Que retenir de ce début d’année sur les marchés financiers ?

Marchés & Investissements - 7 mars 2023

Que retenir de ce début d’année sur les marchés financiers ?

Rédigé par Wim D'Haese - Head Investment Strategist

En résumé :
  • Les marchés ont démarré l'année 2023 sur une note optimiste, mais ils se sont heurtés à une inflation tenace et à un marché du travail solide en février.
  • Les obligations ont chuté et les actions ont enregistré des performances contrastées selon les régions. Les actions européennes se sont bien comportées, tandis que les marchés émergents ont battu en retraite.
  • Les obligations d'entreprises de qualité restent attrayantes. Pour les actions, l'Europe et les marchés émergents sont actuellement préférés aux Etats-Unis.

Les marchés ont entamé l'année 2023 de façon tonitruante. La Chine a rouvert son économie après plusieurs années de politique zéro-Covid, ce qui a suffi aux investisseurs pour considérer le verre à moitié plein. Cependant, l’ambiance festive s’est terminée plus tôt que prévu. En février, le rallye a perdu de sa vigueur et s'est même inversé. Ce changement de tendance s’explique par les chiffres macroéconomiques. D’une part, l'inflation s'est montrée plus tenace que prévu et, d’autre part, le marché du travail s'est également avéré être toujours en pleine forme. Les investisseurs ont été contraints de tempérer leur optimisme et le spectre de taux directeurs encore plus élevés et d'une période encore plus longue de taux d'intérêt élevés a refait surface. Seuls les investisseurs en actions européennes ne se sont pas laisser perturber en février.

Performance des marchés financiers en février

Le mois de février s’est soldé par des pertes pour les marchés boursiers et obligataires. Cela dit, tout n'a pas été sombre. Un premier point positif est que les pertes de février ont en général été plus limitées que les gains de janvier. Deuxièmement, les actions européennes se sont beaucoup mieux comportées que celles des autres régions. Enfin, troisième point positif, le dollar s'est redressé (+2,5% par rapport à l'euro) après avoir cédé beaucoup de terrain depuis octobre dernier.

Obligations : de la cinquième vitesse à la marche arrière

Les obligations ont connu un mois de février difficile, l'indice Bloomberg Global Aggregate Bond1 enregistrant son plus fort recul mensuel depuis sa création en 1990 (après avoir connu sa plus forte hausse en janvier). Les hausses respectives de 39 et 36 points de base des taux à 10 ans aux États-Unis et dans la zone euro ont eu un impact marqué sur la performance des emprunts d’Etat. Les bons du Trésor américains et les emprunts d’Etat de la zone euro ont tous deux perdu -2,3%. Les obligations d'entreprises ont réussi à limiter un peu plus les dégâts : les obligations Investment Grade en euros ont perdu -1,5%, et les obligations spéculatives en dollars -1,3%.

Actions : l'Europe surperforme

La performance des actions a été très variable selon les régions. Aux Etats-Unis, le S&P 500 a perdu -2,6% et le Nasdaq -1,1%. Les dégâts ont été plus importants pour les marchés émergents : l'indice MSCI Emerging Markets a cédé -6,5%, ce qui a ramené son gain depuis le début de l’année à 0,8%. En revanche, les nouvelles ont été meilleures en Europe. Le STOXX Europe 600 a progressé de 1,7% et le DAX de 1,6%. Ainsi, à fin février, la progression annuelle du STOXX Europe 600 était de 8,5% et celle du DAX de 10,4%.

Matières premières : le gaz naturel bradé

Du côté des matières premières, c’est surtout la dégringolade des prix du gaz en Europe (-18,6%) qui a marqué les esprits. Les prix sont même revenus à leur faible bas niveau depuis un an et demi, soit plus bas qu'avant l'invasion russe en Ukraine. Si la baisse du prix du pétrole a été beaucoup plus modeste (-0,7% pour baril de Brent), l'or a cependant été mis davantage sous pression, avec une baisse de -5,3%.

