- Les chiffres et l’histoire nous apprennent que la technologie et l’automatisation n’ont pas provoqué de pertes d’emploi. Le chômage est davantage influencé par les cycles économiques que par les avancées technologiques.
- Les progrès technologiques n’ont pas seulement pour effet de se substituer à des emplois, mais aussi à les transformer et à en créer de nouveaux. L’IA peut faire naître de nouveaux secteurs, tout comme l’ont fait d’autres avancées technologiques lors des précédentes révolutions industrielles.
- Malgré la crainte de voir l’IA remplacer des jobs à grande échelle, l’histoire montre que les humains sont difficilement remplaçables, et que les nouvelles technologies haussent le niveau de vie, diversifient l’économie et créent de nouvelles opportunités d’emploi.
En 1589 déjà, la reine Elizabeth I d’Angleterre a refusé d’octroyer un brevet à l’inventeur d’une machine à tricoter, craignant qu’elle ne se substitue aux ouvrières de l’époque. De telles craintes se sont multipliées avec la Révolution industrielle. Ainsi, au début du 19e siècle, un gang d’ouvriers textiles s’est formé dans le but de détruire les nouvelles machines dans les usines. Un vent de panique a aussi soufflé durant la Grande Dépression. Rien d’étonnant à cela, quand on sait que le taux de chômage US culminait à l’époque à 25%. En 1940, le sénateur américain Joseph O’Mahoney a introduit un projet de “taxe robot”, visant à taxer les machines en fonction du nombre d’emplois qu’elles supprimaient. Malgré le recul du chômage durant la Seconde Guerre mondiale et ensuite, la ‘peur des machines’ a subsisté. En 1960, le président Lyndon Johnson a instauré une commission chargée d’étudier les effets de la technologie sur l’emploi.
Si l’on prend l’histoire à témoin, ces craintes pour l’emploi sont infondées. Les statistiques historiques du chômage, à savoir la médiane des pays du G7, révèlent en effet que les progrès de la technologie ne provoquent pas de pertes d’emploi. Comme l’illustre ce graphique, le chômage évolue davantage au gré des cycles économiques que des révolutions technologiques. Le chiffre médian du chômage au sein du G7 aujourd’hui (3,8%) est même inférieur aux 5% de chômage au Royaume-Uni en 1755. En conséquence, on peut affirmer que, même si la grande majorité des emplois de 1755 n’existent plus aujourd’hui, l’automatisation n’a pas précipité de vagues de pertes d’emplois.
Le rôle de l’IA dans le marché du travail de demain
On surestime souvent la “remplaçabilité” des travailleurs. Les nouvelles technologies ne se contentent pas de remplacer le travail, elles le complètent également. D’une part, elles créent de nouveaux emplois : au milieu du 20e siècle, il n’y avait ni cloud engineers ni YouTubers. D’autre part, elles transforment les métiers existants grâce au déploiement de nouveautés. Jadis, les avocats qui connaissaient le Code civil par cœur avaient une longueur d’avance. Aujourd’hui, les banques de données juridiques – disponibles à portée de clic – ont totalement gommé cet avantage. En conséquence, les tâches qui ne peuvent être menées à bien par l’intelligence artificielle, comme la résolution de problèmes complexes ou une argumentation convaincante, sont devenues d’autant plus importantes.
La technologie stimule la diversification économique
Les technologies ont boosté notre productivité et notre bien-être, et généré ainsi une demande pour d’autres services. Un personal trainer ou un coach de carrière ? Ces métiers n’existaient pas, jadis. En 1850, 65% de la population active américaine travaillait dans l’agriculture. Au fil des décennies et des avancées techniques, les machines ont remplacé les humains dans les champs, tandis que des fonds se libéraient pour lancer de nouvelles entreprises et créer de nouveaux secteurs industriels. À ses débuts, l’industrie manufacturière a grandi rapidement, avant d’atteindre son apogée durant la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, c’est le secteur de services qui a pris le relais. Dans cette logique, il est donc tout à fait possible que l’IA entraîne la naissance de nouveaux secteurs économiques.
Les chaînes d’assemblage de Ford
Les chaînes d’assemblage imaginées par Henry Ford sont un bon exemple de progrès technologique ayant créé de nouveaux emplois. Grâce à elles, le temps de production d’une nouvelle voiture a été réduit de 12 heures à 1h30. La productivité a augmenté, faisant baisser le coût des voitures de 950 dollars en 1909 à 290 dollars en 1926. La demande a augmenté, les ventes ont explosé et de nombreux emplois nouveaux se sont créés chez ce constructeur automobile. Du fait de la généralisation des véhicules à moteur, de nouvelles professions ont vu le jour : concessionnaire automobile, ateliers de réparation, stations-service. Ce parc automobile grandissant a aussi débouché sur la construction de nouvelles routes, puis de centres commerciaux en dehors des villes. Il ne s’agit bien sûr que d’un exemple, mais qui illustre le fait que les avancées technologiques n’ont pas seulement pour effet de remplacer le travail humain. Loin de là.
Une augmentation du niveau de vie grâce aux progrès technologiques
Nos conditions de vie sont sensiblement meilleures que celles de nos grands-parents. Ce progrès est dû en grande partie aux nouvelles technologies qui ont accru la productivité, entraîné une croissance économique et relevé le niveau de vie. Aujourd’hui, nos maisons sont équipées d’un chauffage central et de sanitaires de qualité. Nous ne devons plus cultiver nous-mêmes nos aliments et grâce aux progrès de la médecine, nous avons gagné 7 centimètres en taille et près de 10 ans d’espérance de vie.
Et si … ?
Et si l’intelligence artificielle était LA technologie qui fait exception à cette règle ? Qui provoque malgré tout des pertes d’emploi à grande échelle ? Bien que prudence soit toujours mère de vertu, nous ne pensons pas que cette étape sera différente des autres. Les expériences récentes nous apprennent que les humains sont plus difficiles à remplacer qu’on ne le pense. Ainsi, les transporteurs sont toujours confrontés à une pénurie de chauffeurs routiers, malgré les cassandres qui prédisent qu’ils seront mis au chômage par les véhicules autonomes. Pour partie, cette situation s’explique par le fait que le public souhaite confier certaines tâches exclusivement à des humains, et pas à des machines. Se faire couper les cheveux par un robot ? Non merci, pas encore.
Pour conclure, rappelons que les humains sont animés par une volonté innée de faire toujours mieux. Même si, à l’avenir, notre niveau de bien-être devait encore augmenter, sans doute ne serions-nous pas satisfaits et souhaiterions encore mieux et encore plus. La détermination à faire mieux que les autres nous poussera sans doute encore longtemps à travailler et à rechercher le progrès.
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