Les investisseurs cherchent une orientation en bourse

Marchés & Investissements - 22 septembre 2023

Les investisseurs dans l’expectative

Rédigé par Wim D'Haese - Head Investment Strategist

En résumé :
  • Après une période turbulente, les bourses ont surpris en 2023 par leur évolution positive, à l’exception de la Chine. Les investisseurs restent toutefois incertains quant à leur orientation future, en raison notamment de signaux économiques mitigés.
    • Les obligations sont actuellement attrayantes, surtout dans le segment des obligations d’entreprises Investment Grade.
    • Dans ce contexte, nous réitérons notre conseil de base : rester investi et être attentif aux opportunités, tant en obligations que suite à des corrections sur les marchés d’actions.

    Après une année 2022 de vaches maigres – au cours de laquelle les actions, et surtout les obligations, ont bu la tasse – les investisseurs n’avaient guère de raisons de se réjouir de l’arrivée de 2023. Neuf mois plus tard, le tableau est beaucoup plus positif que redouté. Les bourses affichent toujours un bilan résolument positif, même si elles ont récemment cédé une partie de leurs gains1. La seule tache rouge dans cet océan vert ? La Chine. Le feu d’artifice qui a illuminé les bourses chinoises au début de l’année – grâce à la levée du confinement – est aujourd’hui bien loin.

    À New York, Londres, Hong Kong et Francfort, les investisseurs ne savent actuellement plus à quel saint se vouer. Faut-il avancer, reculer ou rester provisoirement sur ses positions ? Pour l’instant, personne n’a la moindre indication quant au cap que prendront les bourses. Le chaud et le froid soufflent surtout aux États-Unis, avec une succession de nouvelles tantôt rassurantes, tantôt inquiétantes, faisant en sorte que les investisseurs ont du mal à s'orienter. Un atterrissage brutal ? Une récession modérée ? Une surchauffe ? Ou un atterrissage en douceur malgré tout ? Impossible à (pré)dire pour l’instant.

    Les incertitudes quant à la persistance de l’inflation, le jeu de dupes entre les investisseurs et les banques centrales, le prix élevé du pétrole, les problèmes de la Chine… tous ces paramètres sont surtout importants pour les spéculateurs. Ils le sont beaucoup moins pour les investisseurs à long terme. Plutôt que de se préoccuper des incertitudes actuelles, ces investisseurs ont tout avantage à se concentrer sur les opportunités qu’offrent ces situations. Des opportunités qui sont nombreuses, certainement dans le segment obligataire.

    Obligations : c’est le moment

    ‘Vous recherchez davantage de rendement potentiel ? Vous le trouverez surtout dans le segment des actions.’ Voilà la recommandation que Deutsche Bank donne depuis de longues années. Or, aujourd'hui, si quelqu’un souhaite faire fructifier son argent, c’est plutôt vers le rayon ‘Obligations’ qu’il doit se diriger. Après de longues années d’anémie, les rendements obligataires ont repris des couleurs l’année dernière. Et ce dans tous les segments : obligations souveraines et d’entreprises, Investment Grade2  et High Yield3 . Actuellement, elles offrent toujours des rendements qui devraient faire réfléchir même les plus ardents partisans des investissements en actions. De fait, les obligations offrent (du moins à court terme) un rendement proche du rendement attendu des actions, alors que leur niveau de risque est sensiblement inférieur.

    Comparaison du rendement nominal de différents segments obligataires

     

    décembre 2021

    septembre 2023

    Moyenne depuis 2008

    Obligations d’entreprises
    Investment Grade en euros
    0,5%
    4,4%
    2,3%

    Obligations d’entreprises
    Investment Grade en USD

    2,3%
    5,8%
    3,7%

    Obligations High Yield en euros

    2,9%
    8%
    6,7%
    Obligations High Yield en USD
    4,2%
    8,5%
    7,4%


    Source : Bloomberg

    À notre sens, les fruits les plus juteux se trouvent parmi les obligations d’entreprises Investment Grade, qui offrent selon nous le meilleur rapport risque/rendement. À première vue, les obligations High Yield sont encore plus alléchantes, avec un rendement attendu de 8%, soit largement de quoi compenser l’inflation. Toutefois, face à un risque réel de voir la croissance marquer le pas – et à des émetteurs plus risqués qui ont plus de difficultés à trouver des fonds pour faire face à leurs engagements – nous pensons que ce n’est pas encore le moment d’investir activement dans ce segment.

    Nous conseillons aux investisseurs désireux de remplir leur caddie d’obligations de ne pas attendre éternellement. La précipitation n’est pas davantage conseillée – la perspective de voir les taux directeurs baisser ayant été reportée de novembre 2023 à juin 2024 au cours des six derniers mois ! – mais le sommet est là, ou il n’est en tout cas plus très éloigné. Nous pensons que les taux de la BCE ont atteint un pic, tandis que les chiffres mitigés outre-Atlantique entretiennent l’espoir d’un atterrissage en douceur, et donc d’un plafond pour les taux de la Réserve fédérale.

