefeuille bâti sur des fondations solides et judicieusement diversifié. Ces thèmes peuvent bien évidemment connaître des passages à vide en période de fortes turbulences boursières comme en ce début d’année. Ils gardent cependant toute leur pertinence : ils permettent aux investisseurs de positionner leur portefeuille pour capitaliser sur le potentiel de croissance structurel offert par ces changements socio-économiques profonds et de générer des performances supplémentaires à plus long terme.
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