Durant votre jeunesse, vos parents vous ont sans doute inculqué les principes de bonne gestion financière. Ils vous ont appris à effectuer un virement, probablement à épargner et peut-être à investir judicieusement. Au fil des ans, vient toutefois un moment où les rôles commencent à s'inverser. Où ce sont vos parents qui doivent être assistés dans leurs petites et grandes questions financières. Comment approcher ce moment-charnière, comme enfant ou comme parent ?
Les affaires d'argent. Voilà un sujet dont on ne parle pas spontanément dans toutes les familles. Certainement pas lorsque les parents sont encore raisonnablement autonomes et estiment que leurs enfants ne doivent pas s'immiscer dans la gestion quotidienne de leur argent. Lorsqu'on vieillit – avec toutes les conséquences habituelles de l'âge – on a naturellement tendance à penser que l'on peut encore tout gérer soi-même.
Voilà pourquoi il est conseillé d'aborder ce sujet à temps. Il faut en effet parfois attendre des années avant que les parents soient disposés à accepter de l'aide pour leurs questions d'argent. Pour les parents aussi, cette discussion précoce est importante. Même s'ils sont encore en pleine forme, c'est une excellente idée de déterminer avec leurs enfants 'qui nous aidera à gérer nos finances lorsque nous n'en serons plus tout à fait capables ?".
Si vous abordez cette question suffisamment tôt, votre famille pourra envisager sereinement les années qui passent, sans avoir à réagir ou à décider dans l'urgence. Vous évitez ainsi de vous retrouver dans une situation de crise, qui vous oblige à prendre des décisions précipitées.
La perspective des parents
Pour les parents, il est souvent difficile de demander de l'aide. La perspective de discuter avec ses enfants de la (co)gestion des finances peut être ressentie comme un premier pas vers la dépendance, même si ce n'est 'que' pour demander de l'aide afin d’effectuer un paiement. Il n'est pas rare que les parents ne souhaitent pas aborder cette problématique, car ils sont désireux de conserver leur totale indépendance. Ils se posent aussi d'autres questions : N'est-ce pas une trop grande responsabilité pour mes enfants ? Quid de ma vie privée ? Or, c'est précisément en abordant la question suffisamment tôt que les parents peuvent conserver le contrôle de la situation. Ils peuvent en effet exprimer leurs souhaits et priorités, ainsi que le niveau d'autonomie qu'ils souhaitent conserver.
Il est important ici de souligner que cette discussion doit avoir un objectif commun: tant les enfants que les parents souhaitent préparer les vieux jours des aînés et sécuriser leurs questions financières. C'est en équipe que la discussion doit être engagée. Ce passage en revue de l'avenir financier doit faire partie intégrante de la vie de famille.
Comment engager la discussion ?
Pour engager la discussion, du point de vue de la seconde génération, il est bien sûr possible de 's'asseoir autour d'une table', mais il est sans doute préférable de profiter d'un moment opportun, tel qu'une facture inattendue, le dépôt de la déclaration d'impôts ou une énième tentative de phishing. "Tu veux que je voie ça avec toi ?", "Ne t'inquiète pas, je vais t'aider" ou "Tu veux que l'on s'occupe de ça ensemble, désormais ?" suffisent généralement à briser la glace. Le but est de montrer que vous êtes prêt à aider, mais sans vouloir prendre le contrôle.
Comme parent, vous pouvez aborder le sujet en disant par exemple "Je remarque que j'ai plus de mal à gérer certaines choses. On ferait peut-être bien d'en discuter". Ou "Pour l'instant, je suis encore capable de gérer mes finances, mais je serais rassuré de savoir que vous êtes au courant de la situation, au cas où il m'arriverait quelque chose". Attention toutefois, car tous les enfants ne sont pas disposés ou capables d'aider dans les tâches administratives. Demandez-vous quelle est la personne idéale, et pensez peut-être à un autre membre de la famille.

7 conseils pour une saine collaboration
1. Procédez par étapes
Plutôt qu'un big bang (transférer du jour au lendemain le contrôle complet de la situation), procédez pas à pas. Pour le paiement des factures, par exemple, commencez par faire les virements ensemble. Cette approche progressive permettra à tout le monde de s'habituer à la nouvelle situation.
