Fin d’été difficile pour les marchés financiers

Marchés & Investissements - 6 septembre 2023

Fin d’été difficile pour les marchés financiers

Rédigé par David Ghezal - Senior Investment Strategist
Chief Investment Office Europe

En résumé :
  • Les données économiques décevantes en Europe et surtout en Chine ont suscité des inquiétudes concernant les perspectives de croissance à court terme.
  • La rentrée s’annonce chargée et un regain de volatilité sur les bourses au cours des semaines à venir pourrait offrir de nouvelles occasions d’achats.
  • Les obligations proposent des rendements attrayants et sont notre classe d’actifs préférée, avec un focus sur les obligations d’entreprises de qualité.

Un mois d’août compliqué pour les marchés financiers

Les marchés financiers ont vécu un mois d’août compliqué, avec un recul pour la plupart des classes d’actifs. Les données économiques décevantes en Europe et surtout en Chine ont suscité des inquiétudes concernant les perspectives de croissance à court terme. En parallèle, les craintes sur l’orientation des politiques monétaires des banques centrales ont également pesé sur la tendance. Le sentiment que les taux d’intérêt devront rester à des niveaux élevés pendant longtemps pour vaincre l’inflation a gagné du terrain, le taux américain à 10 ans atteignant même brièvement son plus haut niveau (4,36%) dans le cycle actuel depuis 2007.

Bien qu’ils aient résorbé une partie de leurs pertes en cours de mois, les marchés d’actions se sont repliés sur un large front. Aux Etats-Unis, l’indice S&P 500 (-1,8%) et le Nasdaq (-2,2%) ont tous deux interrompu leur série de 5 mois de hausse consécutifs, tandis qu’en Europe les principaux indices ont également fini en baisse (par ex. Stoxx Europe 600 -2,8% et Euro Stoxx 50 -3,9%). C’est cependant l’indice MSCI Emerging Markets (-5,6%) qui a signé le plus important recul, plombé par la contre-performance de la Chine1.

La remontée des taux obligataires a également laissé des traces sur les marchés obligataires, même si le mouvement a perdu en intensité en fin de mois. Cette accalmie a permis aux emprunts d’Etat de la zone euro de contenir leur repli (-0,2%). En revanche, les bons du Trésor US (-0,7%) ont été davantage pénalisés par l’augmentation des émissions de dette pour financer le déficit public et une demande étrangère moins soutenue. La meilleure tenue relative des emprunts d’Etat de la zone euro a aussi engendré une surperformance des obligations d’entreprises Investment Grade2 et High Yield3 de ce côté de l’Atlantique.

Enfin, concernant les matières premières, les craintes d’une baisse de la consommation de métaux en Chine ont pesé sur le cours du cuivre qui a accusé un repli mensuel de 5,9%.

Il convient d’aborder les marchés avec prudence à court terme

Il faudra vraisemblablement encore composer avec de la volatilité au cours des semaines à venir et il convient d’aborder les marchés avec prudence. Bien que les indicateurs récents laissent augurer que le pic du resserrement monétaire est très proche, il est beaucoup trop tôt pour crier victoire sur le front de l’inflation. La Réserve fédérale (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) devraient donc garder leurs taux à des niveaux restrictifs le temps qu’il faudra pour observer des progrès tangibles à ce niveau, au risque de trop refroidir l’économie. Il fait peu de doute qu’elles seront attendues au tournant par les investisseurs pour leurs réunions de rentrée.

Ensuite, les incertitudes sur la croissance économique subsistent. Alors qu’un atterrissage en douceur de l’économie (« soft landing ») aux Etats-Unis reste possible, les marchés s’inquiètent davantage de la faiblesse de l’activité en Chine. Des initiatives plus fortes de Pékin pour stabiliser son secteur immobilier en difficultés et insuffler un nouvel élan à la reprise sont requises pour restaurer la confiance.

Enfin, du point de vue saisonnier, le mois de septembre fait souvent figure d’épouvantail pour les marchés boursiers. Le S&P 500 a fini septembre en baisse ces trois dernières années et, l’an dernier cela a été son pire mois (-9,4%) depuis la chute induite par la crise sanitaire en mars 2020.

