En résumé
L'économie de la zone euro s'est un peu mieux comportée que prévu au 2e trimestre, en enregistrant une croissance de 0,3% par rapport au trimestre précédent. Dans l'ensemble, cependant, la dynamique de la zone euro est actuellement stagnante. Le secteur manufacturier reste un frein étant donné qu’il se contracte depuis plus d'un an. En dehors d'une crise économique, l'état de l'industrie manufacturière dans la zone euro n'a jamais été considéré avec autant de scepticisme que ne l'indique le niveau actuel des indices de confiance depuis l'introduction de l'euro. Heureusement, la confiance dans le secteur des services est restée positive compte tenu du rebond de l'activité dans ce secteur au début de l'année. Au cours des deux derniers mois, cependant, nous avons observé des signes que la reprise dans le secteur des services a également marqué le pas. Malgré ce ralentissement, le marché des obligations d'entreprises est resté robuste. Les écarts de rendement (spreads) entre les obligations d’entreprises Investment Grade en euros (indice Bloomberg Euro Corporate Bond) et les Bunds allemands de même échéance ont baissé d’environ 20 points de base depuis le début de l'année.
Pour comprendre cette évolution, il faut regarder la situation d'il y a un an. La flambée des prix du gaz naturel à la suite de la guerre entre la Russie et l'Ukraine avait lourdement pesé sur les prévisions de croissance de la zone euro l'année dernière. De fait, les analystes s'attendaient alors largement à ce que l'économie de la zone euro enregistre une profonde récession. Aujourd'hui, la probabilité d'une récession (sévère) est beaucoup plus faible, ce qui justifie la diminution des spreads.
Toutefois, un nouveau resserrement significatif des spreads est peu probable à court terme. Les prévisions font état d'une stagnation de la croissance au cours des prochains trimestres. La demande pour les prêts aux entreprises est plus faible que jamais. Les critères d’octroi des prêts se sont également durcis, même si cette tendance s'est légèrement atténuée récemment.
L’amélioration des notations a également été un catalyseur positif pour le segment des obligations d’entreprises Investment Grade en euros. Sur une base notionnelle nette, un montant de plus de 60 milliards d’euros d’obligations a été reclassé de la catégorie BBB à la catégorie A depuis l'année dernière, tandis qu'un montant d’environ 30 milliards d'EUR d’obligations est passé de la catégorie A à la catégorie AA. Une tendance similaire a été observée dans le segment des obligations spéculatives (High Yield)3, où il y a eu plus de relèvements que d’abaissements de notations dans l'ensemble. Des obligations d'une valeur de près de 5 milliards d'euros dans ce segment ont été reclassées de la catégorie B à la catégorie BB, tandis que 4 milliards d'euros ont été relevés de la catégorie CCC à la catégorie B. Toutefois, les perspectives globales des agences de notation pour les obligations individuelles indiquent que les relèvements de notations ont peut-être déjà atteint un sommet.
Les fondamentaux solides du secteur bancaire devraient contribuer à réduire les spreads actuels pour les émetteurs financiers, qui affichent une prime élevée par rapport aux émetteurs non-financiers dans une comparaison historique de 10 ans et qui restent même supérieurs aux niveaux d'avant les turbulences financières aux États-Unis et en Suisse. Si la faiblesse du secteur immobilier de la zone euro peut en partie expliquer ce phénomène, elle ne peut en expliquer la totalité.
Comme les valeurs financières représentent environ 45% de l'indice Investment Grade en euros, l'impact d’un retour des spreads aux niveaux prévalant avant les turbulences de mars dans ce segment ne doit pas être sous-estimé en termes de resserrement des spreads.
Par conséquent, malgré un environnement macroéconomique peu convaincant, nous anticipons un léger rétrécissement supplémentaire des spreads sur les obligations d'entreprises en euros, ce qui rend ces investissements intéressants. Certes, il existe un risque de modération de la demande de la part des investisseurs japonais compte tenu de la remontée récente des rendements sur leur marché obligataire domestique. Il est cependant peu probable que cette tendance soit brutale. Le rendement actuel de l’ordre de 4,5% reste proche du plus haut niveau observé en dix ans et continuera d'attirer des flux de capitaux vers le segment Investment Grade, ce qui devrait soutenir les cours. Toutefois, la hausse des taux de défaut sur le marché High Yield nous incite à rester prudents malgré les rendements plus élevés dans ce segment. Le taux de défaut à 12 mois pondéré en fonction de l'émetteur est déjà remonté au-dessus de 2% et pourrait dépasser les 3% d'ici la fin de l'année.
Au cours des 20 derniers mois, le niveau général des taux d'intérêt a déjà augmenté de manière spectaculaire en raison de la flambée de l’inflation ainsi que de la réaction de la Fed et de la BCE qui ont relevé leurs taux directeurs de respectivement 5,25% et 4,5%. En raison de la persistance de l'inflation, ce niveau élevé des taux d'intérêt devrait être maintenu plus longtemps, mais il devrait déjà être proche de son maximum. Par conséquent, cette période constitue un excellent moment pour les investisseurs pour étoffer la partie obligataire de leur portefeuille et bloquer ces rendements pour une période prolongée. Nous privilégions en particulier les obligations d'entreprises "Investment Grade" émises en euros, qui combinent qualité de crédit élevée et rendements potentiels attractifs.
Lorsque l'inflation sera maîtrisée et que l'économie aura besoin d'un coup de pouce, les banques centrales envisageront d'abaisser leurs taux directeurs, ce qui exercera également une pression à la baisse sur les rendements obligataires.
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19 juin 2023
1 Les obligations 'Investment Grade' sont des obligations provenant d’émetteurs dont la situation financière est considérée comme robuste. Elles ont une notation allant de AAA à BBB- chez Standard & Poor’s, ou une notation équivalente chez Moody’s ou Fitch. Plus la notation est élevée, plus la probabilité que l'investisseur soit remboursé par l’émetteur à l'échéance finale (sauf en cas de faillite) est grande.
2 Un spread est la différence entre deux taux d’intérêt. Il est d’usage de comparer les spreads sur les obligations d’État à 10 ans entre les différents pays européens et l’Allemagne, qui a la meilleure solvabilité. Ce spread est exprimé en points de base.
3 Les obligations 'Non-Investment Grade' (High Yield) sont des obligations provenant d’émetteurs dont la situation financière est considérée comme beaucoup plus risquée. Elles ont une notation comprise entre BB+ et D chez Standard & Poor’s, ou une notation équivalente chez Moody’s ou Fitch. Comme le risque de défaut de paiement des émetteurs High Yield est sensiblement plus élevé, elles offrent un rendement potentiel plus élevé que les obligations 'Investment Grade'.