La BCE relève à nouveau ses taux d'intérêt malgré la faiblesse de l'économie

Marchés & Investissements - 28 juillet 2023

La BCE relève à nouveau ses taux d'intérêt malgré la faiblesse de l'économie

Rédigé par Wolf Kisker - Senior Capital Market Strategist


En résumé :
  • La BCE n'a pas surpris le marché et a relevé son taux directeur de 25 points de base. Dans le même temps, elle a souligné le ralentissement économique dans la région européenne.
  • Une nouvelle, voire dernière, hausse des taux d’ici la fin de l'année est probable, tandis qu'une pause en septembre n'est pas exclue.
  • Les rendements des obligations européennes ont temporairement baissé de manière significative. Si les espoirs d'une première baisse des taux en juin 2024 s'avèrent prématurés, les vents contraires pour les obligations européennes risquent de s'intensifier à nouveau.

Que s’est-il passé ?

Comme prévu, la BCE a relevé son taux directeur de 25 points de base. Elle a souligné qu'en dépit de la baisse récente, l'inflation dans la zone euro devrait rester trop élevée pendant longtemps. Cette neuvième hausse de taux consécutive, qui prend effet le 2 août, porte le taux de la facilité de prêt marginal à 4,50 %, le taux des opérations principales de refinancement à 4,25 % (le niveau le plus élevé depuis octobre 2008) et le taux de dépôt à 3,75 % (le niveau le plus élevé depuis plus de 22 ans).

La banque centrale a noté que les conditions de financement dans la zone euro s'étaient à nouveau resserrées et qu'elles freinaient de plus en plus la demande, qui est un facteur clé pour ramener l'inflation à l'objectif de 2 %. De plus, Christine Lagarde, présidente de la BCE, a souligné lors de la conférence de presse que les perspectives de croissance à court terme pour la zone euro s’étaient assombries. Alors que le ralentissement économique était principalement perceptible dans le secteur manufacturier, la croissance précédemment dynamique du secteur des services ralentissait également.

Lagarde a déclaré que la politique monétaire resterait dépendante des données, c'est-à-dire qu'elle serait basée sur les dernières données économiques et financières, la dynamique de l'inflation et la force de la transmission de la politique monétaire. Cependant, elle n'a pas utilisé les questions sur la trajectoire des taux pour annoncer à l’avance des nouvelles hausses de taux, comme elle l'a fait dans le passé, mais a déclaré : "Il y a la possibilité d'une hausse... Il y a la possibilité d'une pause".

La banque centrale a également annoncé qu'elle fixerait à 0 % les taux sur les réserves obligatoires des banques, ce qui améliorerait l'efficacité de la politique monétaire. Selon les statistiques de la BCE, le montant des réserves obligatoires détenues, qui portait auparavant intérêt à 3,25 % par an, s'élevait en moyenne à un peu moins de 165 milliards d'euros entre le 10 mai et le 20 juin 2023.

Comment les marchés financiers ont-ils réagi ?

Les marchés boursiers étaient déjà en nette hausse avant la décision de la BCE. Les actions européennes ont étendu leurs gains à plus de 2 % dans l'après-midi.

Suite aux déclarations de la présidente de la BCE, interprétées comme "dovish", le rendement des obligations d’État allemandes à deux ans a temporairement chuté de 12 points de base pour passer sous la barre des 3,02%, avant de rebondir à 3,08% au cours de la journée.

L'euro, qui s'était apprécié face au dollar américain jusqu'à 1,115 EUR/USD, a chuté de plus de 1 % pour s'établir à moins de 1,10 EUR/USD dans l'après-midi.

Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs ?

La banque centrale a souligné que le mécanisme de transmission de la politique monétaire joue un rôle central dans la fixation des taux. À la suite des nombreuses hausses de taux de la BCE, les rendements obligataires et les taux d'intérêt sur les nouveaux prêts et dépôts bancaires ont augmenté de manière significative et les banques sont devenues plus prudentes en matière de prêts, ce qui indique que les conditions de financement se resserrent.

Toutefois, la deuxième phase, au cours de laquelle la détérioration des conditions financières entraîne un affaiblissement de l'activité économique, semble ne faire que commencer. Cette observation pourrait conduire à une pause dans le cycle actuel des hausses de taux en septembre afin d'analyser l'impact du resserrement jusqu'à présent.

D'autre part, l'inflation de base, un indicateur très surveillé, a augmenté à 5,5 % en juin pour la première fois depuis mars. Les dernières prévisions de la BCE, datées de juin, supposent que l'inflation dans la zone euro restera supérieure à l'objectif de 2 % jusqu'à la fin de 2025. Les marchés attendent donc avec impatience les nouvelles prévisions de septembre. L'ampleur et la rapidité avec lesquelles le resserrement monétaire opéré jusqu'à présent se répercute sur l'économie réelle auront un impact majeur sur la politique monétaire après la prochaine réunion du 14 septembre.

Nous prévoyons une nouvelle hausse des taux d'ici la fin de l'année. Les marchés tablent sur une première baisse des taux de 25 points de base en juin 2024. Si la BCE est contrainte de prolonger son cycle de resserrement pour lutter contre une inflation obstinément élevée, ces attentes pourraient être prématurées. Cela impliquerait un potentiel de hausse pour les rendements obligataires européens, tandis que l'euro s'apprécierait.

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