- L’or a enregistré de solides performances en 2024, surpassant la plupart des classes d’actifs, et a poursuivi sa course aux records en 2025. La diversification devrait rester un moteur clé de la demande, soutenue par les banques centrales, les investisseurs privés et institutionnels.
- Les décisions de la Fed et l’évolution du dollar américain resteront des facteurs clés pour l’or. Cependant, comme les dernières années l’ont démontré, ils ne sont pas les seuls éléments déterminants de sa performance.
- Nous restons modérément optimistes quant au prix de l’or, soutenu par des achats officiels et par des incertitudes économiques et géopolitiques importantes.
L’or en plein essor : mais pour combien de temps ?
L’or a enregistré des performances exceptionnelles en 2024, surpassant la plupart des grandes classes d’actifs et confirmant son rôle clé dans la diversification des portefeuilles. Au cours de l’année, le prix de l’or a atteint environ 40 nouveaux records historiques, enregistrant une hausse d’environ 26%. Cette progression s’explique par son rôle de couverture efficace face à l’incertitude (géo)politique croissante et à la volatilité1 des marchés.
Fin 2024, la réévaluation des anticipations de taux d’intérêt est devenue un défi majeur pour l’or, une tendance qui s’est poursuivie début 2025 après la publication de solides résultats sur le marché de l’emploi américain en décembre et en janvier. Malgré la hausse notable du dollar américain et des rendements obligataires, le prix de l’or a fait preuve d’une résilience remarquable. Cette solidité traduit les incertitudes économiques et géopolitiques accrues, notamment face aux politiques économiques et commerciales attendues du président américain D. Trump. Par ailleurs, la forte progression des marchés d’actions a incité certains investisseurs institutionnels à se tourner vers l’or pour diversifier leurs portefeuilles.
De plus, le soutien des banques centrales est resté solide. Leurs achats ont dépassé les 1.000 tonnes pour la troisième année consécutive, avec une accélération marquée au quatrième trimestre, atteignant 333 tonnes. Après une pause de six mois, la Banque populaire de Chine a annoncé une hausse de ses réserves d’or de 5 tonnes en novembre et de 10 tonnes en décembre.
Les banques centrales renforcent leurs réserves d’or face aux incertitudes économiques
Certains analystes estiment que la Chine pourrait avoir acquis encore davantage d’or par le biais de transactions de gré à gré. De leur côté, des acheteurs réguliers tels que la Pologne, l’Inde et la Turquie ont continué à ajouter de l’or à leurs réserves fin 2024. Des pays comme le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, qui avaient activement échangé de l’or dans les deux sens, ont également procédé à des achats en petites quantités. Récemment, les banques centrales semblent avoir profité des replis temporaires du prix de l’or pour renforcer leurs positions, tandis que les ventes sont restées limitées et principalement tactiques à mesure que les prix augmentaient.
A l’avenir, tous les regards sont tournés vers les conséquences qu’un second mandat de Trump pourrait avoir sur l’économie mondiale et les marchés financiers. Sa présidence pourrait stimuler l’économie domestique, mais aussi susciter une certaine nervosité chez les investisseurs à l’échelle mondiale.
Perspectives 2025 : une hausse modérée pour l’or, mais des facteurs de soutien potentiels
Le consensus du marché sur les principales variables macroéconomiques, telles que la croissance du PIB, les rendements obligataires et l’inflation, suggère encore une hausse du cours de l’or mais plus modérée en 2025. Toutefois, une demande plus forte que prévue des banques centrales, un regain d’intérêt pour les valeurs refuges ou une détérioration rapide des conditions financières pourraient soutenir le prix.
A l’inverse, un revirement de la politique monétaire, entraînant une hausse des taux d’intérêt, représenterait un défi, en particulier du côté de la Réserve fédérale (Fed). Par ailleurs, la contribution de la Chine sur le marché de l’or sera déterminante : les consommateurs sont restés en retrait, tandis que les investisseurs ont joué un rôle majeur dans le soutien des cours. Ces dynamiques dépendront toutefois de l’impact du commerce, des droits de douane, des mesures de relance et de la perception du risque. L’Inde devrait, quant à elle, rester un moteur essentiel de demande d’or en 2025.
