Rédigé par
David Ghezal
Investment Strategist
Les infections au Covid-19 continuent d'augmenter en Europe. Après les chiffres records de la semaine dernière, la tendance à la hausse se poursuit dans tous les pays. L'Allemagne signale désormais près de 15.000 nouvelles infections quotidiennes, la France plus de 30.000, l'Italie plus de 20.000, l'Espagne plus de 18.000 et les Pays-Bas plus de 10.000.
Les chiffres communiqués dans les cinq pays les plus peuplés de la zone euro sont désormais plus importants que lors de la première vague en mars et avril (avec des taux de dépistage bien plus élevés, bien entendu). Les unités de soins intensifs des hôpitaux fonctionnent désormais à pleine capacité dans certaines régions de la Belgique, des Pays-Bas, d'Espagne et de France. Pendant les mois d'été, le virus semblait être généralement sous contrôle en Europe, avec des « hotspots » ailleurs dans le monde, comme par exemple en Inde, au Brésil et aux États-Unis. Mais, depuis septembre, les nouveaux cas d'infection augmentent presque partout en Europe.
Les marchés financiers s'inquiètent par conséquent des perturbations économiques liées à de nouveaux confinements. Si, dans un premier temps, les gouvernements en Europe ont exclu d'imposer à nouveau des restrictions larges et strictes à l'échelle nationale, des mesures spécifiques se sont multipliées dans toute l'Europe.
Inquiets des conséquences économiques découlant de l’annonce de nouvelles mesures restrictives, les marchés d'actions européens ont reculé ces dernières semaines. L'indice Euro Stoxx 50 a encore clôturé en baisse de 3,5 % ce 28 octobre, les secteurs cycliques étant les plus touchés. Ce faisant, il est revenu à ses niveaux de fin mai.
De leur côté, les Bunds allemands n'ont que peu profité de ce regain d’aversion au risque, avec une baisse de 0,01% du taux à 10 ans jusqu’à - 0,63%. Enfin, sur le marché des changes, l’euro s’est déprécié par rapport au dollar US avec le retour du taux de change EUR/USD autour de 1,17.
Avant la dernière augmentation du nombre d'infections, les économies et les marchés boursiers en Europe s'étaient rapidement remis des creux du début d'année. Mais le fort rebond du nombre d'infections au coronavirus et la détérioration du sentiment vont très probablement conduire à une modération substantielle de la croissance au 4e trimestre 2020. Ceci est conforme à notre point de vue de longue date selon lequel, après une forte reprise initiale, la croissance en Europe serait beaucoup plus lente - et les développements récents augmentent les risques de baisse. Un retour aux niveaux de PIB d'avant-crise n'est anticipé que d'ici 2022.
Si l'on compare la situation actuelle avec le ralentissement initial vers la fin du 1er trimestre 2020, il convient de noter que les connaissances sur le virus se sont améliorées et que la recherche sur les traitements médicaux et les vaccins a progressé. Toutefois, ce dernier point ne sera abordé que plus tard en 2021, car les programmes de vaccination pourraient ne pas être pleinement déployés dans l'ensemble de la population avant le 2e semestre 2021.
Des mécanismes de soutien monétaire et budgétaire sont également en place et les restrictions actuelles ne vont pas aussi loin qu’en mars dernier. Par conséquent, nous n’anticipons pas de chute drastique du PIB ou d'autres mesures de production comme ce fut le cas au 2e trimestre 2020. Par ailleurs, l'économie chinoise semble également forte aujourd'hui. Il y a également plus de confiance que ces mesures restrictives fonctionneront que lors des premiers stades de la pandémie. Toutefois, l'extension des mesures de confinement régionales ou locales vers un confinement national élargi comporte toujours un risque supplémentaire pour le sentiment, même si elle a un impact moindre sur les secteurs des services et manufacturier qu'en début d'année.
Les élections américaines de la semaine prochaine (et ses éventuelles conséquences) ajoutent également à l'incertitude. Tout cela risque de l'emporter sur des nouvelles raisonnablement bonnes concernant les bénéfices des entreprises pour le 3e trimestre. En outre, s'il est probable que de nouvelles mesures fiscales destinées à compenser l'impact des nouvelles mesures restrictives devraient finir par rassurer les marchés, elles pourraient prendre du temps à se concrétiser.
En résumé, les nouvelles restrictions pour limiter la propagation du coronavirus en Europe ainsi que l'affaiblissement des indicateurs économiques nous rappellent qu'après une forte reprise initiale, le chemin de la reprise pourrait être chaotique. Il faudra sans doute deux à trois semaines pour avoir la preuve que les nouvelles mesures sont efficaces. Dans l’intervalle, les marchés boursiers connaîtront probablement une volatilité élevée.
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