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Une ère nouvelle pour le monde ?

Une ère nouvelle pour le monde ?

30 décembre 2020 - Lu en 3 min 30

Rédigé par

Wim D'Haese
Head Investment Strategist

En résumé
  • Les cycles économiques vont et viennent. Au-delà de ces parenthèses passagères se succèdent cependant des périodes plus structurelles et fondamentales. Des ‘supercycles’, qui profilent nos sociétés, nos économies et nos modes de vie.
  • Deutsche Bank considère que nous sommes actuellement à un moment charnière vers un nouveau supercycle, qui est la résultante de 8 tendances de fond.

Nous sommes à l’aube d’un nouveau ‘supercycle’, généré par 8 tendances de fond.

1. Et la Chine se réveilla

Depuis quelques années, les tensions politiques entre les États-Unis et la Chine s’intensifient. Cette tendance n’est pas près de s’inverser. Mais pour préfigurer ce que pourrait être l’avenir, tentons d’abord de comprendre le passé. Pendant 19 siècles, la Chine a représenté entre 20 et 30% de l’économie mondiale. Au début des années 1960, cette proportion s’était réduite à peau de chagrin : 4%.

Depuis lors, l’Empire du Milieu s’efforce par tous les moyens de retrouver son statut historique de grande puissance économique. Avec succès. Aujourd’hui, la Chine pèse à nouveau 16% du PIB mondial. Et elle se profile avec de plus en plus d’insistance dans les rétroviseurs des États-Unis.

La Chine a été l’épicentre de la deuxième grande vague de mondialisation (1980-2020). Le niveau de bien-être y a rapidement augmenté, mais aussi les tensions avec l’Occident. Cette situation a été engendrée par la conviction, du côté des Occidentaux, que le développement chinois irait de pair avec une adoption de plus en plus franche de la vision et des valeurs occidentales. Ainsi qu’avec une intégration de plus en plus fluide dans l’ordre économique libéral. Avec le recul, on peut dire aujourd’hui que l’Occident a péché par naïveté, car la Chine possède une riche et longue histoire, ainsi que des valeurs qui lui sont propres. Le conflit d’intérêts était donc inévitable.

Au lendemain de la crise du coronavirus, la Chine a rapidement amorcé une reprise en V de son économie, une prouesse que les pays occidentaux sont loin de pouvoir égaler. Si les tendances actuelles se poursuivent, la Chine sera devenue la plus grande économie au monde vers 2030.

Les tensions entre la Chine et les États-Unis devraient augmenter, à mesure que se réduit l’écart économique entre ces deux superpuissances. Si un conflit militaire semble très peu probable, un bras de fer économique encore plus acharné est prévisible. Une perspective à laquelle l’issue des élections présidentielles américaines ne devrait rien changer.

2. L’Europe à la croisée des chemins

Avant la pandémie, les pays européens étaient plus divisés que jamais. Le Covid-19 a toutefois eu comme effet secondaire de réduire le risque de voir les années 2020 ressembler à la décennie précédente, avec ses incessantes chamailleries politiques.

Les inégalités économiques entre nations européennes vont se creuser, une évolution qui accroît considérablement les chances d’intégration, mais aussi les risques de désintégration. Bien que le fonds de relance européen marque une étape majeure dans le sens de l’intégration, d’autres mesures seront sans doute nécessaires pour que tous les pays gardent la tête hors de l’eau.

De surcroît, même si les 27 accordent leurs violons sur les mesures économiques à prendre, ces avancées se feront de toute façon dans un contexte d’incertitude. Surtout si les intérêts nationaux s’opposent aux intérêts européens. L’Europe est en effet confrontée à un problème majeur : l’endettement très élevé de nombreux pays. D’où notre troisième thème…

3. Le boulet de la dette

Le niveau élevé d’endettement ne hante pas seulement les nuits des pays de la périphérie de l’Union européenne, mais celles du monde entier. Selon l’Institute of International Finance (la ‘banque centrale des banques centrales’), la dette mondiale équivaudra à la fin 2020 à 365% du PIB de la planète. Un chiffre arrêté à la fin du 1er trimestre, soit avant la pandémie.

L’envergure de cet endettement s’explique par le fait que, depuis la disparition de l’étalon-or, les banques centrales nationales sont libres de faire fonctionner allègrement la planche à billets. Depuis quelques années, en baissant les taux d’intérêt à des niveaux plancher, elles ont en outre facilité l’emprunt (les banques commerciales accordent aussi très volontiers du crédit à leurs clients). Dernier élément, les banques centrales vont sans doute conserver encore longtemps cette politique ultraflexible, afin d’absorber le séisme du coronavirus.

Or, la croissance continue de l’endettement peut engendrer de fortes secousses financières. La persistance de taux plancher nous incitera sans doute à continuer à emprunter.

Avec, en corollaire, une modification de la perception de la dette par les citoyens, les entreprises et les pouvoirs publics : là où une décennie entière de faibles taux aurait pu nous permettre de réduire la dette, elle a eu l’effet contraire, en encourageant tous les agents économiques à emprunter davantage.

4. Inflation : les avis divergent

La mesure de la réduction de cet énorme endettement dépend étroitement de notre quatrième thème : l’inflation. Sur ce point, les avis divergent. Dans un monde où les banques centrales et les États gardent le robinet monétaire grand ouvert – ce qui semble être l’hypothèse la plus probable – l’inflation augmentera. Pourquoi ? Parce que plus il y a d’argent en circulation, plus il y a de chances que le prix des produits et services augmente.