A ce stade, le consensus du marché prévoit que la Fed ne réduira ses taux d’intérêt que deux fois en 2025, à raison de 25 points de base (pb) à chaque fois. Les prix de l’or ont jusqu’ici étonnamment bien résisté à l’abandon progressif des anticipations de baisses de taux supplémentaires ces dernières semaines. En revanche, la Banque centrale européenne (BCE) devrait poursuivre des baisses de taux plus marquées. Le dollar américain devrait s’échanger à 1,02 EUR/USD d’ici la fin de l’année, soit un niveau proche de son niveau actuel. Les décisions de la Fed et l’évolution du dollar américain resteront des facteurs clés pour l’or. Cependant, comme les dernières années l’ont démontré, ils ne sont pas les seuls éléments déterminants de sa performance.
A terme, l’évolution du prix de l’or dépendra probablement de l’interaction de quatre facteurs déterminants :
1. Politique budgétaire et commerciale des Etats-Unis
Une politique budgétaire plus favorable aux entreprises, combinée à une approche « America First », devrait renforcer la confiance des investisseurs et des consommateurs américains. Cela pourrait favoriser un appétit pour le risque au cours des premiers mois de l’année. La question reste cependant de savoir si ces politiques entraîneront des pressions inflationnistes et des perturbations des chaînes d’approvisionnement. Par ailleurs, les inquiétudes concernant la dette souveraine, tant aux Etats-Unis qu’en Europe, refont surface, sans oublier l’instabilité géopolitique persistante. Dans ce contexte, les investisseurs pourraient être incités à rechercher des actifs de couverture, comme l’or pour se prémunir contre ces risques.
2. La Réserve fédérale
La politique monétaire a une portée limitée et ses effets mettent du temps à se manifester, compliquant ainsi les décisions des banquiers centraux quant à la poursuite, la pause ou le revirement d’une stratégie donnée. Jusqu’à présent, la Fed est parvenue à freiner l’inflation sans compromettre la dynamique économique.
Cependant, le risque d’un rebond de l’inflation en 2025 demeure. Historiquement, l’or a progressé en moyenne de 6% au cours des six premiers mois d’un cycle de baisse des taux. Sa performance ultérieure dépend généralement de la durée et de l’ampleur de ce cycle. Dans l’ensemble, une Fed plus accommodante devrait être favorable à l’or, tandis qu’une pause prolongée ou un revirement de politique risquerait de peser sur la demande d’investissement. Toutefois, comme l’ont montré les deux dernières années, d’autres facteurs ont actuellement un impact plus important sur le prix de l’or que la politique monétaire de la Fed.
3. La demande asiatique peut-elle se maintenir ?
La Chine et l’Inde représentent les plus grands marchés de l’or. De manière générale, l’Asie représente plus de 60% de la demande physique annuelle (hors banques centrales). Sa contribution à la performance de l’or est incontestable.
L’année dernière, les investisseurs chinois et asiatiques ont renforcé la performance de l’or, notamment au premier semestre, et la demande en Inde a bénéficié de la réduction des droits d’importation au second semestre. Les rendements des obligations gouvernementales en Chine ont récemment chuté à un niveau record, le marché immobilier continue de se dégrader, et les marchés boursiers en Chine ont également peiné jusqu’à la fin de l’été 2024. Cela a permis à l’investissement en or de croître de 25% l’an dernier – le taux de croissance annuel le plus élevé depuis 2020. La demande d’investissement en Chine a augmenté de 20% en 2024, tandis qu’en Inde, elle a progressé de 29%.
La demande des consommateurs chinois dépendra probablement de la vigueur de la croissance économique, qu’elle soit générée de manière organique ou par des mesures de relance gouvernementales. Bien que les mêmes facteurs ayant influencé la demande d’investissement en 2024 soient toujours présents, l’or pourrait devoir faire face à la concurrence des actions et de l’immobilier.
L’Inde semble être dans une position favorable. La croissance économique reste solide, et toute augmentation des droits de douane l’affecterait moins que d’autres partenaires commerciaux des Etats-Unis, en raison d’un déficit commercial bien plus faible. Cela pourrait, à son tour, soutenir la demande des consommateurs d’or. Parallèlement, les produits d’investissement financier dans l’or ont connu une croissance remarquable.
