L'inflation persistante dans la zone euro exercera-t-elle une pression sur le dollar ?

Marchés & Investissements - 4 septembre 2023

L'inflation persistante dans la zone euro exercera-t-elle une pression sur le dollar ?

En résumé :
  • À l'exception d'une baisse temporaire à la mi-juillet, le dollar jusqu'à présent a évolué dans une fourchette de variation bien définie en 2023.
  • Les données économiques américaines ont souvent dépassé les attentes ces dernières semaines. Par conséquent, les marchés ont attribué une probabilité plus forte à une nouvelle hausse de taux de la Fed et les attentes d'une première baisse des taux en 2024 ont été de plus en plus différées. Cela a eu un impact positif sur le billet vert.
  • Toutefois, l'inflation dans la zone euro devrait être plus tenace qu'aux États-Unis. La BCE pourrait dès lors maintenir ses taux d'intérêt au plus haut plus longtemps que la Fed. Une baisse de l’écart de taux d'intérêt (= spread) entre les bons du Trésor US et les Bunds allemands pourrait dans ce cas soutenir l'euro.

Depuis le début de l'année, le dollar évolue dans une fourchette de variation très étroite de 1,05 - 1,11 par rapport à l'euro, avec un bref passage au-dessus de 1,11 à la mi-juillet. Le taux de change moyen de 1,0850 de cette année est rapidement devenu le niveau de référence pour les marchés.

Baisse temporaire pour le dollar en juillet…

La faiblesse temporaire du billet vert au-dessus de EUR/USD 1,11 s'explique par des chiffres d'inflation plus faibles que prévu outre-Atlantique. En juin, l’inflation a diminué à 3,0%, contre 4,0% le mois précédent. L'inflation de base (hors prix volatils de l’énergie et de l’alimentation) a également baissé plus qu’attendu, passant de 5,3% à 4,8%. Une conséquence directe des chiffres de l'inflation est que les marchés financiers ont alors supposé que le pic des taux de la Réserve fédérale (Fed) avait été atteint. Les rendements des bons du Trésor américains ont alors baissé de manière significative.

Comme le taux de change EUR/USD reflète plus ou moins la différence de rendement entre les emprunts d'État respectifs ou les attentes en matière de politique monétaire future, le billet vert s’est quelque peu retrouvé sous pression à ce moment. En outre, les marchés s'attendaient à une nouvelle hausse de taux de la Banque centrale européenne (BCE) en raison de l'augmentation de l'inflation dans la zone euro.

…avec un changement rapide grâce à des statistiques solides

Toutefois, la situation a changé peu de temps après. Les données économiques américaines - telles que les données relatives au marché de l’emploi, les ventes au détail, la confiance des ménages et les données révisées du PIB du 2e trimestre - ont souvent dépassé les attentes au cours des dernières semaines. La robustesse de l'économie américaine a conduit les marchés à intégrer une probabilité un peu plus élevée d'une dernière hausse de taux de la Fed. Et, de façon plus importante, les attentes concernant une première baisse des taux d'intérêt en 2024 ont été de plus en plus différées. Actuellement, le marché s'attend à ce que le taux directeur de la Fed soit de 4,50% à fin 2024. Toutefois, le potentiel de soutien pour le dollar lié à la prise en compte de la politique monétaire de la Fed est peut-être désormais largement épuisé.

Contrairement au billet vert, l'euro a dû composer avec des nouvelles plutôt négatives ces dernières semaines, notamment des données économiques décevantes, en particulier en provenance d'Allemagne. Les indicateurs avancés tels que les indices des directeurs d’achats (indices PMI) montrent que l'économie est au bord de la stagnation ou de la récession. La faiblesse des données économiques a rendu la dernière hausse de taux de la BCE, qui semblait initialement presque certaine, un peu plus discutable. La situation est encore rendue plus difficile pour la BCE par une inflation de base obstinément élevée, qui est restée supérieure à 5% en août.

Ces dernières semaines, l'écart entre les rendements des emprunts d'État américains et allemands s'est à nouveau accentué. Alors que le rendement des bons du Trésor US à 2 ans est de 4,86% (au 4 septembre), le rendement de son équivalent allemand oscille autour de 3%. Comme nous pensons que la Fed entamera son cycle de baisse des taux plus tôt que la BCE, cet écart devrait se réduire au fil du temps, ce qui devrait à son tour soutenir l'euro.

Conclusion

En résumé, l'inflation dans la zone euro devrait être plus persistante qu'aux États-Unis et nous anticipons que la BCE maintiendra ses taux d'intérêt à leur sommet plus longtemps que la Fed. Une diminution de l'écart de rendement entre les Bunds allemands et les bons du Trésor US pourrait alors soutenir l'euro. Notre prévision pour le taux de change EUR/USD est de 1,12 pour juin 2024, mais la campagne électorale américaine, qui devrait battre son plein mi-2024, reste un élément d'incertitude avec lequel il faudra aussi composer.

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