Bonnes nouvelles = mauvaises nouvelles

L'humeur des marchés a changé début février lorsque les investisseurs ont pris connaissance du rapport sur l'emploi aux États-Unis. Celui-ci a fait état de 517.000 créations d’emplois en janvier (hors secteur agricole), soit la plus forte hausse depuis six mois. En outre, le taux de chômage a encore baissé pour atteindre un plancher historique de 3,4%.

Cette bonne nouvelle a été mal accueillie par les investisseurs. Cela peut sembler a priori absurde mais le raisonnement est le suivant : plus les gens gagnent de l'argent, plus ils peuvent dépenser, et plus cela fait augmenter l'inflation. Qui plus est, les chiffres de l'inflation ont aussi été plus élevés que prévu. Ces nouvelles ont conduit à une réévaluation de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed). Les marchés pensent désormais que la Fed augmentera un peu plus ses taux directeurs et les maintiendra à ce plafond pendant une plus longue période. En bref, un contexte de marché dans lequel les actions pourraient avoir plus de difficultés à progresser.

La situation est relativement similaire dans la zone euro. Là aussi, la faiblesse du chômage et les chiffres toujours trop élevés de l'inflation signifient que la Banque centrale européenne (BCE) devra maintenir une politique monétaire restrictive pendant plus longtemps.

Quelles perspectives pour les obligations et les actions ?

Conséquence de la baisse des cours obligataires, les rendements sont à nouveau remontés lors du mois écoulé. Les obligations offraient déjà des rendements intéressants et la hausse récente les a rendues encore plus attrayantes. Notre préférence va toujours aux obligations d'entreprises Investment Grade car elles offrent de la qualité à un prix raisonnable. Compte tenu de l'éventuelle récession qui pourrait survenir plus tard dans l'année, nous préférons ne pas descendre plus bas sur l'échelle des notations de crédit. En effet, si nous devions entrer en récession, et si celle-ci devait être plus profonde que prévu, les défauts de paiement toucheraient principalement le segment des obligations spéculatives.

En ce qui concerne les actions, les résultats des entreprises du 4e trimestre ont été meilleurs que prévu, même si les révisions de bénéfices montrent une tendance générale à la baisse qui a déjà commencé à l'été 2022. En termes de région, nous privilégions actuellement l'Europe. Malgré sa performance positive, l'indice STOXX Europe 600 se négocie toujours sur base d’un ratio cours/bénéfices estimés à 12 mois de 13,3, soit environ 8% en-dessous de sa médiane à long terme et 27% en-dessous de celui du S&P 500. Cela représente une énorme décote, en raison notamment d’un environnement plus favorable et d’une moindre sensibilité aux taux d'intérêt. En revanche, le potentiel de l'indice S&P 500 semble limité. Avec un ratio cours/bénéfices estimés à 12 mois de 18,3, le S&P 500 est non seulement nettement plus cher que son homologue européen, mais il affiche aussi une prime de 8% par rapport à sa propre médiane sur 10 ans.

A côté de l'Europe, nous apprécions également les actions des marchés émergents. Les taux de croissance y sont plus élevés et le ralentissement économique dans les grands pays développés - leurs principaux partenaires commerciaux - pourrait être plus modéré que prévu. De plus, bien que l'euphorie initiale soit quelque peu retombée, la réouverture de la Chine est toujours en bonne voie et l'activité économique devrait s'accélérer au 2e trimestre.

Comment positionner votre portefeuille d’investissement ?

Les marchés sont dans une phase de consolidation avec des données économiques solides et la révision à la hausse du pic anticipé des taux d’intérêt directeurs qui pèsent sur les investisseurs. Cela rend les marchés nerveux et entraîne une volatilité accrue. La lutte contre l'inflation ne se déroule manifestement pas sans heurts. En tant qu'investisseur, il est par conséquent préférable de s'en tenir à un portefeuille robuste et bien structuré, et de rester à l'affût des opportunités qui ne manqueront pas de se présenter.

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1. L'indice Bloomberg Global Aggregate Bond est un indice qui suit la performance des obligations mondiales de haute qualité émises par des gouvernements, des entreprises et d'autres institutions. L'indice comprend différents types d'obligations, avec différentes échéances et devises, et sert de référence aux investisseurs en titres à revenu fixe du monde entier.