Comme prévu à l'unanimité, la BCE a laissé ses taux d'intérêt directeurs inchangés lors de sa réunion qui a eu lieu le jeudi 7 mars. Dès lors, la question la plus intéressante était de savoir dans quelle mesure les prévisions d'inflation de la BCE avaient évolué et également si Christine Lagarde, présidente de la BCE, donnerait des indications lors de la conférence de presse sur la date à laquelle on pouvait s’attendre à une première baisse de taux.
La BCE a revu à la baisse ses prévisions d'inflation et de croissance économique pour l'année en cours, mais elle les a laissées pratiquement au même niveau que ses prévisions de décembre dernier pour les années suivantes. Les prévisions tablent désormais sur une inflation de 2,3% en 2024 (contre 2,7% en décembre), de 2,0% en 2025 (2,1%) et de 1,9% en 2026 (1,9%). Les prévisions pour l'inflation sous-jacente, c’est-à-dire hors prix de l'énergie et des denrées alimentaires, ont aussi été revues en baisse : 2,6% en 2024 (contre 2,7% en décembre), 2,1% en 2025 (2,3%) et 2,0% en 2026 (2,1%). Sur cette base, la BCE pourrait atteindre son objectif d’inflation de 2% en 2025.
Lors de sa conférence de presse, Mme Lagarde n'a pas explicitement abordé le fait que, bien que l'inflation ait diminué à 2,9% et l’inflation sous-jacente à 3,1% en février, elle avait été supérieure aux estimations des analystes. Elle a plutôt souligné sa satisfaction à l'égard du processus de désinflation et s'est déclarée convaincue qu'il se poursuivrait.
Toujours selon Mme Lagarde, la BCE n'a pas encore abordé spécifiquement l’éventualité d'une baisse des taux d'intérêt dans la zone euro. En fait, le Conseil des gouverneurs vient à peine de commencer à débattre de la réduction de sa politique monétaire restrictive.
Toutefois, elle s'est ensuite montrée relativement spécifique : "Nous avons besoin de beaucoup plus d'informations dans les mois à venir pour être suffisamment confiants". Mme Lagarde a précisé que la BCE en saurait "un peu plus" lors de la prochaine réunion en avril. En revanche, "beaucoup plus d'informations" seront disponibles lors de la réunion suivante en juin.
Les marchés ont légèrement revu à la hausse l'ampleur potentielle des baisses de taux de la BCE en 2024 immédiatement après la publication de la déclaration de politique monétaire. Les swaps indexés au jour le jour anticipaient des baisses de taux cumulées de plus de 100 points de base d'ici la fin de l'année, contre 84 points de base dans la matinée. Les rendements des emprunts d'État à 2 ans et à 10 ans de la zone euro ont baissé de quelques points de base, tandis que l'euro s'est légèrement déprécié par rapport au dollar. Après la conférence de presse de Mme Lagarde, ces mouvements se sont toutefois inversés et l'euro a même atteint un plus haut intra-journalier. Du côté des bourses européennes, la tendance est restée positive, l'indice Euro Stoxx 50 gagnant par exemple plus de 1%.
La BCE a délivré exactement le message attendu à l'avance par les marchés financiers, ce qui explique qu'il n'y ait pas eu de forts mouvements sur les marchés. Selon Christine Lagarde, il n’a pas été question de baisse des taux d'intérêt lors de la dernière réunion. Néanmoins, un nouveau message est apparu : le Conseil des gouverneurs a commencé à débattre d’une modération de sa politique monétaire restrictive.
Mme Lagarde a également souligné les risques baissiers pour l'économie de la zone euro, qui se reflètent également dans le fait que la BCE a abaissé sa projection de croissance du PIB de 0,8% à 0,6% pour 2024. Elle s'est déclarée convaincue que le processus de désinflation se poursuivrait, ce qui devrait conduire à un assouplissement de la politique monétaire dans un avenir proche. Sur base des commentaires de Mme Lagarde lors de la conférence de presse, le scénario d’une baisse de taux de la BCE en juin reste privilégié.
Les données économiques des prochains mois peuvent toujours altérer la trajectoire attendue des taux d'intérêt. Toutefois, il est très probable que la politique monétaire de la BCE reste restrictive jusqu'en juin, à condition que l'économie ne se détériore pas de manière inattendue ou que les conflits géopolitiques ne s'aggravent pas d'ici là. Les marchés à terme ont pris en compte ces éléments, ce qui explique que les mouvements de marché n'aient pas été trop prononcés après la réunion de la BCE. Le fait que la BCE amorce un cycle de baisse des taux un peu avant ou un peu après la Réserve fédérale (Fed) ne devrait pas avoir trop d'importance. Seul un décalage dans le temps significatif entre leurs cycles de baisse des taux respectifs aurait un impact notable sur les écarts de rendement et sur le taux de change EUR/USD. La perspective d'une baisse imminente des taux d'intérêt devrait continuer à constituer un vent légèrement favorable pour les marchés d’actions.
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