Les marchés galvanisés par la perspective de baisses des taux

Marchés et investissements - 7 décembre 2023

Les marchés galvanisés par la perspective de baisses des taux

Rédigé par David Ghezal - Senior Investment Strategist

En résumé

  • Les espoirs croissants d’assister à un atterrissage en douceur de l’économie et de voir les banques centrales amorcer un virage vers une politique monétaire plus accommodante ont engendré un puissant rallye sur les marché boursiers et obligataires.
  • Les obligations restent notre classe d’actifs favorite. Les obligations d’entreprises de qualité ne manquent pas d’atouts et offrent selon nous le meilleur rapport rendement-risque.
  • Dans le contexte actuel, nous privilégions les marchés d’actions développés (Etats-Unis et Europe) par rapport aux marchés émergents.

Un mois de novembre qui restera dans les annales

Après avoir fait la grimace pendant plusieurs mois, les investisseurs ont retrouvé un large sourire lors du mois écoulé. De fait, les espoirs croissants d’assister à un atterrissage en douceur de l’économie et de voir les banques centrales amorcer un virage vers une politique monétaire plus accommodante ont engendré un puissant rallye sur les marché boursiers et obligataires avec un mois de novembre qui restera dans les annales. L’inversion de tendance a démarré avec les commentaires de la Réserve fédérale (Fed) selon lesquels les taux d’intérêt avaient déjà atteint des niveaux très restrictifs. Le mouvement a ensuite gagné en intensité avec les surprises positives au niveau de l’inflation - d’abord aux Etats-Unis et plus tard en zone euro - et les chiffres jugés encourageants de la croissance américaine au 3e trimestre (+5,2%).

Les marchés boursiers ont profité de cet alignement de planètes favorable pour réaliser un joli tir groupé et pour signer, dans de nombreux cas, leur meilleur mois de l’année. Aux Etats-Unis, l’indice S&P 500 a bondi de près de 9%, mais a été coiffé au poteau par l’indice Nasdaq (+10,7%). En Europe, où l’indice STOXX Europe 600 a gagné 6,4%, la bourse de Francfort s’est particulièrement mise en exergue (DAX +9,5%). Peu à leur avantage cette année, les marchés émergents ont également repris du poil de la bête (MSCI Emerging Markets +8%). De leur côté, les marchés obligataires ont aussi eu le vent en poupe. Ils ont largement bénéficié de la forte détente des rendements des emprunts d’Etat, surtout aux Etats-Unis, où le rendement du bon du Trésor US à 10 ans a baissé de pas moins de 60 points de base et a entraîné l’ensemble du marché dans son sillage. Résultat : les cours des obligations, qui évoluent à l’inverse des rendements, ont progressé sur un large front avec, à la clé, la meilleure performance mensuelle pour les obligations mondiales depuis décembre 2008 (indice Bloomberg Global Bond Aggregate +5%).

Fortunes diverses pour les matières premières

Enfin, les matières premières ont connu des fortunes diverses. La baisse des taux a soutenu le cours de l’or (+2,6%) qui a de nouveau dépassé le cap des 2.000 dollars l’once tandis que les doutes sur la discipline de l’OPEP+ et le niveau record de la production américaine de brut ont fait reculer le cours du pétrole (Brent -5,2%).

Les obligations d’entreprises Investment Grade1 à privilégier

Les obligations restent notre classe d’actifs favorite et continuent à offrir des opportunités d’investissement intéressantes. Les rendements ont reflué par rapport à leurs plus hauts atteints au début de l’automne mais, à l’exclusion de ces pics récents, ils évoluent toujours à des niveaux inédits depuis plus d’une décennie. Le moment reste par conséquent propice pour cadenasser les rendements actuels pour une période plus longue en prévision d’un cycle de baisse des taux des banques centrales courant 2024.

Notre préférence continue d’aller vers les obligations d’entreprises de qualité (Investment Grade) qui offrent selon nous le meilleur rapport rendement-risque (« sweet spot »). Le niveau attractif des rendements, y compris en termes réels, et les fondamentaux de crédit sains de la plupart des émetteurs sont deux atouts précieux qui devraient continuer à attirer des flux de capitaux vers ce segment. Nous sommes moins enclins à investir dans les obligations spéculatives (High Yield2) qui sont certes plus rémunératrices que les obligations de qualité mais qui sont également plus risquées. Le renchérissement et le durcissement des conditions de crédit risquent bien de faire des victimes parmi les émetteurs plus vulnérables, laissant augurer que les taux de défaut de paiement vont continuer à augmenter à partir des niveaux actuels. Nous estimons dès lors préférable de jouer la carte de la sécurité par rapport à celle du rendement à tout prix pour renforcer la partie obligataire des portefeuilles.

