- Nous considérons que les actions peuvent encore progresser de ±5% au cours des 12 prochains mois.
- En termes de régions, nous privilégions toujours les actions européennes.
- Comme classe d’actifs, les obligations ont toujours le vent en poupe. Les obligations de qualité semblent offrir pour le moment le meilleur ratio risque/rendement.
Malgré les inquiétudes liées à l’inflation record, à l’instabilité géopolitique et les questions soulevées par le redémarrage de la Chine, les marchés d’actions se sont étonnamment bien comportés durant le premier semestre. D’autres obstacles, tels que la poursuite du resserrement de la politique monétaire, le ralentissement de la croissance des bénéfices des entreprises, la crise des banques régionales aux États-Unis et le bras de fer sur le plafond de dette US, ont été surmontés presque sans sourciller.
Les bourses européennes et américaines ont fortement rebondi depuis octobre 2022, mais leur progression a été alimentée par deux moteurs distincts. L’Europe a davantage profité que les États-Unis de la réouverture de la Chine (l’économie européenne est davantage tournée vers les exportations). Ensuite, un hiver relativement doux a apaisé les tensions liées à l’approvisionnement énergétique. Enfin, les actions européennes se trouvaient en début d’année en meilleure position que leurs consœurs US, grâce à l’écart historiquement élevé entre leurs ratios cours/bénéfices respectifs.
Merci les Big Tech
Aux États-Unis, la situation est sensiblement différente. La progression du S&P 500 est presque exclusivement à mettre à l’actif d’une poignée d’entreprises technologiques, mais dont la pondération dans l’indice est considérable : Apple, Microsoft, NVIDIA, Alphabet et Amazon. Ces 5 Big Tech ‘pèsent’ à elles seules 23% d’un indice qui, comme son nom l’indique, regroupe 500 sociétés. À titre de comparaison, le S&P 500 a progressé de 14,85% au premier semestre, alors que ce même S&P 500 équipondéré (les 500 sociétés se voyant alors attribuer le même poids, quelle que soit leur capitalisation de marché) n’a affiché qu’un modeste gain de 4,93% (situation au 16 juin 2023).
Ce retour en grâce des actions technologiques s’explique essentiellement par la percée de l’Intelligence Artificielle (IA). Dans un contexte de perspectives économiques mitigées, de stagnation de la productivité et de vieillissement de la population, une nouvelle source de croissance est la bienvenue. L’IA recèle en effet le potentiel d’alimenter la croissance économique dans les prochaines années. Même si de nombreuses entreprises doivent encore concrétiser leurs belles ambitions en la matière, les investisseurs n’ont pas hésité à prendre une longueur d’avance sur l’IAvenir.
Quelles sont les perspectives pour le second semestre ?
Le fait que les bourses ont engrangé des gains appréciables durant le premier semestre laisse moins de marge de progression jusqu’à la fin de l’année. Nous nous attendons désormais à ce que les marchés d’actions s’apprécient d’environ 5% au cours des 12 prochains mois. Cette marge de progression limitée s’explique par la stagnation attendue de la croissance des bénéfices des entreprises : pour l’ensemble de l’année 2023, nous anticipons une croissance de 1% pour le STOXX Europe 600 et un maigre 0,1% pour le S&P 500. La raison principale du potentiel haussier modéré des actions réside cependant dans les quelques mois difficiles qui attendent encore l’économie, en raison notamment de la politique monétaire restrictive des banques centrales.
Alors que, à l’origine, nous avions tablé sur une entrée en récession des États-Unis plus tôt dans l’année, ces prévisions ont été reportées au 3e ou au 4e trimestre. Nous pensons toujours que cette récession sera légère et de courte durée. L’histoire montre que les actions souffrent certes pendant les récessions, mais qu’il s’ensuit généralement un puissant rebond. Voilà pourquoi nos prévisions pour les marchés d’actions au cours des 12 prochains mois sont modérées mais néanmoins positives, car l’éventuelle récession sera déjà terminée à ce moment-là dans notre scénario de base.
Europe : les meilleurs atouts
Pour les actions, nous continuons à privilégier une approche hybride, qui consiste à miser d’une part sur les actions de valeur (telles que les banques, qui bénéficient du contexte de taux plus élevés) et d’autre part sur les actions de croissance (telles que les valeurs technologiques, mais pas exclusivement liées à l’IA). Sur le plan géographique, notre préférence va aux actions européennes, qui sont aussi davantage représentées dans le segment des actions de valeur. Bien que les marges bénéficiaires se réduiront sans doute à mesure que la croissance ralentit et que la demande baisse, nous pensons que les marges resteront correctes en Europe, car les entreprises continueront à augmenter leurs prix, bien qu’à un rythme plus lent. Les actions européennes emportent aussi nos préférences parce qu’elles sont toujours très bon marché par rapport aux actions américaines. Aujourd’hui, les investisseurs internationaux qui ont longtemps délaissé la région ne peuvent plus ignorer cette réalité. Les banques européennes, en particulier, ont de beaux atouts à faire valoir.
Quid des États-Unis et de la Chine ?
