Tendances Investissements : entre optimisme et réalisme

Marchés et investissements - 29 décembre 2023

Tendances Investissements : entre optimisme et réalisme

Rédigé par Wim D'Haese - Head Investment Strategist

En résumé

  • Beaucoup mieux que prévu. Voilà comment on pourrait résumer la performance boursière en 2023.
  • Pour 2024, les signes sont également positifs : nous anticipons une hausse potentielle de 5 à 10% des actions européennes et américaines, même si la route pourrait parfois être chaotique.
  • Dans le segment obligataire, le moment est venu, selon nous, d’aller de l’avant et de prendre position.

L'année 2023 a débuté par davantage d’incertitudes que de certitudes. Au cours de l’année précédente, les banques centrales avaient déjà relevé énergiquement leurs taux directeurs – avec un impact négatif immédiat tant sur les actions que sur les obligations – sans parvenir toutefois à leurs fins, en raison d’une inflation plus tenace que prévu. En ce début d’année, tout indiquait en outre que la zone euro et les États-Unis se dirigeaient vers une (légère) récession.

Au fil des mois, d’autres sujets de préoccupation se sont manifestés. Le feu d’artifice qui aurait dû suivre la réouverture de la Chine s’est transformé en pétard mouillé, tandis que le bras de fer géopolitique avec les USA s’est poursuivi de plus belle. Les marchés ont aussi eu à digérer une crise bancaire régionale aux États-Unis, tandis que dans la paisible Confédération helvétique, le Crédit Suisse n’a eu d’autre issue, pour éviter la déconfiture, que d’accepter un mariage forcé avec UBS. Ajoutons-y la correction de marché (-10%) intervenue entre la fin juillet et la fin octobre et, pour clôturer cette liste de points noirs, la crainte de voir le conflit israélo-palestinien embraser le Moyen-Orient.

Tous les feux sont au vert (ou presque)

Malgré ces mauvaises nouvelles, les bourses ont terminé l’année résolument dans le vert. Leurs progressions sont significatives : 20,95% pour le S&P 500, 38,86% pour le Nasdaq, 19,57% pour l’Euro Stoxx 50 et 25,86% pour le Nikkei. Les pays émergents sont les seuls à ne pas avoir suivi ce mouvement : l’indice MSCI Emerging Markets a vu son compteur se bloquer à 2,11% (situation au 12/12/2023)1.

Pour quelles raisons ces performances sont-elles supérieures aux prévisions ? Nous en distinguons trois : un marché du travail en forme olympique, un consommateur américain dont l’appétit a soutenu l’économie US, et la percée de l’intelligence artificielle (IA). Bien que l’IA ne contribue pas encore massivement au chiffre d’affaires et aux bénéfices des sociétés (technologiques), nombre d’investisseurs ont déjà acheté leur ticket pour l’avenir.

Ce sont surtout les performances des Magnificent Seven2 qui ont tiré les marchés américains vers le haut. En Europe, les résultats ont été plus modérés et mieux équilibrés entre les différents secteurs. Mais si les actions se sont bien comportées en 2023, ce millésime entrera dans les livres d’histoire comme l’année au cours de laquelle les investisseurs en obligations ont enfin pu bénéficier de rendements réels attrayants, même dans les recoins défensifs du marché obligataire.

Que nous réserve 2024?

Dans l’état actuel des choses, les marchés sont surtout motivés par le recul attendu de l’inflation. La baisse de l’inflation signifie qu’une ou plusieurs baisses de taux sont de plus en plus probables. Ce contexte – des taux élevés, combinés à leur probable diminution dans un délai raisonnable – ouvre des opportunités tant en actions qu’en obligations. Mais le vent peut tourner du jour au lendemain, et les cygnes noirs ne sont jamais très loin. Autre facteur à prendre en compte, 2024 sera une année électorale extrêmement chargée. En effet, pas moins de 40 pays, représentant une population totale de plus de 3 milliards de personnes, organiseront des élections l'année prochaine. Voilà pourquoi les investisseurs ont toutes les raisons d’être optimistes, mais en s’abstenant de voir la réalité avec des lunettes exagérément roses.

De très nombreux signaux vont dans le sens d’un ralentissement de l’économie, et donc d’un ‘atterrissage’ prochain. Reste à savoir quand il se produira, et s’il se fera en douceur ou dans la douleur. Il est aussi possible que cet atterrissage ne se matérialise pas mais, pour que ce coup de force se réalise, il faudra que les ménages américains continuent à consommer à qui mieux mieux, et que la Chine retrouve de l’allant. Dans notre scénario, nous tablons dès lors plutôt sur un atterrissage en douceur, accompagné éventuellement d’une récession modérée, sans toutefois exclure que quelques coups de tabac viennent perturber la bonne marche du navire.

Nos prévisions en matière de taux sont un peu plus prudentes que celles du marché. Nous pensons que la BCE et la Fed procéderont à 3 baisses des taux d’intérêt en 2024, tandis que les marchés en anticipent quatre.

Obligations : une évidence ?

Auréolées de leurs alléchants rendements réels, les obligations ont été les stars des marchés en 2023. Elles le resteront pendant un certain temps, mais pas éternellement. C’est donc maintenant qu’il faut en profiter car, comme les fruits trop mûrs qui tombent de l’arbre, les opportunités les plus intéressantes pourraient bientôt disparaître du radar. À notre avis, les rendements resteront élevés pendant quelque temps (4,2% pour les bons du Trésor américains à 10 ans et 2,7% pour les Bunds allemands à 10 ans également – prévisions à fin 2024) mais, plus vite les marchés anticipent la baisse des taux directeurs, plus rapidement les hauts rendements pourraient fondre comme neige au soleil.