Optimisme prudent pour les actions... mais la vigilance est toujours de mise

Nous maintenons également un avis positif sur les actions. Les marchés boursiers pourraient consolider leurs impressionnants gains récents mais ils conservent un potentiel de hausse à moyen terme. Les baisses de taux directeurs attendues en 2024 et le retour de la croissance des bénéfices des entreprises (+6-7% dans la zone euro et +10% aux États-Unis) devraient globalement soutenir la tendance boursière.

Cela dit, le parcours pourrait s’avérer chahuté. Si le scénario d’un pivot vers une politique monétaire plus souple l’an prochain fait du sens au vu de la nette accalmie de l’inflation, il est encore trop tôt pour crier victoire. Selon nous, les banques centrales se montreront prudentes dans le rythme de normalisation de leur politique monétaire et ne devraient pas abaisser leurs taux aussi rapidement et aussi fortement que les attentes du marché. Par ailleurs, la période de ralentissement économique, voire de légère récession, qui nous attend avant une reprise graduelle est également susceptible de générer des vents contraires. Enfin, un agenda électoral extrêmement chargé et les multiples foyers de tension géopolitique pourraient aussi donner du fil à retordre aux investisseurs. Si un optimisme prudent est de mise, la vigilance l’est assurément aussi compte tenu de ces différents vecteurs de volatilité potentiels.

Focus sur les actions américaines et européennes

Dans le contexte actuel, nous privilégions les marchés d’actions développés (Etats-Unis et Europe) par rapport aux marchés émergents. Les Etats-Unis ne sont pas bon marché mais ils résistent en règle générale mieux que les autres régions face à un essoufflement de la conjoncture. Nous restons par ailleurs confiants dans le potentiel de croissance structurel de la technologie et de l’intelligence artificielle (IA). L’Europe reste pour sa part une proposition séduisante eu égard à ses faibles valorisations (forte décote en termes de ratio cours/bénéfices par rapport à sa moyenne historique et plus encore par rapport au marché boursier américain) et dans la perspective d’un rebond modéré de la croissance au second semestre. Ici, ce sont surtout les secteurs cycliques et de valeur (consommation discrétionnaire, industrie, finance) qui retiennent notre attention.

Vous souhaitez investir dans
le segment obligataire ?

Vous souhaitez investir dans
le segment des actions ?

Les produits d'investissements sont sujets à risques. Ils peuvent évoluer à la hausse comme à la baisse et vous pouvez ne pas récupérer le montant de votre investissement. Toute décision d’investissement doit être conforme à votre Financial ID (profil d’investissement). Plus d’informations sur deutschebank.be/financialid.

Les prévisions sont fondées sur des suppositions, évaluations, avis subjectifs, analyses et modèles hypothétiques qui peuvent se révéler faux. Fourni exclusivement à titre d’illustration. Le présent article et les informations qu’il contient ne constituent en aucune manière un conseil en investissement

Recevez par e-mail l’essentiel de l’actualité financière

Pas encore client(e) ? Restez néanmoins informé(e) de nos opportunités d’investissement ainsi que des nouveautés au sein de nos services pour vos placements.
Vous pourrez vous désinscrire à tout moment.

Partagez cet article


Ceci pourrait également vous intéresser

Pourquoi investir maintenant en obligations ?

20 novembre 2023

Pourquoi investir maintenant en obligations ?

Le rallye de fin d’année a-t-il déjà commencé ?

17 novembre 2023

Le rallye de fin d’année a-t-il déjà commencé ?

1 Les obligations 'Investment Grade' sont des obligations provenant d’émetteurs dont la situation financière est considérée comme robuste. Elles ont une notation allant de AAA à BBB- chez Standard & Poor’s, ou une notation équivalente chez Moody’s ou Fitch. Plus la notation est élevée, plus la probabilité que l'investisseur soit remboursé par l’émetteur à l'échéance finale (sauf en cas de faillite) est grande.

2 Les obligations 'Non-Investment Grade' (High Yield) sont des obligations provenant d’émetteurs dont la situation financière est considérée comme beaucoup plus risquée. Elles ont une notation comprise entre BB+ et D chez Standard & Poor’s, ou une notation équivalente chez Moody’s ou Fitch. Comme le risque de défaut de paiement des émetteurs High Yield est sensiblement plus élevé, elles offrent un rendement potentiel plus élevé que les obligations 'Investment Grade'.

3 Le terme « fonds » est l'appellation commune pour les Organismes de Placements Collectifs (OPC). Les OPC sont soit des OPCVM soit des OPCA; ils existent sous la forme d'une société d'investissement (SICAV) ou d'un fonds commun de placement (FCP). Les fonds sont sujets à risques. Ils peuvent évoluer à la hausse comme à la baisse et les investisseurs peuvent ne pas récupérer le montant de leur investissement.

×