Marchés

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Vos investissements à quelques jours des élections américaines

Vos investissements à quelques jours des élections américaines

27 octobre 2020 - Lu en 5 min 30

Rédigé par

Wim D'Haese
Head Investment Strategist

En résumé :
  • Une discussion entre experts du paysage politique aux Etats-Unis et des marchés financiers.
  • Que disent les marchés à quelques jours de la fin de la campagne ?
  • Devez-vous adapter votre stratégie d’investissement ?

Qui est John Emerson ?

  • Ancien ambassadeur des États-Unis en Allemagne.
  • Président de l’American Council en Allemagne.
  • Vice-Président de Capital Group International.

Qui est Frank Kelly ?

  • Responsable des affaires publiques et gouvernementales de Deutsche Bank à Washington.
  • Membre du conseil d'administration du Conseil de l’Atlantique des États-Unis.
  • Ancien porte-parole en chef du gendarme boursier américain (Securities and Exchange Commission).

Qui est Deepak Puri ?

  • CIO de Deutsche Bank aux États-Unis.

Les derniers jours de campagne

Ce n’est une surprise pour personne : cette longue campagne présidentielle américaine se sera déroulée dans un contexte jamais vu jusqu’ici. De la pandémie et la crise économique qui en découle, aux batailles à la Cour Suprême, en passant par les électeurs ayant plus massivement que jamais exprimé leur vote anticipativement : la campagne semble avoir déjà livré ses rebondissements.

Toutefois, nos 3 experts s’accordent sur 3 éléments qui vont animer les derniers jours de la course à la présidence. Le premier point, ce sont les sondages. S’ils sont actuellement favorables à Joe Biden, nos experts préfèrent les ignorer. En effet, selon le processus électoral américain, ce n’est pas le candidat qui a la plus grande popularité qui gagne les élections, mais bien celui qui arrive à obtenir les votes d’au moins 270 grands électeurs. Comme nous vous l’expliquions dans cet article, il est possible qu’un candidat soit élu avec nettement moins de voix que son adversaire.

Ensuite, à candidats très différents, campagnes très différentes. MM. Biden et Trump ont deux approches bien éloignées l’une de l’autre pour convaincre les électeurs. La campagne de Biden peut se définir comme un référendum sur la présidence de Trump et surtout sa façon de gérer la crise du coronavirus. Dans ce contexte, chaque jour lors duquel la pandémie fait l’actualité est une bonne journée pour Biden. En face, le président Trump demande à ses concitoyens de choisir entre deux personnes aux profils différents. Trump se présente donc lui-même comme la bonne personne pour reconstruire l’économie, face à Biden qui représente les valeurs de gauche, à l’instar de Bernie Sanders et Elizabeth Warren. Les prochains jours révèleront l’approche gagnante.

Et enfin, le vote par correspondance sera certainement la pierre d’achoppement de ces élections. Plus de 60% des électeurs américains devraient voter à distance et cette procédure est propice aux batailles juridiques dans le but d‘invalider des résultats défavorables pour l’un ou l’autre candidat. Si cela se produit, cette incertitude amènera de la volatilité sur les marchés. Ces turbulences devraient toutefois se résoudre vers la mi-décembre au moment où les grands électeurs voteront pour désigner le président.

Comment positionner son portefeuille dans ce contexte électoral ?

Comme le dit Deepak Puri : « Ne laissez pas la politique entrer dans votre stratégie de gestion de portefeuille ». Lors d’une année d’élection, il ne faut certainement pas réagir sous le coup de l’émotion. Le lendemain des élections de 2016 et de la victoire de Trump, le Dow Jones a perdu 600 points. Il les a récupérés en 5 jours et, 4 ans plus tard, le marché boursier a progressé de 75%. Vendre le jour des élections pour limiter les risques n’aurait donc pas été une stratégie payante.

L’avis de nos experts est unanime : il faut se positionner selon ce que l’on sait du marché. Et aujourd’hui nous avons 3 certitudes :

  1. La Fed a créé un environnement propice aux actions grâce à la faiblesse des taux.
  2. Selon les perspectives, la récession aux États-Unis devrait être terminée à la fin du 3e ou 4e trimestre et, si c’est effectivement le cas, nous sommes à l’aube d’un nouveau cycle économique.
  3. Les résultats des entreprises s’améliorent.


