L'heure du rebond a-t-elle sonné pour les marchés boursiers ?

Marchés & Investissements - 7 novembre 2023

L'heure du rebond a-t-elle sonné pour les marchés boursiers ?

Rédigé par Wim D'Haese - Head Investment Strategist

En résumé :
  • Les marchés boursiers ont à nouveau perdu du terrain en octobre et certains d’entre eux ont même enregistré une correction (baisse d’au moins 10% par rapport à leur précédent sommet).
  • Il n'est pas encore certain que l’on puisse s’attendre à un rebond durable des marchés boursiers.
  • Étant donné que selon nous le pic des taux d’intérêt a potentiellement été atteint, le moment pourrait être opportun pour cadenasser des rendements obligataires plus élevés sur une plus longue période, et donc allonger la duration de votre portefeuille obligataire.

Le mois d’octobre a réservé beaucoup de mauvaises surprises pour les marchés. Le conflit israélo-palestinien s’est à nouveau enflammé. Le prix du pétrole a (temporairement) flambé, en raison des craintes que d’autres pays du Moyen-Orient se retrouvent également impliqués. Le rendement des bons du Trésor américains a brièvement franchi la barre des 5%, et ce pour la première fois depuis 2007. Et les chiffres économiques meilleurs que prévu aux Etats-Unis n’ont pas non plus été bien accueillis ; alors que tout le monde s’attendait à un ralentissement de l’économie américaine, le PIB a progressé de pas moins de 4,9% sur une base annuelle au troisième trimestre (voir encadré).

Pourquoi la robustesse de l’économie américaine est un « problème » pour les investisseurs ?

Le fait que l’économie américaine ait connu une telle croissance au troisième trimestre est a priori une excellente nouvelle pour un spectateur “neutre”... mais pas pour les investisseurs. Cela signifie en effet que la Réserve fédérale (Fed) devra maintenir les taux d’intérêt à un niveau élevé encore plus longtemps. D’autant plus que le marché du travail est toujours en bonne forme, que l’industrie tourne à plein régime, que les consommateurs continuent à dépenser et que l’inflation reste élevée. Et ce n’est évidemment pas une bonne nouvelle pour les actions, qui profitent de taux d’intérêt plus bas.

Tout comme ses homologues européennes, la Fed a laissé son taux directeur inchangé en octobre. Bien qu’il y ait entre-temps de fortes chances selon nous pour que le pic des taux soit réellement atteint, les attentes d’une première baisse des taux ont été reportées plus loin dans le temps. Les marchés s’attendent à présent à une première baisse de taux au plus tôt à la mi-2024, et une baisse moins abrupte est également intégrée dans les prix. Cette situation est également peu positive pour les marchés d’actions.

Les actions reculent à nouveau

La hausse des taux d’intérêt. La rhétorique ferme des banques centrales. L’inflation qui reste élevée. La crise bancaire américaine de mars. Les conflits géopolitiques. L’année 2023 a apporté plus de vents contraires qu'il n'en faut pour secouer les marchés d'actions. Mais les investisseurs ne semblaient pas s'en préoccuper au cours des sept premiers mois - à l’exception de quelques baisses temporaires.

Plus récemment, des doutes sont néanmoins apparus. Tant en août qu’en septembre, les marchés ont cédé du terrain – ce qui n’a d’ailleurs rien d’inhabituel pour ces mois. Il était toutefois moins courant qu’en octobre, les investisseurs aient appuyé plus souvent sur le bouton de vente que sur le bouton d’achat. Cela a été une situation unique surtout pour la bourse américaine. Trois mois négatifs consécutifs pour le S&P 500 : cela n’était arrivé qu’une seule fois auparavant entre 1993 et 2023.

Certaines bourses ont même enregistré une correction en octobre. Cela signifie qu’elles ont baissé d’au moins 10% par rapport à leur précédent sommet. Les indices S&P 500, Nasdaq et MSCI Emerging Markets sont notamment entrés en correction, le STOXX Europe 600 ayant été épargné de justesse. Une telle correction n’est évidemment pas exceptionnelle ; elle fait partie de la nature cyclique des marchés d’actions. En outre, si on prend un peu de recul, le bilan reste très bon pour 2023 : l’Euro Stoxx 50 était toujours dans le vert fin octobre (+7,1%), tout comme le S&P 500 (+9,2%, surtout grâce à une poignée de grandes entreprises technologiques) et le Nasdaq (+22,8%). Les pays émergents restent la principale zone rouge dans cet océan vert (-4,3% pour le MSCI Emerging Markets).

Les obligations américaines subissent les plus forts reculs

Les marchés obligataires ont connu un mois volatil, tant en Europe qu’aux États-Unis. Malgré les mouvements de yo-yo, les obligations européennes ont fini à peu près au même niveau qu’en début de mois. La situation a cependant été tout autre aux États-Unis. Le rendement des bons du Trésor américains à 10 ans a grimpé de 36 points de base en octobre pour atteindre 4,93%. Les obligations européennes ont dès lors nettement surperformé les obligations américaines le mois dernier :

 

Etats-Unis

Europe

Obligations d’Etat
-1,2%
+0,4%

Obligations d’entreprises Investment Grade1

-1,7%
+0,4%

Obligations High Yield2

-1,2%
-0,3%

L’or et le pétrole grimpent… et puis retombent

La situation tendue en Israël et en Palestine a dominé l’actualité en octobre. Pour les marchés, la principale préoccupation était une escalade potentiellement plus large dans la région. Cette crainte s’est également reflétée dans les prix du pétrole. Au cours de la semaine qui a suivi la reprise du conflit, ceux-ci ont augmenté de 7,5%, pour finalement retomber sous le niveau d’avant le conflit à fin octobre. Le prix de l’or a grimpé de 7,3% en raison de la recherche de valeurs refuges. Le mois d’octobre a ainsi été le meilleur mois pour l’or depuis la crise bancaire américaine de mars.

