Marchés

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Que nous réserve la saison des résultats US du 3e trimestre ?

Que nous réserve la saison des résultats US du 3e trimestre ?

20 octobre 2020 - Lu en 3 min 30

Rédigé par

David Ghezal
Investment Strategist

En résumé
  • Alors que l’élection présidentielle américaine approche à grands pas, la publication des résultats des sociétés américaines pour le 3e trimestre a également commencé à focaliser davantage l’attention des investisseurs.
  • Il serait surprenant que les très bons résultats de sociétés attendus pour le 3e trimestre outre-Atlantique fassent à eux seuls office de catalyseur aussi positif pour les marchés boursiers que ce fut le cas pour le 2e trimestre.

Commençons d’abord par un petit retour en arrière, mais qui a son importance. Au 2e trimestre, pas moins de 85% des sociétés du S&P 500 avaient battu les prévisions de bénéfices des analystes. L’ampleur des surprises positives avait aussi été sans précédent, les bénéfices ayant finalement été en moyenne 20% supérieurs aux attentes.

Cette situation a entraîné de fortes révisions à la hausse des estimations futures et a aussi été à la base de l'un des plus puissants rallyes boursiers observés pendant une saison de résultats (+10,9%). Si le consensus de marché table sur un redressement des bénéfices des sociétés au 3e trimestre, il nous semble a priori rester plutôt conservateur par rapport à la reprise marquée de l’activité économique pendant l’été. Nous pourrions donc assister cette fois encore à de très larges surprises positives par rapport aux attentes. Mais de là à dire que les marchés boursiers réagiront de façon aussi importante cette fois-ci…

Les bénéfices commencent à remonter la pente

Le 3e trimestre 2020 devrait coïncider avec le début d'un rebond séquentiel des bénéfices aux Etats-Unis. Le consensus de marché s’attend en effet à ce que la croissance des bénéfices du S&P 500 passe de -32,6% en glissement annuel au 2e trimestre, qui fut la pire depuis la période 2008-2009, à -18,6% en rythme annuel au 3e trimestre.

Au niveau sectoriel, les secteurs cycliques devraient continuer à enregistrer une croissance largement négative et être encore à l’origine de la quasi-totalité du recul des bénéfices du S&P 500 par rapport à l’an dernier.

De leur côté, les bénéfices des secteurs défensifs ne devraient que légèrement diminuer tandis que ceux des méga-capitalisations de croissance et des actions technologiques devraient même pour leur part enregistrer une progression modérée. L’amélioration devrait se poursuivre au 4e trimestre 2020 (-13% sur un an) mais le retour à une croissance bénéficiaire positive pour l’ensemble du S&P 500 n’est pas anticipé avant l’année prochaine.

Le consensus de marché sous-estime-t-il à nouveau le rebond des bénéfices ?

Le rebond des estimations de bénéfices par rapport au 2e trimestre s'explique pour l’essentiel par la baisse des provisions pour risque de crédit dans le secteur financier et par la diminution des pertes dans le secteur de l'énergie. Les provisions pour risque de crédit, qui sont souvent des sommes forfaitaires et constituées en début de période, devraient ainsi baisser de 53 milliards de dollars au 2e trimestre à 22 milliards de dollars au 3e trimestre. La remontée des prix du pétrole, de 28 dollars en moyenne au 2e trimestre à 40 dollars en moyenne au 3e trimestre, devrait pour sa part contribuer à limiter les pertes du secteur de l'énergie.

En revanche, la croissance bénéficiaire excluant l'impact lié à ces deux secteurs ne devrait selon les analystes que très peu augmenter au 3e trimestre, et passer de -15% à -13%. Pourtant, les données macroéconomiques parues pendant cette période ont généralement surpris à la hausse. Elles ont à leur tour conduit à une augmentation régulière des estimations de croissance du PIB pour le 3e trimestre qui s'élèvent maintenant à +29% en rythme annualisé, contre un plongeon historique de -31,4% au 2e trimestre. Comme, dans le même temps, les prévisions de bénéfices des analystes ont augmenté dans une bien moindre mesure que les estimations du PIB, ce décalage laisse augurer de résultats trimestriels meilleurs que prévu. Cela devrait notamment être le cas dans des secteurs ayant l’habitude de battre les attentes, comme la technologie et les soins de santé, ainsi que dans des secteurs ayant profité du rebond de l’économie comme l’industrie ou ceux liés à la consommation.

Des bénéfices trimestriels solides vont-ils l'emporter sur l'incertitude ambiante ?

Une saison de résultats robuste devrait a priori être favorable pour les marchés d’actions. Ceci dit, l’impact devrait être moins fort qu’au trimestre précédent étant donné que le positionnement en actions des investisseurs est à présent devenu plus neutre qu’il y a 3 mois lorsque les investisseurs étaient fortement sous-pondérés.

Ensuite, le contexte général de marché est également différent aujourd’hui. La saison de résultats est cette fois-ci à cheval avec la période précédant les élections américaines et une volatilité de marché prolongée est anticipée autour de cet événement, a fortiori en cas de résultat contesté.

De plus, l’impasse autour d’un nouveau plan d’aide à l’économie US, indispensable pour stimuler davantage la reprise en cours, n’est toujours pas réglée. Enfin, les investisseurs doivent aussi composer avec le rebond de la courbe épidémique et les nouvelles restrictions qui l’accompagnent un peu partout. Il serait donc surprenant que les très bons résultats de sociétés attendus pour le 3e trimestre outre-Atlantique fassent à eux seuls office de catalyseur aussi positif pour les marchés boursiers que ce fut le cas pour le 2e trimestre.

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