L'euro prêt pour un retour en force ?

Marchés

L'euro prêt pour un retour en force ?

6 avril 2022 - Lu en 4 min. 

Rédigé par

Stefanie Holtze-Jen, Michael Blumenroth & Stefan Köhling
Chief Investment Officer APAC - Investment Strategist Europe - Investment Strategist Europe

En résumé :
  • La guerre entre la Russie et l'Ukraine et l'attitude plus restrictive de la Réserve fédérale depuis le début de l'année ont soutenu le dollar US au 1er trimestre.
  • La BCE devrait également réagir à l’accélération beaucoup plus forte que prévu de l'inflation dans la zone euro, ce qui devrait soutenir l'euro.
  • Notre prévision pour le taux de change EUR/USD est de 1,15 sur un horizon de 12 mois.

Que s’est-il passé ?

Ces derniers mois, la demande des investisseurs pour le dollar US a été assez importante. Le dollar US s’est apprécié par rapport à l'euro, passant même temporairement sous la barre de 1,09, soit son plus haut niveau depuis mars 2020. Cette évolution a surtout été liée à l'évolution du sentiment vis-à-vis du risque. Alors qu'en fin d'année dernière, la propagation du variant Omicron du coronavirus était le facteur dominant sur les marchés financiers, depuis fin février, la crise ukrainienne a été la principale raison pour laquelle les investisseurs ont réalloué leurs liquidités, ce qui a soutenu des valeurs refuges telles que le dollar US.

Les fluctuations des taux d’intérêt au cours de ces dernières semaines ont été un autre facteur ayant influencé l’évolution des deux devises. La Réserve fédérale (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) ont toutes deux reconnu la persistance des pressions inflationnistes et ont commencé à normaliser leur politique monétaire. Mais, alors que la BCE a seulement commencé à réduire le rythme de ses achats nets d'actifs, la Fed a déjà relevé son taux d'intérêt directeur de 0,25% lors de sa dernière réunion, et ce pour la première fois depuis 2018.

Nouveau tournant pour l’euro

Toutefois, la BCE a adopté une position plus restrictive et n'exclut plus une hausse des taux cette année. Ce changement de ton de la banque centrale a entraîné une augmentation significative des taux obligataires. Mais, comme la Fed est plus avancée dans son cycle de politique monétaire et qu’elle envisage de relever le taux des fonds fédéraux à plusieurs reprises cette année, les rendements des bons du Trésor américains ont plus augmenté que ceux des emprunts d’Etat de la zone euro. Cette divergence a été un facteur important de la force relative du dollar US. La forte dépendance de l’Europe à l'égard des importations de pétrole et de gaz de la Russie a également constitué un fort vent contraire pour l’euro ces dernières semaines. Les États-Unis, en revanche, sont autosuffisants à ce niveau.

Cependant, les données sur l'inflation en mars ont largement dépassé les attentes, et ce tant en Allemagne qu'en Espagne par exemple. Après la publication de ces chiffres, il semble maintenant fort possible que l'inflation dans la zone euro accélère jusqu’à des niveaux encore plus élevés qu’aux États-Unis. Ce développement augmente aussi la pression sur la BCE pour qu'elle revoie sa politique monétaire expansionniste en temps opportun.

Comment les marchés financiers ont-ils réagi ?

Les marchés obligataires européens ont subi d’importantes ventes de la part des investisseurs. Le rendement des emprunts d'État allemands à 2 ans est même redevenu positif pour la première fois depuis 2014. Le rendement des Bunds allemands à 10 ans a, pour sa part, augmenté de 75 points de base pour atteindre 0,58% à la fin du 1er trimestre, soit sa plus forte hausse depuis 1994. Sur le marché des changes, l’euro continue à osciller autour de 1,10 par rapport au dollar US.

Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs ?

Nous pensons que de nombreux arguments plaident en faveur de l'euro. L'euro s'est révélé être une monnaie pro-cyclique dans le passé, en s'appréciant en périodes de reprise économique. Si le conflit Russie-Ukraine évoluait vers une phase plus localisée et que la probabilité de certains scénarios plus extrêmes venait à diminuer, la zone euro pourrait toujours afficher une croissance supérieure à son potentiel en 2022 et 2023. Comme nous anticipons également que le frein sur l’économie lié à la crise ukrainienne soit temporaire, l'activité économique dans la zone euro devrait réaccélérer, soutenue par un effet de rattrapage résultant de la levée des mesures sanitaires au cours du printemps. Et, avec le versement des aides du fonds de relance européen (Next Generation EU), les pays de la zone euro bénéficieront également de mesures de relance budgétaire.

En outre, des rendements plus positifs en termes absolus dans la zone euro pourraient attirer plus de capitaux à l'avenir, ce qui renforcerait également l'euro. Les marchés ayant déjà anticipé une trajectoire de hausse des taux très raide aux États-Unis, il est peu probable que la Fed adopte une position encore plus restrictive. À cet égard, toute politique plus restrictive de la BCE devrait soutenir l'euro. En définitive, le taux de change EUR/USD est directement lié à l'issue de la crise ukrainienne. Une nouvelle escalade limiterait le potentiel d’appréciation de l'euro.

Le dollar : une valeur refuge ?

En ce qui concerne le billet vert, la dynamique à plus long terme de la diversification du dollar US est également en jeu dans le secteur des matières premières. Et, toujours sur une période plus longue, les banques centrales pourraient également remettre en question le dollar US en tant que devise refuge pour leurs réserves de change, au vu des sanctions sans précédent contre la banque centrale russe.

Conclusion

Au cours des derniers mois, la demande des investisseurs pour le dollar US a été élevée, car le sentiment vis-à-vis du risque et les fluctuations relatives des taux obligataires ont soutenu la devise américaine contre l'euro. Toutefois, les marchés ayant déjà intégré une forte remontée des taux d'intérêt aux États-Unis, il est peu probable que la Fed adopte une attitude encore plus ferme. Cependant, la BCE pourrait quant à elle mener une politique monétaire plus restrictive.

Les perspectives de l'euro sont plutôt favorables pour l'avenir. Malgré le risque d'une nouvelle escalade de la crise ukrainienne, nous prévoyons une poursuite de la tendance à l’appréciation de l'euro. Notre anticipons un taux de change EUR/USD de 1,15 en mars 2023.

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