1. La croissance économique est un facteur déterminant des taux d’intérêt. De nouvelles technologies telles que l’IA sont de nature à accélérer la croissance. Et cela peut maintenir les taux à un niveau élevé.
Lorsqu’une personne s’attend à voir ses revenus baisser, elle aura le réflexe d’épargner davantage dès maintenant, afin d’éviter une régression de son niveau de vie ultérieurement. C’est la raison pour laquelle les travailleurs épargnent en vue de leur retraite, pour préserver leur mode de vie lorsqu’ils seront retraités. En revanche, lorsque quelqu’un anticipe une hausse rapide de ses revenus, comme en cas de forte croissance économique, c’est l’inverse qui se produit : il est moins enclin à épargner, parce que ses ressources vont s’accroître avec le temps. Pour attirer l’épargne, les établissements financiers doivent donc payer un prix plus élevé, c’est-à-dire accorder un taux d’intérêt supérieur.
À partir de 2008, de nombreux pays ont été confrontés à une faible croissance. Ce contexte a favorisé le maintien de taux bas. Dans les années qui ont suivi, on a craint que la croissance de la productivité n’atteigne plus jamais les niveaux d’avant la crise financière. Cette situation a un impact certain car, comme les taux évoluent toujours selon les anticipations futures, les prévisions de croissance sont cruciales.
L’émergence de l’intelligence artificielle (IA) et d’autres technologies a cependant rebattu les cartes. Pour la première fois depuis 2008, les observateurs s’accordent à prédire une progression substantielle de la productivité. Il ne s’agit bien sûr que d’une prédiction, mais la simple perspective d’une accélération de la croissance est de nature à pousser les taux à la hausse.
2. Différentes mégatendances incitent les pouvoirs publics à emprunter davantage. Cela pousse également les taux à la hausse.
Le taux d’intérêt peut être défini comme le prix à payer pour disposer d’une somme d’argent aujourd’hui plutôt que dans le futur. Comme tout prix, le taux d’intérêt est régi par la loi de l’offre et de la demande. En l’occurrence, l’offre correspond au nombre de personnes souhaitant épargner, et la demande au nombre de personnes souhaitant emprunter. Si la demande s’accroît et/ou si l’offre diminue, les taux d’intérêt augmentent.
Pour financer leurs politiques, les pouvoirs publics ont besoin de beaucoup d’argent. Souvent, les États affichent un ‘déficit budgétaire’ pour combler le fossé entre le montant total de leurs dépenses et le montant total de leurs recettes fiscales. Il leur faut donc emprunter de l’argent. Toutefois, lorsque ces déficits se creusent et que les États sont contraints d’émettre encore davantage d’obligations pour récolter de l’argent, cela exerce une pression à la hausse sur les taux.
Dans les prochaines années, les États devront emprunter davantage pour plusieurs raisons. Primo, du fait du vieillissement de la population, car des budgets plus considérables devront être affectés aux soins de santé et aux pensions. Secundo, les actuelles tensions géopolitiques obligent les pays à investir davantage dans leur sécurité et leur défense. Enfin, des investissements substantiels seront nécessaires pour lutter contre le changement climatique. Ces trois facteurs viennent se greffer à un contexte déjà caractérisé par des déficits publics récurrents.
3. Il est peu probable que l’inflation redevienne un jour aussi faible et stable qu’au cours des 35 années qui ont précédé la pandémie.
Une hausse de l’inflation a pour effet de faire augmenter le taux nominal, car les investisseurs exigent un rendement supérieur pour compenser l’inflation. C’est la raison pour laquelle les banques centrales se fixent pour objectif de maintenir l’inflation à un niveau bas (2% aux États-Unis et dans la zone euro) et surtout d’assurer sa stabilité. Une inflation qui joue au yoyo crée de l’incertitude dans l’esprit des consommateurs, des entreprises et des pouvoirs publics. Lorsqu’un même produit coûtait 1.000 € le mois dernier, 950 € aujourd’hui et 1.200 € le mois prochain, il est difficile pour les consommateurs et les entreprises de faire des projections et de décider quand acheter.
Durant les années qui ont précédé la pandémie, l’inflation a été relativement stable. Elle a fait son grand retour en 2021. Et même, dans de nombreux pays tels que les États-Unis, au rythme le plus élevé depuis le début des années 80. Bien que l’inflation ralentisse depuis quelques mois, certains éléments donnent à penser qu’elle fluctuera davantage dans les prochaines décennies. La mondialisation est un des facteurs qui inhibe l’inflation depuis les années 80, mais cette tendance ralentit. Les chocs géopolitiques, qui se succèdent depuis plusieurs années, sont une autre raison. Ainsi, les prix de la nourriture et de l’énergie ont fortement augmenté suite à l’invasion de l’Ukraine.
4. La période de faibles taux post-2008 est la résultante de facteurs ponctuels, qui ne se reproduiront probablement plus.
Avant leur bond significatif de 2022, les taux d’intérêt ont évolué à un niveau historiquement bas pendant les années 2010. Cette situation est en grande partie une conséquence de la crise financière. Le chômage était au maximum, la demande était faible et il y avait peu de pressions inflationnistes. Les banques centrales stimulaient en outre l’économie avec des taux planchers (parfois inférieurs à zéro) et en rachetant massivement des obligations. Des interventions similaires ont eu lieu après la pandémie de 2020. Cependant, la crise financière de 2008 et la pandémie de coronavirus ont été des chocs d’une ampleur inédite. En termes de baisse de la production, il s’agit des plus graves récessions aux États-Unis depuis plusieurs décennies. Dès lors, même si des récessions se manifestaient plus souvent dans les années à venir, il est peu probable que l’économie mondiale doive de nouveau encaisser deux uppercuts aussi sévères à intervalles si rapprochés.
En résumé
Lorsque les taux sont à un tournant, comme aujourd’hui, on peut avoir tendance à sous-estimer la ‘permanence’ de ce changement. Ainsi, après 2008, les marchés n’ont jamais imaginé que les taux resteraient aussi bas aussi longtemps. Plus récemment, les investisseurs ont sans doute trop hâtivement prédit un reflux des taux élevés actuels. En 2008, le monde était influencé par des facteurs uniques, tandis qu’il existe aujourd’hui différentes tendances qui pourraient exercer une pression à la hausse sur les taux à l’avenir. Quelle que soit leur évolution à court terme, les tendances à long terme suggèrent que les taux devraient rester à un niveau élevé. Et il n’y a donc que très peu de chances qu’ils reviennent aux niveaux planchers des années 2010.
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