Étant donné que la BCE ne publiera pas de nouvelles projections concernant l'évolution de l'économie et de l'inflation dans la zone euro avant sa prochaine réunion du 7 mars, aucun changement de politique monétaire n'était attendu lors de cette réunion du 25 janvier.
En outre, la présidente de la BCE, Mme Lagarde, avait déjà déclaré la semaine dernière, lors d'une interview au Forum économique mondial de Davos, que la BCE souhaitait d'abord attendre les données relatives à l'évolution des salaires. Elle a également déclaré que la BCE ne recevrait pas les données des accords salariaux de cette année avant "la fin du printemps", ce qui devrait lui permettre de se faire une idée valable de l'évolution des revenus des ménages et, par conséquent, de l'inflation. Toutefois, il est probable que la BCE réduise ses taux d'intérêt "au cours de l'été".
Après une baisse importante et inattendue de l'inflation à 2,4% en novembre 2023, celle-ci est repartie légèrement à la hausse en décembre à 2,9%. L'évolution de l'inflation de base, qui est passée de 3,6% en novembre à 3,4% en décembre, devrait cependant avoir une plus grande importance pour les décisions de politique monétaire de la BCE à moyen terme.
Selon un communiqué, le Conseil des gouverneurs de la BCE estime que l'économie de la zone euro a probablement stagné au 4e trimestre 2023 et que les risques pesant sur la croissance sont principalement orientés à la baisse. Toutefois, selon Mme Lagarde, la BCE ne considère pas encore que des discussions concernant des baisses de taux d'intérêt soient appropriées. Elle a notamment déclaré lors de la conférence de presse que "le consensus autour de la table est qu'il serait prématuré de discuter de baisses des taux d'intérêt".
Lorsqu'il lui a été demandé à plusieurs reprises si elle pouvait explicitement exclure des baisses de taux d'intérêt avant la réunion de juin, Mme Lagarde a donné une réponse évasive, ce qui a fait en sorte que les marchés financiers ont interprété le ton de sa conférence de presse comme "accommodant".
Sur les marchés, la probabilité d’une baisse des taux d'intérêt par la BCE a un peu augmenté après la conférence de presse de Mme Lagarde. La probabilité d'une première baisse des taux d'intérêt en avril est passée d’un peu moins de 50% avant la conférence de presse à plus de 70% après celle-ci. Les swaps indexés au jour le jour prévoient désormais des baisses de taux d'intérêt cumulées de plus de 144 points de base (bps) d'ici la fin de l'année, contre 128 bps avant la réunion de la BCE. Les rendements des emprunts d'État à 2 ans de l'Allemagne, de la France, de l'Italie et de l'Espagne ont chacun baissé d'environ 10 points de base. Du côté des bourses, l'indice Euro Stoxx 50 a gagné 0,5% tandis que sur le marché des changes, l'euro s'est déprécié d'environ 0,5% par rapport au dollar américain.
En principe, le message principal de la BCE n'a pas changé de manière significative par rapport à la réunion de décembre. Selon Christine Lagarde, des baisses de taux d'intérêt n'ont pas non plus été discutées lors de la dernière réunion. Le Conseil des gouverneurs attend davantage d'informations sur l'évolution des salaires et, bien sûr, de nouvelles données sur l'évolution de l'inflation et des anticipations d'inflation.
La BCE entrevoit des risques baissiers pour la conjoncture économique dans la zone euro, et il est peu probable que ses inquiétudes aient diminué après la baisse de l'indice de confiance Ifo en Allemagne à son plus bas niveau depuis mai 2020. D'autre part, le taux de chômage dans la zone euro est à un plus bas depuis l'introduction de l'euro, ce qui pourrait exercer une pression à la hausse sur l'inflation, tout comme l'augmentation des taux de fret en raison des tensions en mer Rouge. En outre, certains effets de base qui font baisser l'inflation s'atténueront au cours de l'année.
Le fait que Mme Lagarde n'ait pas explicitement répété qu'elle s'attendait à des baisses de taux d'intérêt "au cours de l'été" et qu'elle n'ait pas exclu une première baisse de taux en avril laisse toutes les portes ouvertes à la BCE si des nuages plus sombres venaient à s'amonceler dans le ciel économique de la zone euro ou si le taux d'inflation chutait de manière inattendue et rapide. Toutefois, aucun de ces deux scénarios ne constitue notre scénario de base.
La politique monétaire devrait rester au niveau restrictif actuel dans les mois à venir. Comme une première baisse des taux d'intérêt par la BCE en avril est anticipée avec une probabilité élevée par les marchés à terme et que les rendements obligataires ont déjà sensiblement baissé, le potentiel de baisse supplémentaire semble faible à court terme. Les marchés d'actions pourraient continuer à bénéficier de l'élan donné par les données économiques solides aux États-Unis et par les mesures de relance prévues en Chine. L'un des facteurs importants pour le taux de change EUR/USD est de savoir si la BCE va abaisser ses taux d'intérêt de manière significative avant ou après la Réserve fédérale américaine (Fed). Si les deux banques centrales ne réduisent pas leurs taux avant le mois de juin, cela devrait avoir un impact neutre pour le taux de change.
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