4. Les banques centrales en tant qu’acheteuses
Les banques centrales sont nettes acheteuses d’or depuis 2009. Leurs achats ont de nouveau dépassé les 1.000 tonnes pour la troisième année consécutive, avec une forte accélération au quatrième trimestre, atteignant 333 tonnes. Les achats des banques centrales étant guidés par la politique, ils sont difficiles à prévoir, mais la plupart des analystes estiment que la tendance actuelle se poursuivra. Le Conseil mondial de l’or prévoir que les achats des banques centrales dépasseront encore les 1.000 tonnes en 2025. Une demande d’environ 500 tonnes, correspondant à la tendance à long terme, devrait continuer d’avoir un effet net positif sur la performance. La demande des banques centrales en 2025 devrait surpasser cette prévision.
L’or joue un rôle bien établi dans les réserves de change : il sert de réserve de valeur à long terme, de diversification, il performe en période de crise et ne comporte pas de risque de crédit. Dans un contexte de dette souveraine croissante et d’incertitude géopolitique, le rôle de l’or est solidement ancré – et pas seulement pour les banques centrales.
Résumons brièvement à ce stade le rôle de l’or en tant qu’actif stratégique :
1. Générer des rendements à long terme
Les investisseurs ont longtemps considéré l’or comme actif précieux en période d’incertitude. Cependant, historiquement, il a généré des rendements positifs à long terme, tant en période économique favorable que défavorable.
D’une part, l’or est souvent utilisé comme un investissement destiné à protéger et à accroître la richesse sur le long terme, mais d’autre part, il est également un bien de consommation, à travers la demande pour les bijoux et la technologie. En période d’incertitude économique, c’est la demande d’investissement contracyclique qui fait monter le prix de l’or – l’effet « valeur refuge ».
En période d’expansion économique, la demande de consommation procyclique soutient sa performance.
Pour illustrer cela en chiffres : le prix de l’or en USD a augmenté de 8% par an depuis 1971.
2. Améliorer la diversification
L’or se distingue par sa corrélation négative avec les actions et autres actifs risqués, une corrélation qui se renforce lorsque ces derniers subissent des baisses. Par exemple, lors de la crise financière, les actions et autres actifs risqués ont perdu de la valeur, tout comme l’immobilier et la plupart des matières premières. L’or, en revanche, a résisté et a même augmenté en valeur, enregistrant une hausse de 21% en USD entre décembre 2007 et février 2009. Lors des récents replis brusques des marchés boursiers en 2020 et 2022, l’or a maintenu une performance positive.
A quelques exceptions près, l’or a été particulièrement efficace en période de risque systémique, offrant des rendements positifs et réduisant les pertes globales de portefeuille. Cependant, l’or peut également afficher une corrélation positive avec les actions et autres actifs risqués lors de marchés haussiers.
Ce bénéfice découle de la double nature de l’or : à la fois actif d’investissement et bien de consommation. Ainsi, la performance à long terme de l’or est soutenue par la croissance des revenus. Lorsque les actions connaissent une forte hausse, leur corrélation avec l’or peut augmenter (ce qui peut paraître contre-intuitif). Cela est dû à un effet de richesse soutenant la demande de consommation d’or, ainsi qu’à la demande des investisseurs cherchant une protection contre des attentes d’inflation plus élevées.
Perspectives à venir
Nous restons modérément optimistes quant au prix de l’or, soutenu par des achats officiels et par des incertitudes économiques et géopolitiques importantes. Du côté haussier, une escalade des conflits géopolitiques et une détérioration rapide des conditions économiques mondiales pourraient entraîner des flux importants vers l’or en tant que valeur refuge. A l’inverse, une économie américaine robuste accompagnée d’une politique monétaire plus restrictive de la Fed pourrait exercer une pression à la baisse soutenue sur l’or.
En résumé
En 2025, les banques centrales et les investisseurs en ETF devraient être les principaux moteurs de la demande, avec l’incertitude économique renforçant le rôle de l’or comme couverture contre les risques, mais exerçant une pression sur la demande en bijoux. Ainsi, l’or pourrait offrir une amélioration substantielle des rendements ajustés au risque des portefeuilles.
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1 La volatilité fait référence à la mesure et à la rapidité avec lesquelles le prix d’une action, d’une obligation, d’un fonds ou d’un indice, par exemple, évolue au fil du temps.