    Actions : l’Europe plutôt que les États-Unis

    Si notre préférence va actuellement aux obligations, cela ne signifie pas pour autant qu’il faut se détourner des actions. Au contraire. Sur le long terme, les actions restent le moteur de croissance d’un portefeuille, et il est important de rester investi en actions. Aujourd'hui également.

    Dans le contexte actuel, nous considérons que les actions recèlent un potentiel de hausse compris entre 3% et 7% pour les 12 prochains mois. Bien que la croissance des bénéfices des entreprises devrait stagner en 2023, nous anticipons qu’elle progressera de plus de 10% aux États-Unis en 2024, et qu’elle dépassera les 5% en Europe. Dans notre scénario de base, nous pensons que la croissance économique redémarrera après que l’inflation aura été jugulée. Or, cette évolution devrait donner un coup de fouet aux bénéfices des entreprises. Par ailleurs, nous restons bien entendu attentifs - ou plutôt à l'affût – à des baisses temporaires (qui peuvent donner lieu à des opportunités d'achats).

    Sur le plan géographique, nous continuons à privilégier l’Europe par rapport aux États-Unis. Nous estimons que le marché boursier US est trop optimiste. Compte tenu des valorisations actuelles, les investisseurs anticipent et un atterrissage en douceur, et la fin des hausses de taux, et une diminution de l’inflation, et l'attente d'une stimulation économique continue grâce à l'intégration croissante de l'intelligence artificielle (IA). Même si les bourses américaines se sont souvent montrées robustes par le passé, force est de constater que la situation sur les marchés d’actions outre-Atlantique laisse peu de place aux mauvaises nouvelles éventuelles. Du fait de leur valorisation attrayante, nous estimons que les actions européennes constituent un choix plus logique.

    Même si les difficultés de la Chine nous incitent à la prudence à court terme, l’Asie recèle toujours le plus grand potentiel à long terme, en raison de sa diversité et de ses atouts économiques et démographiques. Pékin a certes déjà mis en œuvre toute une série d’initiatives pour stimuler la consommation et réveiller le marché immobilier, mais elle n’a pas encore sorti l’artillerie lourde. D’ici là, il reste à voir quand un retournement majeur du marché boursier chinois pourra s'amorcer.

    Et maintenant ?

    Forte augmentation des taux, spectre d’une récession, recul des bénéfices des entreprises… jusqu’à présent, les marchés ont digéré les mauvaises nouvelles avec une facilité surprenante. Les nerfs des investisseurs n’en sont mis qu’à plus rude épreuve. Notre recommandation reste cependant d’application : restez investi et, surtout, soyez attentif aux opportunités en obligations et aux corrections sur les marchés d’actions. Reportées sur la ligne du temps d’un investisseur à long terme, les péripéties économiques et géopolitiques actuelles sont plutôt des soubresauts.

    À titre d’illustration : au cours des 60 dernières années, les ‘chocs’ majeurs n’ont pas manqué : assassinat d’un président américain, Guerre froide, crise pétrolière, Attentats du 11 septembre, guerres au Vietnam et en Yougoslavie, démantèlement de l’URSS, crise financière, déroute de millions d’entreprises, Brexit, catastrophes naturelles par milliers, chute de gouvernements par centaines, multiples krachs boursiers, etc. Or, au cours de ces 6 décennies, la valeur du S&P 500 a progressé sans trop sourciller de 75 à 4.500 points (x 60). En ces temps imprévisibles, l’adage de l’investissement à long terme reste vrai : pour atteindre de nouveaux rivages, il faut oser défier les vagues.

    Vous souhaitez investir dans le segment obligataire ?

    Les produits d’investissements sont sujets à risques. Ils peuvent évoluer à la hausse comme à la baisse et l’investisseur peut ne pas récupérer le montant de son investissement. Toute décision d’investissement doit être conforme au Financial ID (profil d’investisseur) du client. Les prévisions sont fondées sur des suppositions, évaluations, avis subjectifs, analyses et modèles hypothétiques qui peuvent se révéler faux. Fourni exclusivement à titre d’illustration. Le présent article et les informations qu’il contient ne constituent en aucune manière un conseil en investissement.

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    1 Par le passé, août et septembre ont souvent été baissiers, et il n’en a pas été différemment cette année. Au cours des 15 dernières années, la performance moyenne du S&P 500 au cours de ces deux mois a été négative. Septembre est même le plus mauvais mois absolu du S&P 500.
    2 Les obligations 'Investment Grade' sont des obligations provenant d’émetteurs dont la situation financière est considérée comme robuste. Elles ont une notation allant de AAA à BBB- chez Standard & Poor’s, ou une notation équivalente chez Moody’s ou Fitch. Plus la notation est élevée, plus la probabilité que l'investisseur soit remboursé par l’émetteur à l'échéance finale (sauf en cas de faillite) est grande.
    3 Les obligations 'Non-Investment Grade' (High Yield) sont des obligations provenant d’émetteurs dont la situation financière est considérée comme beaucoup plus risquée. Elles ont une notation comprise entre BB+ et D chez Standard & Poor’s, ou une notation équivalente chez Moody’s ou Fitch. Comme le risque de défaut de paiement des émetteurs High Yield est sensiblement plus élevé, elles offrent un rendement potentiel plus élevé que les obligations 'Investment Grade'.

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