Ces derniers mois, les bourses ont éprouvé des difficultés à choisir leur orientation. Après leur creux de juin, elles ont enregistré un rebond de 10%, alimenté par des résultats d’entreprises meilleurs que prévu au deuxième trimestre, une excellente tenue du marché de l’emploi aux États-Unis et (à cette époque) une inflation moins forte qu’anticipé. Ce redressement ponctuel ne s’est toutefois pas transformé en rétablissement complet et, depuis la mi-août, les bourses cèdent régulièrement du terrain. Avec le recul, la reprise de juin semble n’avoir été qu’un bear market rally : une embellie passagère dans un climat baissier généralisé.
L’inflation fait aujourd'hui partie de notre vocabulaire quotidien. Jamais Google n’a enregistré autant de recherches sur ce mot qu’en cette année. Certes, l’inflation n’est pas le seul paramètre à dicter l’orientation des bourses, mais c’est pour l’instant le facteur que les investisseurs surveillent avec le plus de crainte. Les marchés réagissent de manière épidermique à chaque publication des chiffres d’inflation. Pourquoi ? Parce que ces chiffres influencent considérablement la politique monétaire des banques centrales (et cette politique a elle-même un impact direct sur la croissance économique).
Ainsi, le S&P 500 et le Nasdaq ont plongé respectivement de 4 et de 5% suite à la publication, mi-septembre, de chiffres d’inflation US supérieurs aux prévisions. La baisse du prix de l’énergie et l’amélioration des chaînes d'approvisionnement auraient dû apporter un peu d’apaisement, mais cela ne s’est pas produit, car l’inflation a été dopée cette fois par la forte augmentation des salaires et par la hausse du prix des biens et des services. Dès la fin août, nous avions observé une pression baissière sur les bourses suite aux commentaires de Jerome Powell. Le président de la Fed avait en effet annoncé que, à la lumière de l’inflation galopante, une politique monétaire restrictive resterait la norme pendant un certain temps encore.
Certains comparent la situation actuelle – inflation et prix astronomiques de l’énergie – à la crise énergétique des années 70. Nous pensons cependant que cette comparaison n’est pas de mise, car nous estimons que les banques centrales ne hausseront jamais leurs taux directeurs au niveau de l’époque (largement plus de 10%). Alors qu’il n’est pas encore question de récession, nous estimons que les banques centrales continueront dans un premier temps à augmenter rapidement leurs taux, avant de cesser d’appuyer sur la pédale de frein. Aujourd'hui, cette marge de manœuvre existe encore.
Pour l’instant, le sentiment des investisseurs est largement sous zéro. Rares sont en effet les sources d’optimisme, avec l’inflation, l’augmentation des taux d’intérêt, le ralentissement de la croissance économique, la probable révision à la baisse des prévisions de bénéfices des entreprises, etc. Ces facteurs se conjuguent pour pousser fortement à la baisse les ratios cours/bénéfice en Europe (et dans une moindre mesure aux États-Unis). Jamais encore la sous-valorisation de la zone euro par rapport aux USA n’a été aussi grande. La crise énergétique, qui frappe surtout l’Europe, n’y est pas étrangère.
Le marché des actions a-t-il touché le fond ? Seul l’avenir nous le dira. Son évolution future dépend en effet de l’inflation, de la politique monétaire et de la croissance économique. Il est virtuellement impossible de prédire la direction que prendront les marchés à court terme. De notre point de vue, une poursuite du recul au quatrième trimestre pourrait être source de nouvelles opportunités d’achat. De nombreuses mauvaises nouvelles sont en effet déjà intégrées dans les cours.
Au demeurant, nous continuons à prévoir une légère récession aux États-Unis et dans la zone euro. Selon nous, le bénéfice par action devrait tenir nettement mieux le choc au cours des 12 prochains mois que lors des baisses conjoncturelles antérieures. Pourquoi ? Parce que la situation financière des ménages reste solide. Les bénéfices des grandes entreprises technologiques (dont la pondération est très importante dans les indices US) sont également assez stables. Pour les 12 prochains mois, nous anticipons un potentiel de hausse modéré sur la plupart des marchés d’actions des pays développés, et un rendement inférieur mais toujours positif pour les actions des pays émergents.
Parmi les classes d’actions, nous sommes surtout attentifs aux valeurs cycliques qui, spécifiquement dans la zone euro, sont meilleur marché que les valeurs défensives. Ici, nous pensons plus particulièrement au secteur financier. Ce secteur bénéficie de taux d’intérêt plus élevés et sa valorisation est actuellement attrayante, même s’il présente un risque baissier en cas de (forte) contraction économique.
Un autre domaine qui mérite notre attention est le secteur de soins de santé. Il n’est pas bon marché, mais sa croissance est stable, il repose fortement sur l’innovation et est moins volatil que la majorité des autres secteurs.
Enfin, nous continuons à miser sur la thématique à long terme qu’est la technologie. L’augmentation des taux a déjà eu un impact considérable sur les cours, mais il dispose d’un potentiel de croissance structurel et ses bénéfices sont résilients.
En moins d’un an, les rendements ont considérablement augmenté dans tous les segments obligataires. En août, cette hausse a même atteint 92 points de base sur les emprunts d’État allemands à deux ans, soit la plus forte augmentation mensuelle depuis 1981. Les rendements proposés sont donc redevenus attrayants en termes nominaux.
Eu égard aux incertitudes économiques et aux prévisions de ralentissement de la croissance, notre préférence va aux obligations de qualité, telles que les bons du Trésor américains. Les obligations d’entreprises Investment Grade avec un bon rating peuvent également être envisagées. En revanche, nous restons à l’écart des obligations spéculatives pour le moment, en raison du risque accru de défaut de paiement.
Selon nous, un recul supplémentaire au 4e trimestre pourrait créer de nouvelles opportunités d’achat.
Les rendements sur les marchés obligataires sont revenus à des niveaux attractifs, notre préférence va aux obligations de qualité.
Le contexte d’investissement actuel est particulièrement difficile. Les actions et les obligations sont sous pression et, malgré les augmentations des taux, les obligations ne génèrent pas - encore - de rendement réel positif. C’est donc surtout de l’exposition aux actions que devrait venir le rendement additionnel potentiel à long terme, à condition d’appliquer une approche réfléchie et de posséder un portefeuille bien structuré. Dans un tel contexte, l'approche cœur-satellites conserve nos faveurs.
Dans cette approche, le cœur de portefeuille (la majorité des actifs) se compose d’actions et d’obligations de qualité. Il s’efforce d’apporter de la robustesse et d’atténuer la volatilité de marché. Les satellites sont des investissements dont le rendement potentiel est supérieur, mais qui présentent également des risques plus élevés. Nous pensons ici aux mégatendances alimentées par l’évolution démographique, les progrès technologiques et/ou le développement durable. Parmi ces satellites, citons par exemple les investissements liés au changement climatique, la cybersécurité ou encore les infrastructures.
Une dernière réflexion : dans le climat actuel, dominé par l’incertitude, la tentation existe de vendre impulsivement lors de brusques décrochages des cours. Retenez cependant que ni les infos du jour ni la nervosité des autres investisseurs ne sont bonnes conseillères. Autrement dit, gardez le cap, restez fidèle à vos objectifs à long terme et restez investi. N’essayez pas de deviner l’évolution des marchés à court terme (personne n’en est capable, pas même les professionnels) et mettez à profit les fortes baisses pour renforcer le cœur ou les satellites de votre portefeuille.
2 septembre 2022
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