Suite au récent rallye aux États-Unis, le potentiel de hausse pour les 12 prochains mois est relativement réduit. Malgré le risque élevé de récession outre-Atlantique, nous nous attendons pour l’année à venir à une stagnation des bénéfices des entreprises US, soutenue par la résilience de la consommation des ménages. À l’heure où les marchés semblent exclure une baisse des taux de la Fed avant la fin de l’année, le maintien prolongé de ce taux directeur à un niveau élevé est cependant susceptible de constituer un vent contraire pour les valorisations boursières. Au cours du premier semestre, les pays émergents n’ont pas brillé. En Chine, la relance a perdu en intensité et les chiffres déçoivent. Ces derniers temps, le sentiment du marché est plutôt morose. Nous nous attendons toutefois à une accélération de la reprise au second semestre, alimentée notamment par un rebond dans l’immobilier et par l’augmentation de l’emploi. Nous pensons que le gouvernement chinois va intensifier ses mesures de stimulation de la demande intérieure, et doper la confiance des consommateurs et des entreprises. Nous prévoyons donc des temps meilleurs pour les pays émergents, et en particulier pour la Chine, même si ce chemin ne sera pas nécessairement un long fleuve tranquille.
Opportunités pour les obligations
En tant que classe d’actifs, les obligations ne manquent pas d’attrait. Pour l’instant, ce sont les obligations de qualité qui offrent le meilleur ratio risque/rendement. Les obligations d’entreprises Investment Grade1 en euros offrent actuellement, selon l’indice de référence2, un rendement de ±4,5%, contre 0,7% début 2022. Ce même rendement pour les obligations d’entreprises Investment Grade libellées en USD est de 5,4% contre 2,4% début 20223. Nous recommandons aux investisseurs qui envisagent d’investir dans cette classe d’actifs de ne plus trop attendre. Il est possible que les taux se maintiennent temporairement aux niveaux élevés actuels mais la prochaine grande évolution devrait être à la baisse. Dès qu’apparaîtront les premiers signes de maîtrise de l’inflation, les banques centrales devraient se focaliser davantage sur la stimulation de la croissance économique (en baissant leurs taux). Par ailleurs, nous considérons qu’il est possible pour les investisseurs, compte tenu des rendements potentiels actuels dans le segment Investment Grade, de battre l’inflation sur la durée de vie des obligations à moyen terme (5 à 7 ans).
Les obligations High Yield4 sont tentantes en raison de leur rendement absolu élevé (plus de 8% pour le moment), mais présentent davantage de risque de crédit car elles comptent généralement parmi les premières victimes d’un ralentissement marqué de la croissance économique. Voilà pourquoi cette catégorie est actuellement un choix moins sûr. Dès que l’économie aura repris sa vitesse de croisière, les obligations High Yield pourront à nouveau figurer au menu des investisseurs.
Les atouts de l’approche cœur-satellites
Malgré la politique monétaire restrictive actuelle, l’économie continue à bien se comporter, en s’appuyant notamment sur un marché de l’emploi vigoureux. Reste à voir désormais quel sera l’impact des hausses de taux sur l’inflation de base, qui reste tenace. C’est un des paramètres qui influencera la politique monétaire future des banques centrales. En raison notamment de la récession attendue aux États-Unis, il est impossible de prédire l’évolution du marché avec exactitude. En conséquence, nous continuons à recommander une bonne diversification du portefeuille, qui devrait se composer d’un cœur robuste, complété par des satellites. Ce ‘coeur’ est l’épine dorsale du portefeuille, et s’efforce de lui procurer un potentiel de rendement convenable, de résister aux bourrasques qui secouent les marchés, et de profiter des vents favorables en cas d’embellie. Les satellites sont quant à eux des moteurs qui peuvent offrir davantage de traction au portefeuille. Ils sont généralement plus risqués que le cœur de portefeuille et sont donc susceptibles de générer un rendement plus élevé. Enfin, il est toujours indiqué de conserver des liquidités en portefeuille. Les corrections étant soudaines et imprévisibles, cette réserve peut alors être utilisée pour saisir les opportunités qui se présentent.
Les actions européennes emportent nos préférences, parce qu’elles sont toujours très bon marché par rapport aux actions américaines.
Il est possible que les taux se maintiennent temporairement au niveau actuel, mais le potentiel de hausse nous semble épuisé, et la prochaine grande évolution devrait être à la baisse.
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1 Les obligations d’entreprises sont des emprunts de sociétés à durée déterminée, qui attribuent généralement une rémunération à des moments prédéfinis (sauf en cas de faillite). Il existe aussi des obligations qui ne versent pas d’intérêts pendant leur durée. À l’échéance, l’entreprise émettrice rembourse le capital (sauf en cas de faillite). Les obligations d’entreprises qualifiées d’Investment Grade se caractérisent par un robuste bilan et un rating favorable (entre AAA et BBB-). On considère que ces obligations sont émises par des sociétés solvables.
2 Bloomberg Corporate Total Return index, situation au 20 juin 2023
3 Bloomberg US Corporate Total Return Value Unhedged USD index, situation au 20 juin 2023
4 Les obligations High Yield sont des obligations dont le rating est inférieur à BBB- chez Standard & Poor’s, ou équivalent chez Moody’s ou Fitch. Les chances de remboursement à l’échéance sont d’autant moindres que le rating de l’émetteur est faible. Les chances de remboursement sont notablement moindres lorsque le rating est inférieur à B-.