Plébiscite pour le secteur technologique

Marchés & Investissements - 5 juin 2023

Plébiscite pour le secteur technologique

Rédigé par David Ghezal - Senior Investment Strategist

En résumé :
  • Le secteur technologique est largement sorti du lot à l’issue d’un mois de mai riche en événements majeurs.
  • Maintenant que l’important écueil du plafond de la dette US est franchi, les investisseurs vont à nouveau se focaliser entièrement sur la croissance, l’inflation et la trajectoire des taux directeurs
  • Les marchés obligataires offrent des opportunités intéressantes mais il reste essentiel dans le contexte actuel de ne pas sacrifier la qualité sur l’autel du rendement

Un mois de mai mouvementé pour les marchés financiers

Les marchés financiers ont vécu un mois de mai mouvementé, marqué entre autres par les inquiétudes persistantes pour la santé des banques régionales américaines, la poursuite du resserrement monétaire des grandes banques centrales et l’affaiblissement des données économiques hors Etats-Unis. Cela dit, deux dossiers ont plus particulièrement rythmé l’évolution des marchés.

Les négociations intenses sur le plafond de la dette US ont apporté comme attendu leur lot de volatilité. Elles ont finalement débouché sur un compromis in extremis entre les Républicains et les Démocrates et contribué à dissiper les craintes d’un défaut de paiement des Etats-Unis. Le plafond de la dette sera suspendu jusqu’en 2025 en échange notamment d’une limitation des dépenses discrétionnaires pour les deux années à venir.

L’autre dossier ayant marqué les esprits est bien évidemment l’enthousiasme croissant pour le potentiel de l’Intelligence Artificielle, qui a véritablement donné des ailes au secteur technologique. L’indice Nasdaq a par exemple signé un gain mensuel de 5,8% et l’indice FANG+ regroupant 10 blue chips technologiques a même bondi de 17,1%.

Dans l’ensemble, les bourses n’ont cependant guère brillé. Si l’indice S&P 500 (+0,2%) a profité de la belle prestation de son important secteur IT, l’indice Stoxx Europe 600 a cédé 3,2% et l’indice MSCI Emerging Markets a reculé de près de 2%. Les marchés obligataires ont également connu une évolution divergente de part et d’autre de l’Atlantique. Alors que les bons du Trésor US (-1,2%) ont gardé les stigmates des discussions autour du plafond de la dette, les emprunts d’Etat de la zone euro (+0,4%) ont profité de surprises positives sur le front d’inflation dans certains grands pays pour finir en légère hausse. Malgré ce bilan très mitigé, tant les marchés d’actions que les marchés obligataires continuent toutefois d’évoluer dans le vert depuis le début de l’année.

Les Etats-Unis connaîtront-ils une récession d’ici fin 2023 ?

Maintenant que l’important écueil du plafond de la dette US est franchi, les investisseurs vont à nouveau se focaliser entièrement sur la croissance, l’inflation et la trajectoire des taux directeurs. La question la plus importante pour les marchés reste de savoir si les Etats-Unis connaîtront ou pas une récession dans les mois à venir. Si certains indicateurs, comme l’inversion de la courbe des taux US, pointent dans cette direction depuis un certain temps, d’autres comme la résilience de la consommation et du marché de l’emploi suggèrent au contraire qu’un atterrissage en douceur de l’économie ne peut pas être complètement écarté. Beaucoup dépendra de l’impact à venir sur l’économie des fortes hausses de taux déjà opérées par la Réserve fédérale (Fed) et de combien de temps elle devra maintenir ses taux à des niveaux aussi restrictifs pour faire baisser l’inflation de façon durable. La situation évolue constamment mais un pivot vers une politique monétaire plus souple d’ici la fin de l’année semble peu réaliste.

Nous conservons notre préférence pour le marché d’actions européen

Cette incertitude continuera à générer de la volatilité mais elle devrait aussi créer des opportunités intéressantes en cas de correction des marchés. Au niveau régional, nous maintenons notre préférence pour l’Europe eu égard à des valorisations plus attractives qu’aux Etats-Unis (décote proche de 30% du Stoxx Europe 600 par rapport au S&P 500 sur base du ratio cours/bénéfices) alors que les perspectives de croissance des bénéfices sont relativement comparables. Nous ne jetons par ailleurs pas l’éponge sur la Chine malgré une reprise économique moins soutenue que prévu. Pour bien diversifier les risques, nous privilégions toutefois un investissement dans la région asiatique au sens large et pas uniquement sur le marché chinois.

Opter pour un bon équilibre entre les thèmes défensifs et de croissance

Enfin, il reste indiqué de jouer la carte des investissements thématiques pour dynamiser les performances potentielles à plus long terme. A ce titre, nous préconisons un bon équilibre entre, d’une part, des thèmes défensifs tels que les infrastructures et les soins de santé et, d’autre part, des thèmes de type croissance, où la technologie occupe une place importante, comme l’Intelligence Artificielle et la transition énergétique.

Des rendements convenables sont à nouveau disponibles sur les marchés obligataires

Le paysage obligataire présente aujourd’hui un visage radicalement différent de celui qu’il affichait il y a un an à peine. En effet, des rendements convenables sont à nouveau disponibles sur les marchés obligataires à la suite des hausses de taux sans précédent des banques centrales pour reprendre l’inflation en mains. Cela dit, il reste selon nous essentiel dans le contexte actuel de ne pas sacrifier la qualité sur l’autel du rendement. Les obligations d’entreprises Investment Grade restent ainsi clairement notre segment de prédilection : elles offrent des rendements attractifs sans nécessairement devoir opter pour des maturités très longues et les spreads de crédit compensent largement les risques encourus.

Nous observons aussi que les obligations Senior des émetteurs financiers continuent d’afficher des rendements plus élevés que les obligations des émetteurs non financiers malgré des fondamentaux robustes (amélioration sensible de la solvabilité et de la liquidité, rentabilité retrouvée). Le segment Investment Grade recèle par conséquent suffisamment d’opportunités pour construire un portefeuille obligataire de bonne qualité, largement diversifié et qui offre une bonne probabilité de faire mieux que l’inflation sur l’horizon d’investissement. Notre vue reste plus prudente concernant les obligations spéculatives dont le rapport rendement-risque nous semble moins attrayant en raison du net resserrement des conditions de financement et du stade avancé du cycle du crédit.

Intéressé(e) par le secteur technologique et le thème de l’Intelligence Artificielle ?

Intéressé(e) par les marchés d’actions européens ?
 

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