L’heure de la sieste a-t-elle sonné pour les marchés boursiers ?

Marchés & Investissements - 4 août 2023

L’heure de la sieste a-t-elle sonné pour les marchés boursiers ?

Rédigé par Wim D’Haese - Head Investment Strategist
Chief Investment Office Europe

En résumé :
  • Le mois de juillet a été un mois porteur pour les marchés d'actions. Cependant, les obligations ont affiché une image mitigée, les obligations d'État étant dans le rouge et les obligations d'entreprise dans le vert. Le pétrole a grimpé en flèche.
  • La BCE et la Fed ont relevé leurs taux d'intérêt et, malgré les pressions inflationnistes, les résultats des entreprises ont battu les attentes.
  • Les marchés boursiers pourraient faire une pause, avec des opportunités d'achat en cas de baisse. Nous privilégions les actions européennes et asiatiques, ainsi que les obligations d'entreprises de qualité1.

Le mois de juillet a été riche en rebondissements pour les marchés boursiers. Stimulé en partie par la ruée vers l'or pour tout ce qui a un rapport avec l'intelligence artificielle (IA) et par l'espoir d'un atterrissage en douceur, le S&P500 a terminé dans le vert (+3,1%) pour le cinquième mois consécutif. Le Nasdaq a clôturé dans le positif pour le quatrième mois consécutif (+4%). En Europe, l'Eurostoxx 50 a également progressé, mais un peu moins fortement (+1,6%). Depuis le début de l'année 2023, le S&P500 a progressé d'environ 19% et l'Eurostoxx 50 d'environ 16%. Le Nasdaq a quant à lui progressé de 35%.

En ce qui concerne les obligations, le bilan est contrasté. Le niveau général des taux d'intérêt a augmenté, entraînant une légère baisse des valorisations des obligations. La Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale (Fed) ont toutes deux relevé leurs taux d'intérêt et les investisseurs se sont vu rappeler qu'un assouplissement n'était pas pour demain. Les obligations d'État américaines ont perdu 0,4%, tandis que les obligations d'État de la zone euro ont perdu 0,2%. En revanche, le mois de juillet a été positif pour les obligations d'entreprises : +1% pour les obligations Investment Grade en euro, et +1,4% pour les obligations High Yield2 en USD. La raison principale ? La prime de risque a légèrement baissé, ce qui signifie que les investisseurs demandent moins de "compensation" pour le risque que ces obligations comportent.

Les vedettes de la salle des marchés ont été les métaux - argent et cuivre en tête - et surtout le pétrole (Brent +14,2%). Le pétrole s'est bien comporté, d'une part, grâce à la demande accrue des États-Unis et, d'autre part, en raison de la décision de l'OPEP de réduire le pompage. L'Agence internationale de l'énergie prévoit d'ailleurs une demande de pétrole record en 2023.

Les banques centrales resserrent encore les vis

L'esprit inflationniste n’étant pas encore en bouteille, la BCE et la Fed ont toutes deux relevé leurs taux d'intérêt de 25 points de base en juillet. Dans notre scénario de base, nous supposons que la Fed ne procédera pas à d'autres hausses de taux cette année. Néanmoins, les investisseurs doivent rester prudents : des hausses de taux ne peuvent pas être totalement exclues car les niveaux d'inflation sont toujours supérieurs à l'objectif de 2%. D'un autre côté, les investisseurs peuvent d'ores et déjà exclure totalement une baisse des taux à court terme. Sur la base des 12 cycles précédents, la Fed n'a réduit les taux d'intérêt que si l'inflation de base était supérieure à 3% (actuellement 4,8%) ET si le taux de chômage était supérieur à 5% (actuellement 3,6%).

Contrairement aux États-Unis, nous prévoyons une hausse de taux d'intérêt pour les 20 pays de la zone euro d'ici la fin de l'année. La dernière lecture des chiffres a montré que l'inflation de base a légèrement augmenté, tandis que le niveau général des prix a légèrement baissé. Entre-temps, les marchés tablent sur une première baisse des taux de 25 points de base en juin 2024. Mais si la BCE doit continuer à lutter contre une inflation obstinément élevée pendant longtemps, ces attentes semblent très prématurées.

Au Japon, la banque centrale a ajusté sa politique monétaire. Le plafond de 0,5% pour le taux d'intérêt à 10 ans du Japon est désormais un "point de référence" plutôt qu'une limite stricte. Cela signifie que la Banque du Japon n'interviendra plus sur les marchés obligataires pour maintenir les taux à 10 ans en dessous de 0,5%. Il s'agit d'un premier pas vers la normalisation de la politique monétaire.

La croissance économique se montre résiliente, les résultats des entreprises sont meilleurs que prévu

Tant aux États-Unis qu’en Europe, les chiffres de la croissance économique se sont révélés meilleurs que prévu. Le marché du travail s’est légèrement affaibli, bien qu’il soit encore en pleine forme jusqu’à présent. Par conséquent, le scénario de l’atterrissage en douceur gagne du terrain. Il permettrait d’éviter une récession aux États-Unis. Toutefois, chez Deutsche Bank, nous nous en tenons à notre hypothèse de base, à savoir une récession courte et légère aux troisième et quatrième trimestres aux États-Unis, et pas de récession en Europe.