Toutefois, si les gouvernements donnent la priorité au rétablissement de leur bilan, et même si les banques centrales continuent à recourir à la planche à billets, l’actuelle période de faible inflation pourrait se prolonger.

Quel que soit le cours des événements, les décideurs politiques éprouveront de plus en plus de difficultés à maîtriser l’inflation (faible ou élevée), en raison de la vigueur des forces contraires.

5. Les inégalités se creusent

La crise que nous traversons a un impact considérable sur les (in)égalités. Cet impact ira croissant à mesure que les effets du nouveau ‘supercycle’ se font plus extrêmes. L’accroissement des inégalités pourrait inciter les pouvoirs publics à ponctionner davantage les acteurs aux poches les plus profondes, à savoir les particuliers fortunés, mais aussi les entreprises (qui profitent depuis 40 ans dans plusieurs régions du monde – Europe, Amérique du Nord et Japon – d’une baisse de l’impôt des sociétés).

Les projets de ‘tech tax’ fourbis par les États pour ponctionner davantage les grandes entreprises technologiques, qui ont majoritairement profité de la pandémie, peuvent être vus comme un signe avant-coureur.

6. Un fossé générationnel

Le débat sur les inégalités ne se limitera pas aux revenus ni à la richesse. Le fossé entre les générations est un autre défi engendré par la mondialisation. En partant du principe que les ‘Millennials’ (nés dans les années 80 et 90) n’auront pas spécialement une vie meilleure que leurs aînés sur le plan économique, ce clivage entre générations pourrait induire une bascule sociétale. Les jeunes générations éprouvent de plus en plus de peine à acquérir leur logement et doivent s’endetter considérablement. Sans même parler des divergences de vues sur le climat.

Dans les pays du G7, les jeunes générations commencent à prendre la relève des ‘baby-boomers’, y compris au niveau politique. Cette bascule du paysage politique s’explique par le poids électoral des générations Y et suivantes, et pourrait déboucher sur un resserrement des droits de succession, un recul des revenus des pensions de retraite, un accroissement de l’impôt sur le patrimoine et, en général, une politique sociale davantage axée sur la redistribution. Le tout s’appuierait sur l’argument selon lequel “les anciennes générations ne sont pas à plaindre”.

7. L’urgence climatique

Au cours de la seconde grande ère de mondialisation, la problématique du climat s’est fortement accentuée. Sur ce thème, les opinions sont très polarisées. Non seulement quant à la gravité du problème, mais aussi quant aux solutions à lui apporter.

Bien que la pandémie ait relégué le changement climatique au second plan de l’actualité, les exhortations aux actes concrets sont de plus en plus nombreuses et insistantes. Avec un impact direct sur la pression exercée sur les décideurs politiques. Lorsque la pandémie sera derrière nous, une énorme pression s’exercera sans doute sur les États pour que la relance économique soit verte et durable.

Une taxe carbone sera probablement instaurée au cours de cette décennie. Si les dirigeants des pays riches insistent pour qu’un accord international réglemente la réduction des émissions, ils se concentreront vraisemblablement sur les émissions générées par l’activité de production. Pour ce faire, une taxe carbone sera nécessaire. Une telle taxe vise à imposer les importations sur la base des émissions générées par le processus de production. Le principe consiste à décourager les États d’exporter leurs émissions en achetant massivement des produits qui ont été fabriqués ailleurs. Une telle taxe pourrait être très populaire dans les pays riches, car elle encouragerait la production intérieure et créerait des emplois locaux. Elle s’inscrit aussi dans la vague de démondialisation, qui semble gagner en popularité.

8. 'And the winner is… technology !’

Coronavirus ou pas, la plupart des sept tendances précédentes se seraient également manifestées sans la pandémie. L’actuelle crise sanitaire a cependant pour effet de les accélérer. Elle perturbe les ordres établis, ce qui nous mène à notre huitième mégatendance.

De nombreuses personnes télétravaillent depuis de longs mois, sans entrevoir le bout du tunnel. Cette réalité nouvelle aura des répercussions sur la manière dont, à l’avenir, nous organiserons nos villes, nos transports, nos logements et nos points de vente. La technologie sortira grande gagnante de la pandémie.

Très logiquement, la valorisation boursière de ce secteur a fortement augmenté pendant la crise. Là, deux possibilités se présentent. Soit cette valorisation est justifiée et la technologie est effectivement le moteur de l’économie. Soit elle ne l’est pas et le scénario de 2000 (référence à l’éclatement de la bulle technologique) risque de se reproduire.

La réalité peut aussi se dessiner entre ces deux extrêmes : une rapide mutation technologique, à la fois positive et négative, qui fait des gagnants et des victimes tant dans le secteur technologique que dans l’économie au sens large.

Depuis 1860, 5 ‘supercycles’ se sont succédés :

  • La première grande vague de mondialisation (1860-1914)
  • Les deux guerres mondiales et la grande dépression (1914-1945)
  • Bretton Woods et le retour de l’étalon-or (1945-1971)
  • La fin de l’étalon-or, le début de l’argent fiduciaire et la Grande Inflation (1971-1980)
  • La deuxième grande vague de mondialisation (1980-2020?)

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