De nouvelles occasions d’achats pourraient se présenter

Nous restons néanmoins fondamentalement positifs sur les actions à moyen terme et, selon nous, un regain de volatilité pourrait offrir de nouvelles occasions d’achats. Notre préférence va toujours à l’Europe par rapport aux Etats-Unis au vu de valorisations plus raisonnables (forte décote sur base des ratios cours/bénéfice estimé) et d'un potentiel d’appréciation (dividendes inclus) plus élevé à moyen terme. Nous pensons cependant que le marché boursier américain devrait également offrir des opportunités en cas de correction. Concernant les marchés émergents, l’Asie, où nous privilégions une exposition diversifiée, demeure notre région favorite.

Focus sur les obligations d’entreprises Investment Grade2

Les obligations, dont l’attrait relatif n’a cessé d’augmenter cette année, sont pour l’instant notre classe d’actifs préférée. Les conditions de marché actuelles offrent la possibilité aux investisseurs de verrouiller des rendements attractifs et, contrairement à l’an dernier, les coupons élevés permettent également de mieux absorber de nouvelles hausses éventuelles des taux d’intérêt. Les obligations d’entreprises Investment Grade, qui allient qualité de crédit élevée et rendements attrayants, restent notre segment de prédilection pour étoffer la partie obligataire des portefeuilles.

Le rendement moyen de la dette corporate en euros reste proche du plus haut niveau observé depuis une décennie et devrait continuer à attirer des flux de capitaux vers ce segment. Les obligations d’émetteurs financiers se négocient par ailleurs avec une prime de risque élevée par rapport aux émetteurs non-financiers dans une comparaison historique et qui reste toujours supérieure aux niveaux prévalant avant les remous dans le secteur financier au printemps dernier. Cette situation ne nous semble cependant pas justifiée au vu du profil de crédit robuste et de la bonne rentabilité de nombreux émetteurs financiers, ce qui offre également des possibilités de diversification intéressantes.

Nous recommandons de limiter l’exposition aux obligations spéculatives. L’augmentation des taux de défaut et le durcissement des conditions d’octroi de crédit incitent à faire preuve de davantage de retenue envers ce segment à ce stade malgré des rendements plus élevés.

Vous souhaitez investir dans le segment obligataire ?

Découvrez aussi l'analyse des marchés financiers de David Ghezal dans son interview sur Canal Z


(pour voir l'intervention de notre Senior Investment Strategist, visionnez la vidéo de la minute 14:22 à 20:03)

Les produits d'investissements sont sujets à risques. Ils peuvent évoluer à la hausse comme à la baisse (volatilité) et vous pouvez ne pas récupérer le montant de votre investissement.

Toute décision d’investissement doit être conforme au Financial ID (profil d’investisseur) du client.

Les prévisions sont fondées sur des suppositions, évaluations, avis subjectifs, analyses et modèles hypothétiques qui peuvent se révéler faux. Fourni exclusivement à titre d’illustration. Le présent article et les informations qu’il contient ne constituent en aucune manière un conseil en investissement.

Partagez cet article


Ceci pourrait également vous intéresser

4 septembre 2023

L'inflation persistante dans la zone euro exercera-t-elle une pression sur le dollar ?

25 août 2023

Focus sur les obligations d'entreprises en euros

21 août 2023

Chine : regarder au-delà des défis à court terme

1  Source : Bloomberg.

2 Les obligations d'entreprise sont des prêts d'entreprise à durée déterminée, qui versent généralement des intérêts à des moments prédéterminés (sauf en cas d'échec). Cependant, il existe également des obligations qui ne paient pas d'intérêts pendant la durée du prêt. À la fin, l'entreprise rembourse le principal (sauf en cas de faillite). Les obligations d’entreprises qualifiées d’Investment Grade se caractérisent par un robuste bilan et un rating favorable (entre AAA et BBB-). On considère que ces obligations sont émises par des sociétés solvables.

3 Les obligations high yield sont des obligations dont le rating est inférieur à BBB- chez Standard & Poor’s, ou équivalent chez Moody’s ou Fitch. La probabilité de remboursement à l'échéance est d'autant plus incertaine que la notation de l'émetteur est faible. La probabilité de ne pas rembourser l'emprunt est importante lorsque la notation est inférieure à B-.

×