2. Établissez un inventaire des documents financiers et juridiques
Dressez une liste des personnes de contact, numéros de téléphone et endroits où sont conservés les documents importants, tels qu'actes de naissance, polices d'assurance, preuves de propriété et testaments. Assurez-vous que tous ces documents sont valides et à jour. Que votre enfant préfère conserver lui-même ces informations ou noter l'endroit où ils sont stockés, veillez à les déposer en lieu sûr.
3. Ne mélangez pas les finances
Ce n’est jamais une bonne idée de mélanger les finances des parents et de leurs enfants, même si cela peut sembler être une solution de facilité. Les comptes et les finances doivent toujours être dissociés.
4. Communiquez et documentez vos décisions
Tenez vos enfants informés de vos décisions. Les membres de la famille sont un soutien essentiel en cas de difficulté, et une communication transparente permet d'éviter les malentendus.
5. Respectez la vie privée et l'autonomie
Impliquez autant que possible vos parents dans vos décisions quant à leurs questions d'argent. N'agissez pas sans concertation. Demandez-leur régulièrement ce qu'ils souhaitent et adaptez votre assistance à ces souhaits. Il est essentiel de préserver leur autonomie et leur dignité.
6. Soyez attentif aux abus financiers
Malheureusement, les aînés sont souvent la cible d'escroqueries et d'arnaques financières. Soyez attentif aux transactions inhabituelles, aux 'nouveaux amis' ou aux demandes de don.
7. Si nécessaire, faites appel à une aide professionnelle
Face à des questions financières plus complexes, n'hésitez pas à faire appel à un notaire ou à un Estate Planner. Ces professionnels ont pour mission de dispenser des conseils objectifs et de vous aider à naviguer dans les questions financières et juridiques complexes.
Le mandat de protection extrajudiciaire : garder le contrôle
Plus d'un demi-million de Belges ont déjà établi un mandat de protection extrajudiciaire. Rien d'étonnant à cela, car il s'agit d'un précieux instrument. Par le biais de ce mandat, vous pouvez désigner à l'avance la personne qui prendra des décisions financières à votre place si/lorsque vous n'en serez plus capable.
Souvent, le mandat extrajudiciaire n'est envisagé que dans la perspective de la démence ou d'un coma de longue durée. Mais il peut être utile dans d'autres situations. Même si vous êtes encore parfaitement sain d'esprit, ce mandat vous permet de 'sous-traiter' (progressivement) certaines opérations à un mandataire.
Le mandat de protection extrajudiciaire permet de régler un large éventail de questions : gérer des comptes bancaires, acheter/vendre un bien immobilier, percevoir des loyers, renouveler des baux, payer des factures, gérer un portefeuille d'investissement, recevoir une donation, accepter/refuser un héritage, etc. Mieux, vous pouvez assortir ce mandat d'instructions spécifiques.
Important à savoir : en tant que mandant, c'est vous qui déterminez à qui vous confiez cette responsabilité : un de vos enfants, plusieurs enfants conjointement, voire une personne extérieure à la famille. C'est aussi vous qui choisissez les attributions que vous déléguez, et sous quelles conditions. Bref, c'est vous qui êtes aux commandes, tout en veillant à la tranquillité d'esprit de vos proches.
Le mandat de protection extrajudiciaire est un outil flexible, à utiliser sur mesure en fonction de vos attentes et souhaits. C'est certainement une bonne idée pour les aînés, mais rien n'empêche les enfants d'en établir un, même s'ils ne sont pas âgés.
Lors de la rédaction de votre mandat, faites-vous conseiller par un spécialiste. Un notaire ou un Estate Planner vous aideront à formuler des dispositions sur mesure et juridiquement valides.
Une responsabilité partagée
Une collaboration financière entre les parents et les enfants n'est pas un aveu de faiblesse ou de perte d'autonomie, mais au contraire un signe de confiance, de solidarité et de prévoyance. En abordant le sujet à temps, en convenant de dispositions pratiques et en faisant appel si nécessaire à une assistance professionnelle, vous évitez les problèmes ultérieurs et vous garantissez la tranquillité d'esprit de toutes les personnes concernées.
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23 mai 2025