Rédigé par
Wim D'Haese & David Ghezal
Head Investment Strategist - Investment Strategist
En résumé
L'investissement ESG a depuis longtemps dépassé le statut de tendance éphémère. Ce qui a commencé en 2004 avec Kofi Annan qui réunissait autour de la table des Nations unies une cinquantaine de PDG de grandes banques, est devenu aujourd'hui un marché de 40.000 milliards de dollars1. Cela représente déjà 36% des actifs mondiaux sous gestion2.
L'ESG contient une série de critères qui ne font traditionnellement pas partie de l'analyse financière en tant que telle, mais qui peuvent avoir une importance financière. ESG est l'abréviation utilisée pour définir ces critères environnementaux, sociaux et de gouvernance d'entreprise. Aujourd’hui, cela signifie qu’une entreprise peut encore réaliser de plantureux bénéfices, mais que si elle déverse des déchets à la mer, maltraite ses employés ou ne respecte pas votre vie privée, le boomerang lui reviendra un jour en pleine figure et affectera son chiffre d'affaires.
En tant qu'investisseur, il est donc conseillé de tenir compte non seulement des aspects de risque et de rendement d’un placement, mais aussi de ces facteurs ESG. Les entreprises qui font des efforts pour économiser ou verdir l'énergie, qui s'inquiètent de la santé de leurs différentes parties prenantes (leurs ‘stakeholders’) et qui paient correctement leurs impôts courent moins de risques d'être mêlées à des scandales. En outre, leur "bonne conduite" leur permet également de se constituer un avantage concurrentiel, par exemple en augmentant leur attrait auprès des consommateurs.
Au départ, les investisseurs ont été lents à adopter les critères ESG. La raison principale ? Des doutes quant au rendement des investissements ESG par rapport aux investissements classiques. L'année 2015 a été un moment charnière à cet égard. C'est cette année-là qu'a été publiée la première grande étude globale prouvant la relation entre le respect des critères ESG et les performances financières. Les résultats ont montré que dans 92% des plus de 2.200 cas examinés, les investissements ESG faisaient au moins aussi bien que les investissements classiques3.
L'investissement ESG n'est donc pas un phénomène de mode, mais une question de bonne gestion des risques, voire de nécessité. En investissant votre argent de manière durable, vous fermez non seulement le robinet des financements aux entreprises qui ne prennent pas l’humain, la société et/ou l'environnement très au sérieux. Dans le même temps, vous donnez un coup de pouce à la transition durable de notre économie. Sans que cela ne doive vous coûter du rendement.
1. Énergies renouvelables
La consommation d'énergie est aujourd'hui responsable de 73,2% des émissions de gaz à effet de serre4. De plus, la planète compte de plus en plus d’habitants qui consomment toujours plus d'énergie : selon l'AIE (Agence internationale de l'énergie), la demande en énergie augmente de 1 à 2% par an5. Dans le même temps, le gaz naturel, le pétrole et le charbon représentent toujours 81% de la production énergétique mondiale6.
2. Climat
La lutte contre le changement climatique est non seulement essentielle sur le plan écologique, mais aussi sur le plan économique. Utiliser moins de matières premières et développer l’efficience énergétique est non seulement bon pour l'environnement, mais permet également de réaliser des économies. En outre, les consommateurs obligent de plus en plus les entreprises à développer des alternatives respectueuses de l'environnement. Selon l'ONU, plus de 60.000 milliards de dollars d'investissements seront nécessaires pour rendre notre planète neutre sur le plan climatique7.
3. Agriculture durable
L'agriculture et l'élevage sont responsables d'une part importante des émissions de gaz à effet de serre. Les techniques agricoles actuelles ont un impact important non négligeable sur notre planète. La qualité des sols se dégrade et la biodiversité est sous pression. Pourtant, il existe des alternatives, comme l’agroécologie. Il s’agit d’une approche grâce à laquelle l'agriculture est intégrée dans l'écosystème local et qui permet à la nature de rétablir son équilibre. Si l’agroécologie est à ce point meilleure, pourquoi les agriculteurs n’y recourent-ils pas en masse ? Les raisons sont multiples : frilosité, manque de connaissances et de bons exemples, manque de capitaux pour des investissements indispensables, sans compter la crainte d’une réduction des volumes et donc des revenus. Dans ce domaine aussi, vous pouvez contribuer au financement de ces initiatives.
4. Impact sur la société
Avec vos investissements, vous pouvez également créer un impact social concret et positif. Par exemple, en investissant, vous pouvez aider des entrepreneurs débutants à se reconnecter avec le marché du travail et créer des emplois, ici en Belgique.
Environnement
Un environnement sain est littéralement vital. Le changement climatique entraîne des conditions météorologiques plus extrêmes et des coûts liés à l'augmentation des températures et à la montée du niveau des mers. L'augmentation des températures fait baisser la productivité. Le changement climatique entraîne également une fuite des capitaux vers des investissements moins "productifs", tels que la construction de digues. La facture du changement climatique s'élève déjà à 1% du PIB mondial aujourd'hui8. Si rien ne change, elle atteindra 2% en 2050 et même 10% en 2100. Aujourd'hui, 10% de la population mondiale vit sous le niveau de la mer. Si rien n'est fait, 2 milliards de personnes risquent de devoir déménager d'ici 21009.
Social
Les facteurs humains et sociaux sont cruciaux pour l'économie et le bien-être de la société dans son ensemble. Pensons, entre autres, à l’amélioration des conditions de travail, au respect des droits de l'homme, à l’interdiction du travail des enfants, à l'accès à l’éducation, à la protection des consommateurs et à la sécurité des données. Alors que les entreprises communiquent de plus en plus ouvertement sur leur empreinte environnementale, la communication de leur empreinte sociale n'en est qu'à ses débuts. Les investisseurs, eux aussi, voient souvent le "E" comme une opportunité et le "S" et le "G" comme des risques à couvrir. Nous ne voyons pas toujours clairement les dynamiques combinées et les rendements potentiels que ces forces peuvent produire ensemble.
Gouvernance
La gouvernance (ou bonne gouvernance d'entreprise) fait référence au système de règles, de politiques et de processus par lesquels une organisation est gérée et contrôlée. Une bonne gouvernance d'entreprise et une bonne gestion des risques sont essentielles pour relever également les défis environnementaux et sociaux. Quelle est la politique de lobbying ? Qu’en est-il de la diversité au sein de l’entreprise ? Quel est le degré de transparence en matière comptable ? Quelles sont les mesures mises en place pour lutter contre la corruption ? Quelle est l'importance de l'écart de rémunération entre le management, les employés et les ouvriers ? Toutes ces questions ont trait au G dans ESG.
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1 Source : www.opimas.com/research/570/detail/
3 Source : Friede G., Bush T. & Bassen A. – « ESG et performance financière : preuves agrégées de plus de 2.000 études empiriques » - 2015
4 Source : www.ourworldindata.org/ghg-emissions-by-sector
5 Source : www.gapminder.org/upgrader/q7/
6 Source : www.iea.org/weo/
7 Source : www.unepfi.org/climate-change/climate-change/
8 Source : www.bloomberg.com/graphics/2020-global-economic-and-climate-change-forecast-2050/
9 Source : www.sciencedaily.com/releases/2017/06/170626105746.htm