Notre préférence va aux obligations par rapport aux actions

Même si nous avons observé un rebond boursier les premiers jours de novembre, cela ne signifie pas nécessairement que les marchés d’actions ont établi un plancher. Le facteur déterminant est et reste les taux d’intérêt. Ceux-ci dictent non seulement la tendance sur les marchés obligataires, mais aussi sur les marchés d’actions. Tant que la nervosité sur les marchés obligataires ne s’estompera pas, il sera également difficile pour les marchés boursiers d’amorcer une tendance haussière structurelle. Dès que l’incertitude diminuera, l’horizon devrait se dégager pour les actions. La pression exercée par les taux d’intérêt élevés devrait alors commencer à diminuer. Les premiers chasseurs de bonnes affaires en sont conscients et nous nous attendons à ce que l’activité d’achat sur repli (« buy-the-dip ») augmente.

Bien que nous privilégiions actuellement les obligations, cela ne signifie pas qu’il faut délaisser les actions. À long terme, les actions restent le moteur de croissance d’un portefeuille et il est important de rester investi en actions, aujourd’hui également. Nous préférons actuellement les actions européennes. Elles sont plus attrayantes que les actions américaines et les marchés européens ont une plus grande pondération en actions de valeur, qui sont susceptibles de mieux évoluer dans le contexte actuel. Il est par ailleurs intéressant de noter que les actions européennes ont enregistré une performance similaire à celle des actions américaines au cours des deux derniers mois, ce qui est inhabituel vu le sentiment du marché (les actions américaines ont tendance à surperformer dans des marchés baissiers).

Investment Grade plutôt que High Yield

Pour l’instant, les obligations sont toujours la meilleure option pour les investisseurs. Du point de vue risque-rendement, elles offrent de meilleurs atouts que les actions. Étant donné que le pic des taux d’intérêt a probablement été atteint, le moment peut s’avérer opportun pour cadenasser des rendements plus élevés sur une plus longue période, et donc allonger la duration de votre portefeuille obligataire. Les obligations à longue échéance offrent actuellement un rendement nettement supérieur aux anticipations d’inflation à long terme. Si vous allongez la duration de votre portefeuille obligataire, vous achetez des obligations qui n’arriveront pas à échéance avant longtemps. Vous le faites si vous vous attendez à ce que les taux d’intérêt n’augmentent plus. Vos obligations prennent alors plus de valeur car elles paient un montant d’intérêt fixe plus attrayant que les obligations nouvellement émises dans un marché de taux d’intérêt en baisse.

Dans le segment obligataire, nous privilégions toujours les obligations Investment Grade parce qu’elles allient à la fois qualité et rendement. Aujourd’hui, elles offrent non seulement une protection contre la perte de pouvoir d’achat mais, à plus long terme, les rendements sont suffisamment élevés pour pouvoir espérer battre l’inflation. Nous ne nous aventurons pas encore dans le segment High Yield. Il existe toujours un risque que le ralentissement de la croissance économique entraîne une récession, ce qui ferait d’abord sentir ses effets sur les obligations de qualité inférieure (ces émetteurs ont plus de chances de faire défaut).

Investir dans le segment obligataire ?

Intéressé(e) par les actions européennes ?

Les produits d’investissement sont sujets à risques. Ils peuvent évoluer à la hausse comme à la baisse et l’investisseur peut ne pas récupérer le montant de son investissement. Toute décision d’investissement doit être conforme à votre Financial ID. Les prévisions sont fondées sur des suppositions, évaluations, avis subjectifs, analyses et modèles hypothétiques qui peuvent se révéler erronés. Fourni exclusivement à titre d’illustration. Le présent article et les informations qu’il contient ne constituent pas un conseil en investissement

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1 Les obligations 'Investment Grade' sont des obligations provenant d’émetteurs dont la situation financière est considérée comme robuste. Elles ont une notation allant de AAA à BBB- chez Standard & Poor’s, ou une notation équivalente chez Moody’s ou Fitch. Plus la notation est élevée, plus la probabilité que l'investisseur soit remboursé par l’émetteur à l'échéance finale (sauf en cas de faillite) est grande.
2 Les obligations 'Non-Investment Grade' (High Yield) sont des obligations provenant d’émetteurs dont la situation financière est considérée comme beaucoup plus risquée. Elles ont une notation comprise entre BB+ et D chez Standard & Poor’s, ou une notation équivalente chez Moody’s ou Fitch. Comme le risque de défaut de paiement des émetteurs High Yield est sensiblement plus élevé, elles offrent un rendement potentiel plus élevé que les obligations 'Investment Grade'.

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