Idée reçue n°1 : « Je suis encore trop jeune pour un mandat de protection extrajudiciaire »
Beaucoup pensent que le mandat de protection extrajudiciaire ne devient pertinent qu’en cas de maladies liées à l’âge ou de démence. Mais que vous ayez 18 ou 88 ans, chacun peut être confronté à une incapacité juridique à la suite d’un accident, d’une maladie, d’un coma ou d’une pathologie neurologique. L’âge n’a donc aucune importance pour établir un mandat de protection. Vous pouvez le faire à tout moment, pour autant que vous soyez juridiquement capable au moment de la signature.
Le mandat de protection extrajudiciaire n’est d’ailleurs pas utile uniquement en cas de démence ou de coma prolongé. Même si vous êtes en parfaite santé mentale, vous pouvez déléguer certaines tâches à un mandataire : remplir votre déclaration fiscale, gérer votre portefeuille d’investissement ou encore régler vos affaires financières lorsque vous traversez une période de maladie temporaire.
Si vous attendez trop longtemps (par exemple lorsque des problèmes cognitifs commencent à apparaître), vous risquez de ne plus être en mesure d’établir valablement un mandat. Pensez-y donc dès maintenant, même si tout va bien.
Idée reçue n°2 : « Un mandat de protection extrajudiciaire doit toujours être établi par un notaire »
Vous pouvez rédiger vous-même un mandat de protection extrajudiciaire sous seing privé, à condition de le faire enregistrer pour qu’il ait une valeur légale. Si vous souhaitez que votre mandataire puisse poser des actes patrimoniaux importants (vendre un bien immobilier, effectuer des donations notariées ou modifier votre contrat de mariage), un mandat de protection extrajudiciaire notarié est en revanche obligatoire.
L’avantage majeur ? L’intervention d’un notaire vous assure que tout est juridiquement bien encadré. C’est pourquoi nous recommandons généralement d’opter directement pour la forme notariée, d’autant que le coût reste raisonnable.
Idée reçue n°3 : « Une procuration classique suffit »
Une procuration ordinaire prend automatiquement fin dès que le mandant devient incapable juridiquement, précisément au moment où vous en avez le plus besoin. Un mandat de protection extrajudiciaire, lui, reste valable lorsque vous devenez incapable, ce qui en fait un outil essentiel de planification patrimoniale.
Idée reçue n°4 : « L’enregistrement est facultatif »
C’est probablement l’erreur la plus coûteuse. L’enregistrement dans le Registre central des mandats est une condition indispensable afin que le mandat soit valable.
Sans enregistrement, le juge de paix désignera un administrateur provisoire si vous devenez incapable, ce qui prend du temps et vous fait perdre le contrôle sur la gestion de vos affaires.
Idée reçue n°5 : « Mon mandataire peut tout faire »
Bien qu’un mandat de protection extrajudiciaire permette de régler de nombreux aspects pratiques, il existe d’importantes limitations. Certains actes extrêmement personnels ne sont pas autorisés. Ainsi, votre mandataire ne peut pas rédiger ou modifier de testament pour vous, ni prendre de dispositions en matière d’euthanasie, ni faire de déclarations médicales personnelles.
Par exemple, voici ce qui est possible (mais pas obligatoire) via un mandat de protection extrajudiciaire :
- gérer les comptes bancaires et payer les factures
- vendre des biens immobiliers et les mettre en location
- gérer les portefeuilles d’investissement
- faire des donations (dans les limites fixées)
- accepter ou rejeter une succession
- choisir un établissement de soins
- déterminer qui peut consulter votre dossier médical
À côté de votre mandat de protection extrajudiciaire, pensez à compléter des documents distincts afin de régler certaines questions comme une déclaration d’euthanasie ou un régime de don d’organes.
Idée reçue n°6 : « Ma famille s’occupera automatiquement de moi »
Sans mandat de protection extrajudiciaire formel, même votre partenaire ou votre enfant n’a aucun droit automatique pour gérer vos affaires en cas d’incapacité. Cela peut conduire à des situations difficiles où votre enfant ne peut même pas consulter ou utiliser votre compte bancaire pour payer vos médicaments sans l’intervention d’un administrateur de biens désigné par le juge de paix.
