Le temps d’une pause est-il venu pour les bourses ?

Marchés

Le temps d’une pause est-il venu pour les bourses ?

06 avril 2021 - Lu en 3 min

Rédigé par

David Ghezal
Investment Strategist

En résumé
  • Les marchés boursiers ont dans l’ensemble peu réagi aux résultats trimestriels robustes publiés par les entreprises des deux côtés de l’Atlantique, leurs attentes à cet égard étant déjà très élevées ;
  • Les signes d’un rebond économique plus net devraient se concrétiser à l’approche de l’été avec la réouverture de nombreuses économies ;
  • Du côté obligataire, les obligations émergentes en dollars, incluant à la fois les émetteurs souverains et privés, constituent le compromis le plus intéressant.

De nouveaux sommets pour les principaux indices boursiers

L’appétit pour le risque est resté au rendez-vous en avril malgré les craintes liées à l’accélération des cas globaux de coronavirus. Le sentiment des investisseurs a été soutenu par la poursuite de la reprise économique, de nombreux indicateurs montrant une croissance robuste, ainsi que par l’assurance renouvelée de la Réserve fédérale (Fed) qu’elle n’était pas pressée de réduire son stimulus monétaire. Les nouveaux plans d’aide de l’administration Biden ont également été bien accueillis. En revanche, les marchés boursiers ont dans l’ensemble peu réagi aux résultats trimestriels robustes publiés par les entreprises des deux côtés de l’Atlantique, leurs attentes à cet égard étant déjà très élevées.

Dans ce contexte, les principaux indices boursiers ont atteint de nouveaux sommets. Aux Etats-Unis, Wall Street a profité du regain de forme des valeurs technologiques pour engranger de solides gains (indice S&P 500 + 5,2%, indice Nasdaq Composite + 5,4%). En Europe, l’indice Stoxx Europe 600 a également fini en hausse (+1,8%), les bourses de Paris et de Londres se mettant le plus en exergue, tandis que les marchés émergents ont aussi repris des couleurs (indice MSCI EM + 2,4%). Du côté obligataire, les emprunts d’Etat ont connu des fortunes diverses. Les bons du Trésor US (+0,7%) ont mis à profit la plus forte détente des taux obligataires US depuis juillet dernier pour mettre fin à 4 mois consécutifs de baisse. A contrario, les emprunts d’Etat de la zone euro (-1,1%) ont cédé du terrain sur un large front. On soulignera aussi la nouvelle progression des obligations spéculatives (+1,1%) et le rebond de la dette émergente en dollars (+1,5%). Enfin, le mois écoulé aura été marqué par une hausse uniforme des cours des matières premières, y compris de celui de l’or (+3,6%) après un 1er trimestre à oublier.

Un portefeuille robuste pour faire face aux vents contraires potentiels

Après leur très bonne entame d’année et les niveaux élevés atteints par les indices boursiers, nous voyons peu de catalyseurs positifs susceptibles d’alimenter une poursuite du mouvement haussier sur les bourses à court terme. De plus, la probabilité d’une correction a également augmenté, ce qui souligne l'importance d'un portefeuille robuste qui peut faire face à des vents contraires potentiels. Cela étant, les actions restent incontournables et nous réitérons notre avis positif sur la classe d’actifs à moyen terme. La situation fondamentale reste favorable car la dynamique des bénéfices continue de s’améliorer dans toutes les régions. Alors que la reprise est déjà bien sur les rails aux Etats-Unis et en Chine, les signes d’un rebond économique plus net devraient se concrétiser à l’approche de l’été avec la réouverture de nombreuses économies. Les importantes mesures de relance US supplémentaires, ainsi que de la libération de la demande refoulée et d’une partie de l’épargne excédentaire des ménages devraient également exercer un impact positif sur la croissance.

Le contexte de répression financière reste d’actualité

Enfin, nous nous attendons à ce que les grandes banques centrales restent au chevet de l’économie en maintenant encore pendant un certain temps leurs politiques de taux ultra-bas et d’achats d’obligations massifs, synonymes de répression financière (= contexte taux d’intérêt réels négatifs). Cette situation devrait continuer à faire le jeu des actions et aussi contribuer au maintien des valorisations boursières (= rapport cours/bénéfices) à des niveaux élevés. Nous restons fidèles à notre stratégie hybride (« barbell strategy ») qui a jusqu’à présent porté ses fruits. Elle comprend d’un côté des valeurs cycliques et financières susceptibles de bénéficier le plus du redémarrage de l’activité et, de l’autre côté, des gagnants structurels de la crise sanitaire offrant une croissance de qualité (technologie surtout).

Pour espérer obtenir un rendement acceptable, il faut prendre certains risques

Les opportunités ne sont pas légion sur les marchés obligataires. Les emprunts d’Etat de qualité ne sont pas une piste intéressante dans un contexte marqué par le retour de la croissance et de craintes d’accélération de l’inflation. De plus, malgré la remontée des taux obligataires aux États-Unis et en zone euro depuis le début de l’année, les taux d’intérêt réels sont toujours négatifs. De fait, il reste plus difficile que jamais d'obtenir des rendements supérieurs à l'inflation pour les investisseurs obligataires, a fortiori dans la zone euro.


Par conséquent, l’obtention d’un rendement acceptable et positif nécessite toujours de grimper sur l’échelle des risques. Les obligations d’entreprises bénéficient certes de fondamentaux positifs et offrent certaines possibilités, mais il faut veiller à un bon équilibre entre qualité du crédit et risque de duration. Cela dit, selon nous, ce sont toujours les obligations émergentes en dollars, incluant à la fois les émetteurs souverains et privés, qui constituent le compromis le plus intéressant. Le contexte macroéconomique global (reprise de l’activité, fermeté du prix des matières premières) leur reste favorable et elles offrent le meilleur rapport rendement/risque.

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