La conclusion est qu’il vaut mieux se concentrer sur des données économiques tangibles que d’essayer d’anticiper le résultat des élections et la réaction des marchés à leur issue. Gardons en tête que les contestations possibles testeront la patience des investisseurs, mais peu importe ce qu’il se passe, à un moment, un président sera élu.

Au niveau des portefeuilles types, il faut distinguer deux parties.

  • La partie principale, qui est gérée selon les objectifs et horizons d’investissement personnels dans laquelle il n’y a pas de raison (électorale) de faire de modifications.
  • Ensuite une autre partie qui représente 15 à 20% du capital, plus orientée vers des secteurs et industries spécifiques et qui pourrait être impactée à court terme par le résultat des élections et les politiques qui en découleront.

Que disent les marchés au sujet de la présidence ?

Au-delà du constat historique qu’une récession et un marché baissier lors d’une année électorale font perdre le parti au pouvoir, 4 autres indicateurs observés sur les 3 derniers mois donnent le ton.

Tout d’abord le marché d’actions avec le S&P 500 : sa progression proche de 5% depuis le 3 octobre suggère que le président Trump a une chance décente de gagner les élections. Les 3 autres indicateurs, à savoir une légère hausse des taux d’intérêt, la volatilité (VIX Index) en hausse et le cours du dollar en baisse suggèrent eux le contraire.

En regardant ces 6 grands baromètres, 5 d’entre eux font pencher la balance du côté de Biden.

Qu’attendre des marchés après les élections ?

À nouveau, l’histoire montre que les marchés performent généralement bien entre l’élection présidentielle et l’investiture en janvier sauf si, comme mentionné plus haut, le résultat est contesté. Dans ce cas, une correction pourrait se produire. Lors de l’épisode «Bush-Gore » de 2000, celle-ci fut de 5%, mais dans ce cas-ci elle pourrait être plus sévère vu la pandémie que nous connaissons. Dans les 6 à 12 mois qui suivent les élections, les marchés d’actions sont généralement en hausse, peu importe le gagnant. Une victoire de Trump pourrait cependant donner lieu à une meilleure performance boursière.

Les marchés sont-ils finalement décorrélés de la politique ?

Les marchés d’actions se comportent de façon indépendante du parti au pouvoir et des politiques en cours. Ils devraient effectivement être plus sensibles à la découverte d’un vaccin contre le coronavirus, aux politiques de la Fed, mais aussi au fonctionnement des entreprises dans ce que sera le monde à la sortie de cette crise sanitaire.

Par ailleurs, historiquement, les marchés préfèrent un Congrès divisé plutôt qu’un pouvoir absolu. Si une vague bleue devait effectivement déferler sur le Congrès, l’impact sur les marchés ne serait visible qu’à partir de 2022 et 2023, le temps que les politiques se mettent en place, comme l’augmentation de la taxe sur les entreprises par exemple. L’investisseur doit garder à l’esprit qu’il dispose de temps pour s’adapter.

Les perspectives incitent-elles à prendre plus de risques aujourd’hui ?

Selon Deepak Puri, l’investisseur doit rester prudent. Malgré l’argumentation que les marchés boursiers devraient bien se comporter, aidés par les mesures de la Fed et les résultats des entreprises, créant un climat favorable pour les actifs risqués, et spécialement les actions, il s’agit d’une tendance à long terme. Cependant, durant les 4 à 6 prochaines semaines, la nervosité devrait être présente sur les marchés, surtout en cas de contestation des résultats de l’élection.

Quant au dollar américain, il faut garder à l’esprit que l’évolution d’une devise dépend tout d’abord de l’offre et de la demande. La demande pour le dollar américain reste élevée face à d’autres devises majeures, même si la politique ou les stimuli fiscaux amènent à plus de dépenses. Donc les perspectives à long terme penchent plutôt vers un dollar fort. Si on se réfère à d’autres modèles de prédictions basé sur les différentiels de taux, celles-ci ne sont pas suffisamment importantes pour avoir un impact sur le cours de change. Ce qui devrait déterminer le changement de tendance, c’est la sortie de la crise et les mesures prises par les autres grandes économies. Le dollar faible que l’on connaît actuellement n’est pas une direction durable.

Votre portefeuille est-il toujours adapté à la situation économique ?


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