Rédigé par
David Ghezal
Investment Strategist
Après avoir réitéré à plusieurs reprises au cours des dernières semaines son engagement de recalibrer ses instruments de politique monétaire, le Conseil des gouverneurs de la BCE a présenté ce jeudi un ensemble de nouvelles mesures de soutien, ainsi que ses nouvelles projections macroéconomiques.
La BCE a décidé de maintenir les taux directeurs inchangés mais a ajusté plusieurs autres instruments de politique monétaire. L’enveloppe du programme d'achat d'urgence face à la pandémie (PEPP) a été augmentée de 500 milliards d'euros pour atteindre 1.850 milliards d'euros, ce qui constitue la 4e expansion de l'assouplissement quantitatif (QE) au cours des neuf derniers mois. Dans le même temps, l'horizon d'investissement pour les achats d'actifs nets dans le cadre du PEPP a été étendu jusqu'à au moins fin mars 2022.
La 3e série d'opérations de refinancement à plus long terme ciblées (TLTRO) a également été prolongée de 12 mois jusqu'en juin 2022, tandis que trois opérations supplémentaires sont prévues entre juin et décembre 2021. Les conditions très attractives de ces TLTRO devraient notamment inciter les banques à maintenir l’octroi de prêts aux ménages et aux entreprises. En outre, la BCE a décidé d'offrir quatre opérations supplémentaires de refinancement à plus long terme d'urgence face à la pandémie (PELTRO) en 2021 pour soutenir la liquidité dans le système financier. Enfin, les mesures d’assouplissement des garanties pour les banques, introduites en avril, seront également prolongées jusqu'en juin 2022.
Dans ses nouvelles projections macroéconomiques, la BCE a présenté ses premières prévisions pour 2023 (PIB réel : +2,1%, inflation : +1,4%). En outre, la BCE prévoit une contraction de la croissance du PIB moins importante en 2020 (-7,3 %) que dans sa précédente prévision de septembre (-8,0 %), tout en étant moins optimiste pour 2021 (+3,9 %, contre +5,0 %) mais plus positive pour 2022 (+4,2 %, contre +3,2 %).
Les prévisions pour l’inflation comprennent un taux un peu plus faible en 2020 (+0,2 %, contre +0,3 %) et en 2022 (+1,1 %, contre +1,3 %) et un niveau inchangé pour 2021 (+1,0 %). La prévision initiale pour 2023 est de + 1,4%. La BCE a de nouveau indiqué dans sa déclaration introductive qu'elle continuera à suivre l'évolution du taux de change et ses éventuelles implications sur le taux d'inflation.
Comme de nouvelles mesures de relance étaient largement attendues, la réaction des marchés sur les détails annoncés a été plutôt modérée.
Malgré les nouvelles encourageantes concernant le lancement des vaccins et la lumière potentielle au bout du tunnel de la pandémie, la BCE reste clairement inquiète des perspectives économiques à court terme. Comme les taux d'infection au coronavirus sont encore élevés, voire en augmentation dans la plupart des pays de la zone euro, les restrictions pourraient rester en place plus longtemps que prévu.
L'impact à court terme de la pandémie pourrait donc être plus sévère qu’anticipé, et la BCE a démontré avec l’adoption de nouvelles mesures qu'un important soutien monétaire est toujours nécessaire. L’augmentation et l'extension du PEPP parallèlement à l’allongement des TLTRO traduisent les préoccupations concernant les effets négatifs de la pandémie sur la croissance et l'inflation. Comme Christine Lagarde l'a souligné au cours des dernières semaines, ce n'est pas seulement le niveau des conditions de financement qui importe, mais aussi la durée du soutien monétaire. La BCE a tenu ses promesses sur ce point.
Enfin, si les anticipations d'inflation à long terme ont récemment augmenté à 1,24 % suite aux progrès réalisés concernant l'approbation des premiers vaccins contre le coronavirus, elles restent néanmoins bien en-deçà de l'objectif de la BCE, d’une inflation « inférieure à, mais proche de 2 % ». Dans ses nouvelles projections macroéconomiques, la BCE a revu à la baisse ses perspectives d'inflation pour 2020 et 2022, et l'inflation restera en-dessous de son niveau cible sur toute la période de prévisions.
Le ton prudent de la déclaration introductive de la BCE, selon laquelle le déploiement des vaccins pourrait prendre du temps et les perspectives à court terme restent orientées à la baisse, justifie la poursuite d'une politique monétaire expansionniste à l’avenir. Par conséquent, les rendements resteront bas plus longtemps, avec de multiples implications pour les différentes classes d'actifs dans la zone euro.
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