France – prudemment optimiste

Marchés & Investissements - 5 décembre 2024

France – prudemment optimiste

Rédigé par Dr. Ulrich Stephan - Chief Investment Officer Germany, Dr. Dirk Steffen - Chief Investment Officer EMEA & Ahmed Khalid - Investment Strategist

Votre portefeuille est-il encore adapté à la situation économique ?
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En résumé :
  • Le Premier ministre français Michel Barnier a perdu une motion de censure. Il est désormais probable qu’un budget spécial soit adopté, ce qui reviendrait à prolonger en 2025 les dispositions du budget actuel en matière de collecte d’impôts et de dépenses.
  • Le moment choisi pour cette agitation politique est malheureux, alors que l’Europe a un besoin urgent d’unité et de réponses budgétaires cohérentes.
  • Les marchés avaient largement anticipé une telle issue. Après une première réaction modérée des actifs français, les investisseurs axés sur la valeur ont commencé à acheter des actions et des obligations françaises.
  • La performance des actifs français restera modérée à court terme, mais une prime de risque souverain attrayante se dessine à moyen terme. Nous voyons des opportunités d’entrée sur les actions françaises lors de potentiels accès de faiblesse, car les grandes entreprises françaises sont des acteurs mondiaux et les valorisations sont attractives.

Que s’est-il passé ?

L’impasse politique concernant la proposition du budget du Premier ministre français Michel Barnier a finalement poussé l’opposition de gauche et de droite à se réunir pour soutenir une motion de censure à son encontre. Il devient ainsi le 1er Premier ministre français à être battu par une motion de censure depuis 1962 et le Premier ministre dont le mandat est le plus court de l’histoire du pays (Cinquième République). Il sera désormais à la tête d’un gouvernement intérimaire jusqu’à ce qu’un nouveau Premier ministre soit nommé par le président Macron. Nous nous attendons à ce qu’Emmanuel Macron annonce rapidement la nomination d’un nouveau Premier ministre, compte tenu de l’urgence de la situation.

Dans l’état actuel des choses, il semble peu probable qu’un nouveau Premier ministre soit nommé et que le gouvernement parvienne à un consensus sur un nouveau budget avant la date limite constitutionnelle du 21 décembre pour l’approbation d’un nouveau budget. L’attention se porte désormais sur l’adoption d’une loi spéciale permettant la poursuite de la collecte des impôts et des dépenses publiques prévues par le budget 2024 actuel.

Conformément à la loi de finances française, cette mesure doit être adoptée avant le 19 décembre pour éviter une fermeture du gouvernement (et peut être adoptée par un gouvernement intérimaire). Les deux principaux partis d’opposition, le Nouveau Front Populaire et le Rassemblement National, ont exprimé leur soutien à cette loi spéciale.

Toutefois, si la loi spéciale n’est pas adoptée par le corps législatif, l’article 16 de la Constitution confère au président des pouvoirs exceptionnels en période de crise. Au-delà de ces échéances imminentes, l’incertitude politique semble devoir perdurer. La Constitution impose un délai minimum de 12 mois entre deux élections législatives, ce qui signifie qu’un nouveau scrutin ne pourra être convoqué qu’à partir de juillet 2025 au plus tôt. D’ici là, le nouveau Premier ministre sera confronté à des défis similaires à ceux de son prédécesseur.

Comment les marchés ont-ils réagi ?

Les actions européennes étaient en hausse de +0,5% au moment de la rédaction de cet article, avec le CAC 40 en progression de +0,3%, ce qui suggère que les évènements récents ont été largement anticipés par les marchés. Au niveau sectoriel, les secteurs du voyage et des loisirs, ainsi que les banques, ont enregistré les plus fortes hausses, suivis par l’automobile.

L’écart des obligations souveraines française à 10 ans (OAT) par rapport aux Bunds allemands a culminé à 85 points de base (pb) sur la journée avant de retomber sous les 80 pb pour la première fois depuis le 25 novembre, pour ensuite se stabiliser autour de 81 pb. L’écart des CSD (Credit Default Swap) à 10 ans sur la dette française en dollars est également resté largement stable, autour de 65 pb.

Le CAC 40 affiche de légères pertes depuis le début de l’année, mais étant donné que les entreprises françaises cotées sont pour la plupart globales, les vents contraires affectant certains secteurs ne sont pas directement liés à la situation politique domestique (par exemple, la faiblesse de la consommation). Cependant, les banques françaises ont sous-performé par rapport à leurs homologues européennes en raison du risque souverain accru, la prime de risque des obligations d’Etat françaises par rapport aux Bunds atteignant un sommet depuis la crise de la zone euro.

Bien que l’impasse politique devrait persister au moins jusqu’à la mi-2025, les marchés intègrent déjà largement ces vents contraires attendus. Les actions françaises devraient donc évoluer en ligne avec les actifs européens et suivre principalement les développements globaux tout au long de 2025. Les investisseurs obligataires seront compensés pour le risque souverain plus élevé par la prime de risque offerte par rapport aux Bunds.

Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs ?

Le moment choisi pour cette agitation politique est particulièrement problématique, avec l’échéance imminente du budget français et le besoin urgent pour l’Europe de solutions fiscales cohérentes et d’unité. La France, soumise à la procédure de déficit excessif de l’Union européenne, avait prévu de ramener son déficit budgétaire à 2,8% du PIB d’ici 2029. Le plan budgétaire de Michel Barnier incluait 60 milliards d’euros de coupes budgétaires ainsi qu’une augmentation des impôts. Ces mesures auraient été essentielles pour réduire le déficit public, passant de 6,4% du PIB cette année à 5,3% en 2025 et 5,4% en 2026, selon les prévisions de la Commission européenne.

Cependant, l’actuelle crise politique renforce les conclusions du FMI, qui estime que la France sera incapable de ramener son déficit budgétaire sous la limite européenne de 3% d’ici 2029. Le FMI prévoit actuellement que le déficit français restera autour de 5,9% dans les années à venir jusqu’en 2029. Le non-respect de la trajectoire de réduction du déficit convenue avec l’UE pourrait théoriquement entraîner des amendes allant jusqu’à 0,05% du PIB de l’année précédente. En pratique, toutefois, des sanctions significatives n’ont jamais été appliquées jusqu’à présent.

En ce qui concerne la performance des classes d’actifs, nous prévoyons que les actions françaises afficheront une performance modérée à court terme, compte tenu de l’incertitude. Toutefois, un repli négatif majeur est peu probable étant donné que les événements en cours ont été largement anticipés. En outre, une grande partie des actions françaises sont des sociétés multinationales (les sociétés cotées au CAC 40 réalisent en moyenne plus de trois quarts de leur chiffre d’affaires à l’étranger), qui sont susceptibles de faire preuve de résilience face aux turbulences politiques nationales. La faiblesse de ces actions peut être considérée comme une opportunité d’achat à long terme. Les écarts entre les OAT françaises et les Bunds devraient rester élevés, et un retour sous les niveaux inférieurs à 50 pb que nous avons observé en juin (avant l’annonce des élections anticipées) est peu probable à moyen terme. Néanmoins, la contagion aux obligations d’entreprises de qualité devrait être faible, compte tenu de la solvabilité élevée des entreprises françaises.

Enfin, il n’y a pas de contagion évidente à d’autres pays de la zone euro, ce qui peut être considéré comme un signe de bonne santé pour les marchés obligataires de la zone euro.

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