- La semaine dernière a été marquée par une intensification du conflit commercial entre les États-Unis et la Chine.
- Les derniers commentaires du président Donald Trump indiquent que les États-Unis sont prêts à négocier si Pékin se montre « raisonnable », apportant ainsi un certain réconfort aux marchés après la séance de vente massive de vendredi. Actuellement, les risques sont bilatéraux et la volatilité pourrait persister à court terme.
- En ce qui concerne les actions chinoises, les marchés concentreront leur attention sur les prochains événements politiques domestiques, notamment le 4ème Plenum prévu du 20 au 23 octobre et la réunion de la Conférence centrale sur le travail économique (CEWC) en décembre.
- L’expansion des secteurs stratégiques tels que la technologie, la recherche et développement (R&D) et la transition verte devrait profiter aux grandes entreprises technologiques et aux acteurs de l’internet qui dominent le Hang Seng Index, lequel se négocie actuellement à un ratio cours/bénéfice (P/E) attractif de 11,1x.
Que s’est-il passé ?
La semaine dernière a été marquée par une intensification de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine.
- Le 9 octobre, la Chine a renforcé son contrôle sur les terres rares en ajoutant cinq nouveaux éléments à la liste de contrôle des exportations, s’ajoutant aux sept annoncés en avril dernier. Elle impose désormais des restrictions à l’exportation sur 12 métaux de terres rares sur 17.
- Le 10 octobre, le président Trump a menacé d’imposer des droits de douanes supplémentaires de 100% sur l’ensemble des importations chinoises. Cette mesure est perçue comme une tactique de pression visant à obtenir des concessions de Pékin en matière de commerce, de technologie et de lutte contre le fentanyl.
En réponse, la Chine a promis de prendre des « contre-mesures sévères », incluant de potentielles interdictions d’exportation sur des logiciels critiques et des composants technologiques. Cette réaction traduit la volonté de Pékin de résister aux pressions unilatérales et de protéger ses industries stratégiques.
À première vue, la décision de la Chine peut paraître inhabituelle, dans la mesure où ses actions dans le conflit commercial bilatéral ont jusqu’à présent été principalement de nature réactive. Toutefois, le 29 septembre, les États-Unis ont annoncé une extension majeure de leur régime de contrôle des exportations via une « règle d’affiliation » (affiliate rule) restreignant les exportations vers les entreprises ayant des liens financiers avec une « entity list ». Autrement dit, les exportateurs américains doivent obtenir une autorisation spéciale pour vendre des technologies, des logiciels ou des biens à des entités figurant sur cette liste. Cette mesure élargit considérablement la portée du dispositif et pourrait avoir d’importantes répercussions sur les entreprises chinoises dépendantes des technologies américaines. Ces règles n’entreront pleinement en vigueur que le 28 novembre, soit quelques jours avant la mise en application des nouvelles mesures chinoises. On peut également considérer que le nouveau régime chinois s’inspire de la « règle du produit direct étranger » (foreign direct product rule) américaine appliquée aux semi-conducteurs haut de gamme, qui vise non seulement les exportations directes d’un produit ciblé mais aussi celles d’autres pays intégrant ce produit.
Dynamique commerciale
Bien que la guerre commerciale s’intensifie, les exportations chinoises ont progressé en septembre à leur rythme le plus rapide depuis six mois, en hausse de 8,3% sur un an, tandis que l’excédent commercial s’est accru de 11% sur un an pour atteindre 90,5 milliards USD, porté par une forte demande hors États-Unis. Cette solidité reflète la stratégie de diversification en cours, ainsi que des réacheminements via des pays appliquant des droits de douane plus faibles. Les exportations vers les États-Unis ont reculé de 27% sur un an, tandis que les exportations de terres rares ont chuté de 30% en rythme mensuel. Les importations ont progressé de 7,4% sur un an, leur plus forte hausse depuis avril 2024, malgré une baisse de 16% des importations en provenance des États-Unis, compensée par une substitution des importations de soja américain. La Chine réduit ainsi avec succès sa dépendance aux États-Unis, limitant l’impact des nouveaux tarifs américains.
Les récents commentaires du président Donald Trump indiquent que les États-Unis sont disposés à négocier si Pékin se montre « raisonnable », apportant ainsi un certain réconfort aux marchés après la séance de ventes massives de vendredi 10 octobre.
Comment les marchés ont-ils réagi ?
Lundi, le rendement des obligations d’État chinoises à 10 ans est tombé à environ 1,75%, son plus bas niveau en cinq semaines, alors que les investisseurs se sont tournés vers les actifs refuges. Le yuan offshore s’est légèrement raffermi autour de 7,14 USD/CNY, effaçant une partie de ses pertes précédentes. Les marchés asiatiques ont partiellement effacé leurs pertes importantes, mais ont tout de même terminé la journée en territoire négatif. Hong Kong a finalement clôturé avec une perte d’environ 1,5%, marquant une sixième séance consécutive de baisse et atteignant son plus bas niveau en un mois. Sur le continent chinois, les pertes sont restées limitées à moins de 1%.
Vendredi 10 octobre, les principaux indices américains avaient perdu environ 2.000 milliards USD de capitalisation boursière, enregistrant ainsi leur pire performance quotidienne depuis avril. Le NASDAQ Composite (fortement pondéré en valeur technologiques) avait reculé de 3,6%, tandis que le S&P 500 avait cédé 2,7% et le Dow Jones 1,9%. Lundi, les marchés ont effacé une partie de ces pertes, avec une reprise de 1,56% pour le S&P 500 et 2,21% pour le Nasdaq. Les attentes restent cependant focalisées sur la saison des résultats du troisième trimestre, qui débute cette semaine avec la publication des résultats des grandes banques américaines.
Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs ?
La montée des tensions menace de compromettre des mois de progrès dans les négociations commerciales. Le marché tablait jusque-là sur une amélioration des relations entre Washington et Pékin et sur un compromis lors de la rencontre prévue entre le président Trump et le président Xi Jinping lors du prochain sommet de l’APEC en Corée du Sud (31 octobre – 1er novembre). Les inquiétudes liées à d’éventuelles représailles chinoises et à une guerre commerciale ouverte ont entraîné une réévaluation rapide des risques.
Les valeurs technologiques, notamment les fabricants de semi-conducteurs dépendant fortement des échanges avec la Chine, ont été les plus touchées, mais la correction s’est étendue à l’ensemble du marché dans un contexte de réduction du risque par les investisseurs. Ce mouvement pourrait être lié au durcissement rhétorique, ou simplement à une consolidation après le récent rallye. La multiplication des risques politiques mondiaux - crises gouvernementales au Japon et en France, fermeture partielle du gouvernement américain, incertitudes budgétaires au Royaume-Uni - alimente la sensibilité des marchés et la volatilité1, en particulier aux États-Unis où les valorisations sont élevées.
Perspectives
La principale question pour les marchés est désormais de savoir si les tarifs récemment annoncés par les États-Unis et la Chine seront effectivement appliqués - ce qui perturberait fortement les chaînes d’approvisionnement mondiales, en particulier dans les secteurs technologiques - ou s’ils serviront simplement de levier de négociation en amont des discussions bilatérales prévues lors du sommet de l’APEC (la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique). Le succès relatif des contrôles à l’exportation de terres rares plus tôt dans l’année pourrait inciter Pékin à durcir sa position. Des sources récentes indiquent que la Chine cherche en particulier à obtenir la suppression du tarif de 20% imposé par les États-Unis cette année.
À ce stade, les risques demeurent bilatéraux et la volatilité pourrait perdurer à court terme. Les récents mouvements politiques ouvrent une gamme de scénarios plus large qu’au cours des précédentes discussions commerciales, allant de concessions accrues à des restrictions supplémentaires et une hausse des droits de douane, au moins temporairement. La rencontre présidentielle prévue à l’APEC fin octobre, ainsi qu’un éventuel entretien entre la secrétaire au Trésor Bessent et le vice-premier ministre He Lifeng à Francfort dans les semaines à venir, pourraient signaler une escalade tactique avant la fin de la suspension tarifaire le 10 novembre.
L’incertitude autour de la politique commerciale a été un facteur clé de volatilité des marchés d’actions cette année, et une nouvelle phase charnière semble se profiler. Si cette incertitude persiste début novembre, une correction plus marquée ne peut être exclue. À l’inverse, si elle s’avère n’être qu’une tactique de négociation et qu’un accord est trouvé lors du sommet de Séoul, la correction actuelle pourrait constituer une opportunité d’achat.
Focus sur les actions chinoises
Les marchés se tourneront également vers des événements politiques domestiques clés. Le 4ème Plenum du Comité central du Parti communiste chinois est prévu du 20 au 23 octobre. Bien qu’aucune impulsion de croissance immédiate ne soit attendue, la session devrait définir les priorités du prochain plan quinquennal, attendu en mars 2026. Le CEWC, prévu à la mi-décembre, pourrait fournir des indications plus concrètes sur ce plan.
Parmi les priorités figurent la stabilisation du marché immobilier, la relance de la demande intérieure et l’expansion des secteurs stratégiques (technologie, recherche et développement (R&D), transition verte). Ces initiatives devraient particulièrement bénéficier aux grandes entreprises technologiques et aux acteurs de l’internet qui dominent l’indice Hang Seng. Avec un ratio cours/bénéfice de 11,1x sur les bénéfices attendus en 2026, la valorisation des H-shares se situe globalement dans la moyenne de long terme, ce qui pourrait soutenir un rebond du marché hongkongais.
Votre portefeuille est-il encore adapté à la situation économique ?
Vous n'êtes pas encore client(e) ?
Devenez client(e) pour profiter des conseils de nos experts.
Vous êtes déjà client(e) ?
Appelez Talk & Invest au 078 156 157 ou prenez rendez-vous dans votre Advisory Center au 078 155 150 ou en ligne.
Les produits d'investissements sont sujets à risques. Ils peuvent évoluer à la hausse comme à la baisse et vous pouvez ne pas récupérer le montant de votre investissement. Toute décision d’investissement doit être conforme à votre Financial ID (profil d’investisseur). Plus d’infos sur deutschebank.be/financialid.
Les prévisions sont fondées sur des suppositions, évaluations, avis subjectifs, analyses et modèles hypothétiques qui peuvent se révéler faux. Le présent article et les informations qu’il contient ne constituent en aucune manière un conseil en investissement. Fourni exclusivement à titre d’illustration.
Les performances passées ne constituent pas un indicateur fiable des performances futures. Les résultats se réfèrent à une valeur nominale basée sur les plus et moins-values de cours. Il n’est pas tenu compte de l’inflation. L’inflation a une influence négative sur le pouvoir d’achat de cette valeur monétaire nominale. En fonction du niveau d’inflation, cela peut entraîner une perte de valeur réelle, même si la performance nominale de l’investissement est positive.
Recevez par e-mail l’essentiel de l’actualité financière
Pas encore client(e) ? Restez néanmoins informé(e) de nos opportunités d’investissement ainsi que des nouveautés au sein de nos services pour vos placements.
Vous pourrez vous désinscrire à tout moment.
Ceci pourrait également vous intéresser
1 La volatilité fait référence à la mesure et à la rapidité avec lesquelles le prix d’une action, d’une obligation, d’un fonds ou d’un indice, par exemple, évolue au fil du temps.