Les obligations tant d’États que d’entreprises peuvent potentiellement nous séduire, mais nos préférences vont aux secondes, parce que leur rendement est supérieur et parce que les performances des entreprises sont solides. En particulier, les obligations d’entreprises Investment Grade3 sont le maître-choix, car elles combinent qualité et rendement.

Actions : Go West

Malgré l’attrait actuel des obligations, les actions ne sont pas devenues pour autant la cinquième roue des portefeuilles. Tout au contraire, elles restent le moteur de sa croissance sur le long terme. Une baisse des taux directeurs – à laquelle on peut effectivement s’attendre en 2024 – est positive pour les actifs risqués tels que les actions.

Par ailleurs, nous pensons que les bénéfices des entreprises retrouveront des couleurs en 2023 (+6-7% dans la zone euro, +10% aux États-Unis). Dans le contexte actuel, les marchés développés (USA et zone euro) emportent nos préférences par rapport aux marchés émergents. À court terme, ce sont surtout les États-Unis qui nous séduisent, car cette région du monde performe traditionnellement mieux que les autres lors des phases de ralentissement de la croissance économique. Dès que l’économie mondiale retrouvera de l’allant, nous recommandons de déplacer davantage le centre de gravité vers la zone euro. Notre région possède en effet de solides atouts à faire valoir en cas de reprise de la croissance économique. La valorisation des actions européennes est en outre actuellement très faible, tant par rapport aux actions américaines qu’à sa propre moyenne sur dix ans. Pour 2024, nous anticipons une hausse potentielle comprise entre 5 et 10%, tant pour l’Europe que pour les États-Unis, non sans conseiller aux investisseurs de se vêtir d’une bonne veste coupe-vent pour se prémunir de bourrasques passagères, même dans le scénario de l’atterrissage en douceur.

Pour l’instant, nous sommes moins séduits par les pays émergents. Dans ce groupe hétérogène, la Chine a la plus grande pondération et a fait perdre au marché la majeure partie de ses gains (après une ascension de 50% entre novembre 2022 et janvier 20233). La santé du secteur immobilier – très important, car les Chinois détiennent une grande partie de leur patrimoine en briques – reste préoccupante. Bien que Pékin ait déjà pris de multiples mesures, elles sont provisoirement insuffisantes pour rétablir la confiance. Pour l’heure, les actions chinoises se vendent à prix bradés, mais des perspectives plus positives sont requises avant d’en acquérir.

Quelles actions ?

Outre-Atlantique, notre regard se porte surtout sur les valeurs technologiques, qui continuent à bien performer. En 2023, quelques entreprises seulement ont vu leur cours progresser de manière exceptionnelle, grâce à l’engouement pour l’intelligence artificielle (notamment les fabricants de puces pour l’IA). Pour 2024, nous pouvons aussi commencer à attendre un impact positif croissant pour les entreprises opérant à l’échelon suivant dans la chaîne de valeur (applications concrètes de l’IA). Si vous envisagez d’investir dans des actions technologiques, sachez cependant que le voyage risque de ne pas être de tout repos. Pour rappel, le Nasdaq a plongé de -33% en 2022, avant de remonter de 38,86% en 2023.

Dans la zone euro, nous privilégions les secteurs cycliques, tels que les banques et l’industrie. Nos préférences vont plus particulièrement aux entreprises qui livrent des produits et services qui favorisent la transition verte, car tant l’Europe que les autres régions y consacrent des budgets substantiels. A plus long terme, nous continuons à apprécier les secteurs défensifs, tels que les soins de santé et les infrastructures. Ils n’ont pas répondu aux attentes en 2023, mais leur potentiel à long terme reste incontestable à nos yeux.

Investir dans le segment obligataire ?

Les produits d'investissements sont sujets à risques. Ils peuvent évoluer à la hausse comme à la baisse et vous pouvez ne pas récupérer le montant de votre investissement. Toute décision d’investissement doit être conforme à votre Financial ID (profil d’investisseur). Plus d’infos sur deutschebank.be/financialid.

Les prévisions sont fondées sur des suppositions, évaluations, avis subjectifs, analyses et modèles hypothétiques qui peuvent se révéler faux. Le présent article et les informations qu’il contient ne constituent en aucune manière un conseil en investissement. Fourni exclusivement à titre d’illustration.

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1 Source : Bloomberg Finance L.P.

2 Alphabet, Amazon, Apple, Meta, Microsoft, Nvidia & Tesla

3 Les obligations Investment Grade sont des obligations d’émetteurs dont la situation financière est considérée comme solide. Elles obtiennent une notation comprise entre AAA et BBB- chez Standard & Poor’s, ou équivalent chez Moody’s ou Fitch. Plus la notation est élevée, plus l’investisseur a de chances de récupérer son capital à l’échéance (sauf en cas de faillite de l’émetteur).

4 Le terme "fonds" est l’appellation commune pour un Organisme de Placement collectif (OPC), qui peut exister sous le statut d'OPCVM (UCITS) ou d'OPCA (non–UCITS), et prendre diverses formes juridiques (SICAV , FCP etc). Un OPC peut comporter des compartiments. Les fonds sont sujets à risques. Ils peuvent évoluer à la hausse comme à la baisse et les investisseurs peuvent ne pas récupérer le montant de leur investissement.

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