Rédigé par
Gerit Heinz
Chief Strategist
Stefan Köhling, CFA®
Investment Strategist Europe
En résumé :
Lors de sa réunion d'octobre, la BCE n'a pas modifié l’orientation de sa politique monétaire, comme cela était largement attendu. Mais, dans le même temps, elle a reconnu que le CPI (indice des prix à la consommation) réel et les anticipations d'inflation du marché avaient augmenté. La BCE a également pris acte de l'affaiblissement de la dynamique économique. Néanmoins, elle s'attend toujours à ce que la production dans la zone euro dépasse les niveaux pré-pandémiques d'ici la fin de l'année.
Le défi pour la BCE était de trouver un juste équilibre entre les préoccupations grandissantes concernant l'inflation et celles relatives au ralentissement de la croissance économique.
L'argument de l'inflation a joué un rôle central dans la conférence de presse qui a suivi la réunion. La BCE estime désormais que les pressions inflationnistes persisteront plus longtemps que prévu, mais elle prévoit toujours que l'inflation restera inférieure à l'objectif de 2% à moyen terme. Elle considère également que les risques haussiers pour ses perspectives d'inflation sont plus importants que lors de la réunion précédente, si les contraintes du côté de l'offre persistent plus longtemps que prévu et se traduisent par une croissance des salaires plus élevée qu’anticipé. Pour l'instant, la BCE pense que l'inflation va ralentir dans le courant de l'année prochaine. Elle s'appuie sur le fait que les trois principaux facteurs contribuant à la hausse de l'inflation - les prix de l'énergie, la demande supérieure à l'offre et les effets de base liés à la fin de la réduction de la TVA en Allemagne - s'atténueront courant 2022.
Malgré la hausse des taux d'intérêt sur les marchés, la BCE estime toujours que les conditions de financement sont favorables et elle se sent à l'aise avec le rythme actuel des achats d'actifs. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a également réaffirmé que la BCE discutera des futurs achats nets d'actifs et des deux programmes d'achat d'actifs, l'APP et le PEPP, lors de sa réunion de décembre.
Le changement d'évaluation de l'inflation a engendré une certaine volatilité sur les marchés obligataires. En particulier, les rendements des emprunts d'État de la périphérie de la zone euro ont fortement augmenté pendant la conférence de presse. Le rendement des emprunts d'État italiens à 10 ans a augmenté de 15 points de base pour atteindre 1,09%, mais a légèrement diminué par la suite. Le rendement des Bunds allemands à 10 ans a également augmenté, mais dans une moindre mesure (+3 points de base jusqu’à -0,15%). Du côté des marchés d’actions, l'indice Euro Stoxx 50 est resté globalement inchangé à +0,1%. Enfin, le taux de change EUR/USD a progressé de +0,6% jusqu’à 1,167.
L'inflation a été un sujet clé des discussions du Conseil des gouverneurs de la BCE selon Mme Lagarde qui a déclaré lors de la conférence de presse qu'ils avaient discuté "d'inflation, d'inflation et d'inflation". La hausse des prix à la consommation dans l'ensemble de la zone euro a atteint 3,4% en rythme annuel en septembre mais les chiffres par pays, comme le chiffre d'octobre pour la Belgique (+4,16% par rapport à il y a 12 mois), indiquent des taux encore plus élevés au dernier trimestre de l'année. La BCE le reconnaît également mais elle anticipe une diminution de l'inflation l'année prochaine. Plus important encore, l'inflation sera toujours inférieure à l'objectif à la fin de l’horizon de prévision (2023). Les prévisions macroéconomiques présentées lors de la dernière réunion de la BCE tablaient sur une inflation de 1,7% en 2022 et de 1,5% en 2023.
Cette vue sur l’inflation et son extrême réticence à commenter l'anticipation de hausses de taux par les marchés ou le durcissement des politiques d'autres banques centrales (par exemple, la Banque du Canada a annoncé cette semaine qu'elle mettrait fin à ses achats nets d'actifs) laissent penser que la BCE continuera à mener une politique monétaire relativement accommodante.
La présidente Lagarde a laissé entendre qu'elle s'attendait à ce que le PEPP prenne fin en mars 2022. Cependant, nous pensons que cela sera sans doute suivi d'une augmentation de l'APP afin de fournir un stimulus pour atteindre l'objectif d'inflation de la BCE. La réunion du mois de décembre sera probablement décisive pour les plans futurs concernant le PEPP et l’APP. La reconnaissance de l'inflation et une déclaration plus claire concernant le PEPP par Mme Lagarde lors de la conférence de presse (par rapport au communiqué de presse officiel après la réunion) sont les raisons pour lesquelles les rendements obligataires ont augmenté sur fond de volatilité plus élevée.
Bien que la BCE soit à la traîne des autres banques centrales en matière de resserrement monétaire, les taux obligataires européens ne peuvent être déconnectés des évolutions mondiales. "L'inflation, l'inflation et l'inflation" a semé la confusion sur les marchés et fait grimper les rendements et la volatilité. Par rapport aux autres banques centrales, la politique monétaire de la BCE devrait rester accommodante. Néanmoins, une réduction éventuelle des achats d'obligations de la BCE et une offre abondante sur le marché devraient favoriser une hausse des taux d'intérêt à moyen terme.
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