Marchés

Perspectives 2021: comment investir suite aux mouvements tectoniques induits par le Covid-19 ?

La politique de la BCE en mode pilote automatique

22 janvier 2021 - Lu en 3 min

Rédigé par

Wim D'Haese & David Ghezal

Head Investment Strategist - Investment Strategist

En résumé

  • La BCE n’a comme anticipé pas modifié sa politique monétaire par rapport à décembre.
  • Les annonces de la BCE n’ont pas suscité de réactions marquées sur les marchés financiers.
  • Au vu de l'incertitude sur la reprise économique et de pressions inflationnistes faibles, la BCE devrait observer le statu quo monétaire pendant encore longtemps.

1. Que s’est-il passé ?

Après une année 2020 caractérisée par un renforcement radical de ses mesures de soutien monétaires, la BCE a comme attendu opté pour une stratégie inchangée lors de sa première réunion de 2021. Elle a notamment laissé ses taux directeurs aux niveaux existants et le montant global du programme d'achats d'urgence face à la pandémie (PEPP) a été confirmé à 1.850 milliards d'euros, dont plus de 1.000 milliards d'euros peuvent encore être mobilisés).

Malgré la détérioration des perspectives économiques à court terme de la zone euro suite aux nouvelles mesures de confinement, la BCE considère que les prévisions à plus long terme publiées en décembre dernier restent valables. Elle estime que ces prévisions comportent des risques de baisse, mais que ces risques sont moins prononcés qu'au moment de sa réunion de décembre. L'incertitude concernant l'évolution de la pandémie et les progrès des campagnes de vaccination est toutefois jugée élevée.

Lègère augmentation de l’inflation en vue ?

La présidente Lagarde a déclaré que la BCE s'attend à une légère augmentation de l'inflation une fois que les restrictions de mobilité seront levées, mais que les pressions inflationnistes globales restent faibles. La BCE a de nouveau indiqué dans sa déclaration à l'issue de la réunion qu'elle continuera à suivre de près l'évolution du taux de change et ses éventuelles conséquences sur le taux d'inflation. Enfin, la BCE a également présenté les résultats récents de l'enquête sur la distribution du crédit bancaire pour le 4e trimestre 2020, qui montrent un resserrement des conditions d’octroi de crédit.

« Les billets de banque ne disparaîtront pas »

Lors de la séance de questions-réponses qui a suivi la réunion, Christine Lagarde a répondu à une question concernant l'introduction d'un euro digital. Elle a annoncé que la BCE publierait un rapport à ce sujet en avril prochain et qu’elle déciderait à ce moment comment procéder. Mme Lagarde pense cependant que l'introduction d'une monnaie digitale ne se fera pas dans un avenir proche, au vu des multiples problèmes liés à la protection de la vie privée et aux considérations technologiques. La présidente de la BCE a souligné que les billets de banque physiques ne disparaîtraient pas et qu'un euro digital les compléterait, mais ne les remplacerait pas.

2. Comment les marchés financiers ont-ils réagi ?

La nouvelle selon laquelle la BCE s'attendait à une hausse modérée de l’inflation dans la zone euro une fois les restrictions de mobilité levées a initialement entraîné une légère hausse des rendements obligataires et un renforcement de l'euro. Mais ces tendances se sont rapidement inversées au cours de la réunion. De leur côté, les marchés boursiers sont restés stables, l’indice Euro Stoxx 50 finissant à des niveaux pratiquement inchangés (+0,2%).

3. Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs ?

Suite à l'aggravation de l'impact négatif de la pandémie à court terme, la zone euro risque de retomber en récession au 1er trimestre 2021, compte tenu de la contraction probable du PIB au 4e trimestre 2020. Mais, avec un assouplissement substantiel des mesures de confinement attendu au 2e trimestre 2021, ainsi que la poursuite des progrès en matière de vaccination, la reprise économique devrait se matérialiser au cours du printemps et de l'été.

BCE et Fed : vers des politiques monétaires différentes ?

La situation dans la zone euro est très différente de celle des États-Unis, où les spéculations ont déjà commencé sur une réduction du rythme des achats d’obligations de la Fed (tapering) dans un contexte de hausse des anticipations d'inflation, en raison des nouvelles mesures de relance budgétaire. Lors de sa réunion de décembre 2020, la BCE ne prévoyait déjà qu'une augmentation modeste des prix à la consommation au cours des prochaines années et elle a confirmé que ces prévisions restaient valables. De fait, la BCE prévoit que le taux d'inflation de la zone euro devrait seulement atteindre 1,4% en 2023, ce qui reste bien inférieur à son objectif d’une inflation «proche de, mais inférieure à 2%». Bien que nous puissions observer une remontée de l’inflation en 2021 en raison notamment de la hausse des prix du pétrole, la faiblesse de la demande et les faibles pressions salariales empêcheront probablement toute augmentation significative de l'inflation sous-jacente dans les mois à venir.

Comme la BCE dispose encore d’une puissance de feu monétaire considérable, nous pensons qu’elle restera dans l'expectative ces prochains mois en l’absence d’un besoin immédiat de nouvelles mesures de soutien. Inversement, compte tenu d’un environnement toujours déflationniste, une diminution des achats nets d’obligations et/ou une hausse des taux directeurs est également très improbable. Les marchés financiers ne prévoient d’ailleurs aucune hausse des taux d'intérêt de la BCE au cours des cinq prochaines années.

Votre portefeuille est-il encore adapté à la situation économique ?

Appelez nos spécialistes de Talk & Invest au 078 156 157.

Prenez rendez-vous dans votre Financial Center au 078 155 150.

Partagez cet article

×