Sans règles claires, des conflits familiaux peuvent également survenir quant à savoir qui peut prendre quelles décisions. Le mandat de protection extrajudiciaire clarifie tout cela en définissant à l’avance ces différents aspects. Rien qu’au premier semestre 2025, plus de 66.000 nouveaux mandats de protection extrajudiciaire ont été enregistrés en Belgique1 : leur popularité ne doit rien au hasard.
Idée reçue n°7 : « Un mandat de protection est une carte blanche au risque d’abus »
Un mandat de protection extrajudiciaire n’est pas une carte blanche donnée au mandataire, à condition qu’il soit bien rédigé. Si le mandat est mal exécuté, tout intéressé (par ex. un membre de la famille) peut saisir le juge de paix.
Mécanismes de protection intégrés :
- Désignation d’une personne de confiance : outre un mandataire, vous pouvez également désigner une personne de confiance qui surveille l’exécution du mandat de protection extrajudiciaire. Cette personne surveille vos intérêts et peut intervenir en cas de comportement suspect.
- Procédure d’alerte : toute partie intéressée peut demander au juge de paix de prendre une décision sur l’exécution du mandat de protection extrajudiciaire. Le juge peut alors convertir le mandat de protection extrajudiciaire en une protection judiciaire en nommant un administrateur de biens externe.
- Limites spécifiques : vous pouvez inclure des instructions très spécifiques dans votre mandat de protection extrajudiciaire. Par exemple, que l’habitation familiale ne peut pas être vendue avant d’atteindre un certain âge, ou que les donations ne sont possibles que dans certaines limites.
- Mandataire ad hoc : pour les situations où des conflits d’intérêts peuvent survenir (comme une donation au mandataire lui-même), vous pouvez désigner un mandataire ad hoc distinct.
Idée reçue n°8 : « Le mandat de protection est valable à vie et irrévocable »
Le mandat de protection extrajudiciaire est un instrument de planification très flexible que vous pouvez révoquer à tout moment en tant que mandant, à condition d’être encore capable à ce moment-là.
Quand un mandat de protection extrajudiciaire prend-il fin automatiquement :
- En cas de révocation par le mandant : tant que vous êtes sain d’esprit, vous pouvez à tout moment révoquer votre mandat. Cela vous donne un contrôle total sur les règles mises en place et la possibilité de les adapter à l’évolution des circonstances.
- En cas de rétablissement de la capacité juridique : si vous redevenez capable d’exprimer votre volonté (par exemple après vous être réveillé d’un coma), le mandat de protection extrajudiciaire prend fin de plein droit.
- En cas de renonciation par le mandataire : votre mandataire peut également mettre fin au mandat s’il ne peut ou ne veut plus exécuter la mission.
- En cas d’intervention du juge de paix : le juge de paix peut toujours mettre fin à tout ou partie d’un mandat de protection extrajudiciaire s’il estime qu’il ne correspond plus à vos intérêts, ou si une protection judiciaire servirait mieux vos intérêts.
Cette flexibilité est un grand avantage du mandat de protection extrajudiciaire. Les situations de vie peuvent changer : les enfants peuvent déménager, les relations peuvent se détériorer ou votre situation patrimoniale peut changer.
Conseil pratique : prévoyez des évaluations régulières de votre mandat de protection extrajudiciaire, par exemple tous les cinq ans ou en cas d’événements importants de la vie comme un décès dans la famille, un divorce ou un déménagement de votre mandataire.
Idée reçue n°9 : « Un mandat de protection coûte cher »
Les tarifs et les honoraires du notaire pour établir un mandat de protection extrajudiciaire sont fixes, mais s'y ajoutent la TVA, les droits d’enregistrement, les frais de dossier et le droit d’écriture. Au total, il est raisonnable de tabler sur un montant compris entre 500 et 600 euros.
Cela peut sembler beaucoup, mais comparez-le aux coûts d’une procédure judiciaire : frais d’avocat, frais de justice et perte de temps. De plus, avec un mandat extrajudiciaire, vous conservez le contrôle de vos propres choix au lieu de les confier à un administrateur de biens désigné par le juge de paix.
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1 Source : https://www.notaire.be/nouveautes/detail/plus-de-66-000-mandats-extrajudiciaires-conclus-au-cours-du-1er-semestre-2025