BCE : la baisse des taux approche à grands pas

Marchés & Investissements - 12 avril 2024

BCE : la baisse des taux approche à grands pas

Rédigé par Dr. Ulrich Stephan - Chief Investment Officer Germany, Dr. Dirk Steffen - Chief Investment Officer EMEA & Michael Blumenroth - Senior Investment Strategist

En résumé :
  • Comme largement anticipé, la Banque centrale européenne (BCE) a laissé ses taux directeurs inchangé lors de la réunion d’avril.
  • Dans sa déclaration, la BCE a cependant évoqué pour la première fois la possibilité de « baisser le niveau actuel des taux ».
  • La présidente Lagarde a réitéré la dépendance de la politique monétaire aux données macroéconomiques, et en particulier à l’évolution des salaires au premier trimestre. Mais un abaissement des taux en juin semble très probable. La suite de la trajectoire reste cependant incertaine.

Que s’est-il passé ?

Comme on s'y attendait presque à l’unanimité, la BCE a laissé ses taux directeurs inchangés lors de sa réunion d’avril. Cela était attendu d’une part, car aucune nouvelle prévision concernant l’inflation ou les évolutions économiques n’était à l’ordre du jour. Cependant, cela ne sera le cas que lors de la prochaine réunion du 6 juin.

D’autre part, après la réunion de mars et dans les interviews de ces dernières semaines, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a souligné que la banque centrale avait besoin de beaucoup plus d’informations pour avoir suffisamment confiance dans le retour de l’inflation à l’objectif de 2 %. Elle a souligné à différentes occasions que « un peu plus » serait connu en avril, mais « beaucoup plus » en juin.

Même quelques partisans d’une politique monétaire restrictive, comme les gouverneurs des banques centrales allemandes et autrichiennes, ont récemment indiqué que les taux pourraient probablement être abaissés en juin. Les dernières données d’inflation en mars (2,4 % pour l’inflation globale et 2,9 % pour l’inflation de base, deux chiffres légèrement inférieurs aux attentes des analystes) ont alimenté les attentes d’un renversement de la politique de taux.

Dans sa déclaration postérieure à la réunion d’avril, la BCE a donné sa première indication explicite d’une éventuelle baisse des taux, en précisant que « dans certaines circonstances, une baisse du niveau actuel de taux peut être souhaitable. »

Christine Lagarde a également souligné que « les risques pour la croissance économique sont à la baisse. » Selon elle, certains membres du conseil des gouverneurs de la BCE étaient favorable à un abaissement immédiat des taux. Mais elle a répété son point de vue : « En juin, nous disposerons de beaucoup plus de données et d’informations, ainsi que de nouvelles prévisions. » Les déficits sur le marché de l’emploi devraient diminuer progressivement et l’inflation devrait osciller autour de son niveau actuel dans les mois à venir, puis baisser.

Comment les marchés financiers ont-ils réagi ?

La décision de la BCE a été entièrement conforme aux attentes des marchés financiers. Ceux-ci anticipent toujours trois baisses de taux de 25 points de base d’ici décembre 2024. Les taux des obligations d’État de la zone euro à 2 et 10 ans ont légèrement augmenté et l’EUR s’est légèrement affaibli par rapport à l’USD. L’Euro Stoxx 50 a clôturé la journée en baisse de 0,68 %.

Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs ?

Après la publication des nouvelles prévisions économiques en juin, la BCE devrait pouvoir justifier une première baisse des taux, à moins que l’inflation n’augmente de manière inattendue en avril ou en mai. Cela n’est pas à exclure, étant donné que l’inflation des services reste encore trop élevée à 4,0 % jusqu’à présent. Les salaires augmentent aussi plus vite que la moyenne historique. Cela pourrait maintenir le taux d’inflation plus élevé que souhaité, en raison d’une augmentation des dépenses de consommation liée à la hausse des salaires réels et à la forte hausse récente des prix de certaines matières premières. La BCE devrait alors envisager un assouplissement monétaire avec prudence.

Une éventuelle divergence entre la politique monétaire de la BCE et celle de la Fed pourrait également jouer un rôle. Après l’inflation plus élevée que prévu aux États-Unis en mars, les marchés ont reporté à l’automne le moment d’une première baisse des taux par la Fed. La BCE pourrait vouloir éviter que l’écart de taux et de rendement entre les deux blocs monétaires devienne trop important. En effet, une éventuelle dépréciation de l’EUR pourrait exercer une pression haussière sur l’inflation en faisant grimper les prix à l’importation.

Au final, une première baisse des taux par la BCE en juin semble presque certaine. Mais cette dernière ne pourra pas ignorer la politique monétaire toujours restrictive de la Fed et devrait donc assouplir sa propre politique monétaire très doucement. Le potentiel baissier des rendements des obligations d’État est dès lors plutôt limité. En ce qui concerne les marchés d’actions, l’accent est mis à court terme sur la prochaine saison de résultats.

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