À mi-parcours de la saison des résultats, nous constatons des résultats très solides. Quelque 81% des entreprises américaines (contre 73% en moyenne sur 10 ans) et 53% des entreprises européennes (contre 53% en moyenne sur 10 ans) ont battu les attentes. Il y a deux explications à cela : d’une part, les attentes ont été quelque peu tempérées (ce qui a permis de franchir plus facilement la barre) et, d’autre part, l’économie s’est mieux comportée que prévue au cours du deuxième trimestre.

Que nous réserve le reste de l’année ?

Le mois d’août pourrait être volatil sur les marchés boursiers. Traditionnellement, de nombreux « grands » investisseurs sont en vacances ce mois-ci. Le nombre de transactions diminue et il y a beaucoup moins de liquidités sur les marchés. Par conséquent, il est possible que les marchés boursiers connaissent des fluctuations excessives. Au cours des 15 dernières années, les marchés boursiers américains ont en moyenne terminé en baisse au mois d’août.

Indépendamment de la pause estivale, nous estimons que les marchés boursiers pourraient reprendre leur souffle au cours des prochains mois après les solides performances enregistrées depuis le début de l'année. Tant la BCE que la Fed restent attachées à leurs politiques monétaires restrictives. C'est en partie pour cette raison que nous prévoyons un ralentissement de la croissance économique et que les marges des entreprises s'éroderont également en raison de l'inflation (due à la hausse des coûts d'exploitation et au ralentissement de la croissance du chiffre d'affaires). En théorie, cela devrait freiner quelque peu les marchés boursiers.

Cela dit, malgré les prévisions d'un léger ralentissement des marchés boursiers en 2023, ceux-ci ont continué à progresser à un rythme soutenu. C'est pourquoi, nous ne cessons de répéter notre adage : restez investis, quelles que soient les circonstances. Il est vain de vouloir anticiper les marchés, et cette année l'a encore démontré. Ceux qui se sont retirés en début d'année, par exemple, ont eu des regrets en voyant le prix de leurs actions grimper en flèche par la suite.
S'il y a un creux dans les mois à venir, nous y voyons surtout une occasion d'acheter. Après cette année, les bénéfices des entreprises devraient repartir à la hausse. L'inflation devrait également s'être un peu calmée et les banques centrales pourraient redonner de l'air à l'économie en réduisant les taux d'intérêt.

Préférence pour les actions européennes et asiatiques

Sur le plan régional, nous maintenons notre préférence pour les actions européennes par rapport aux actions américaines. Les actions européennes sont cotées avec une décote historiquement élevée par rapport aux actions américaines, sur la base des ratios cours-bénéfice estimés sur 12 mois. Alors que les performances des marchés d'actions américains ont été presque exclusivement tirées par le secteur technologique, celles des marchés européens l'ont été par une gamme plus diversifiée de secteurs.

Malgré leur trajectoire volatile, nous restons optimistes à l'égard des actions des marchés émergents, l'Asie demeurant notre région préférée. La fin imminente du cycle de hausse des taux de la Fed, l'affaiblissement du dollar et les initiatives visant à stimuler la croissance en Chine (soutien à la consommation et au marché immobilier) devraient soutenir la tendance à moyen terme.

Opportunités attrayantes pour les obligations d’entreprises Investment Grade

Il semblerait que le moment soit actuellement propice pour que les investisseurs se tournent vers les obligations d'entreprises Investment Grade, en raison des rendements absolus élevés qu'elles offrent. Grâce à leur qualité de crédit élevée et à leurs rendements attrayants dans un contexte économique en baisse, ces obligations devraient rester très recherchées par les investisseurs. La solidité du statut de crédit de la plupart des émetteurs reste intacte et les rendements de ce segment du marché obligataire ont rarement atteint des niveaux aussi élevés qu'aujourd'hui au cours des 15 dernières années. Sur base de ces facteurs, nous pensons que les obligations d'entreprise Investment Grade offrent toujours la combinaison risque/rendement la plus attrayante dans le segment des titres à revenu fixe.

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Les prévisions sont fondées sur des suppositions, évaluations, avis subjectifs, analyses et modèles hypothétiques qui peuvent se révéler faux. Fourni exclusivement à titre d’illustration. Le présent article et les informations qu’il contient ne constituent en aucune manière un conseil en investissement.

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1 Les obligations d'entreprise sont des prêts d'entreprise à durée déterminée, qui versent généralement des intérêts à des moments prédéterminés (sauf en cas d'échec). Cependant, il existe également des obligations qui ne paient pas d'intérêts pendant la durée du prêt. À la fin, l'entreprise rembourse le principal (sauf en cas de faillite). Les obligations d’entreprises qualifiées d’Investment Grade se caractérisent par un robuste bilan et un rating favorable (entre AAA et BBB-). On considère que ces obligations sont émises par des sociétés solvables.
2 Les obligations high yield sont des obligations dont le rating est inférieur à BBB- chez Standard & Poor’s, ou équivalent chez Moody’s ou Fitch. La probabilité de remboursement à l'échéance est d'autant plus incertaine que la notation de l'émetteur est faible. La probabilité de ne pas rembourser l'emprunt est importante lorsque la notation est inférieure à B-.

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