La BCE laisse sa politique monétaire inchangée

Marchés & Investissements - 27 octobre 2023

La BCE laisse sa politique monétaire inchangée

Rédigé par Dr. Dirk Steffen - Chief Investment Officer EMEA & Michael Blumenroth - Senior Investment Strategist


En résumé :
  • La Banque centrale européenne (BCE) a opté pour le statu quo monétaire : les taux d'intérêt directeurs n'ont pas été modifiés et la politique de réduction du bilan est restée inchangée.
  • La BCE a insisté sur le fait que les décisions futures sur les taux d'intérêt seraient dépendantes des données. Toutefois, le niveau de taux actuel devrait être "maintenu pendant une durée suffisamment longue" pour garantir un retour de l’inflation à son objectif de 2%.
  • Comme la décision de la BCE était attendue par les marchés financiers, les réactions ont été modérées.

Que s’est-il passé ?

Après dix hausses consécutives de ses taux directeurs, la BCE a laissé sa politique monétaire inchangée lors de sa dernière réunion, comme cela était attendu presque unanimement par les participants de marché. Le taux de dépôt reste ainsi à 4,00%, le taux de refinancement à 4,50% et le taux de la facilité de prêt marginal à 4,75%. En outre, la BCE n’a ni accéléré le rythme de réduction de son portefeuille obligataire, ni augmenté les réserves obligatoires des banques.

Cela faisait longtemps que les marchés financiers n'avaient pas été aussi unanimes quant à l'issue attendue d'une réunion de la BCE. Le compte rendu de la réunion de septembre indiquant déjà que la dernière augmentation n'avait pas été une décision unanime et claire, et les données économiques de nombreux pays de la zone euro s'étant détériorées depuis lors, une pause dans le cycle de hausse des taux d'intérêt semblait évidente. Bien que la BCE ait souligné que sa politique monétaire resterait dépendante des données économiques à venir, le pic des taux d'intérêt a probablement été atteint. C'est ce que confirme la déclaration de la présidente de la BCE, Christine Lagarde, lors de la conférence de presse : "Les risques qui pèsent sur les perspectives de croissance économique restent orientés à la baisse".

Cependant, une diminution des taux d'intérêt n’est pas non plus attendue dans un avenir proche : "Sur la base de son évaluation actuelle, le Conseil des gouverneurs considère que les taux d'intérêt directeurs de la BCE se situent à des niveaux qui, maintenus pendant une durée suffisamment longue, contribueront de manière significative au retour de l'inflation à son objectif". Par ailleurs, le communiqué de la BCE a de nouveau fait référence au resserrement notable des conditions de financement, qui devrait également avoir un effet modérateur sur l'inflation.

Selon la présidente de la BCE, il n'a pas été question d'une fin prématurée des réinvestissements d'obligations du programme d’achats d’urgence face à la pandémie (PEPP). En l'état actuel des choses, le produit des obligations arrivant à échéance acquis dans le cadre de ce programme sera intégralement réinvesti au moins jusqu'à la fin de l’année 2024. Par ailleurs, les réserves obligatoires des banques de la zone euro restent également inchangées.

Comment les marchés financiers ont-ils réagi ?

Les réactions des marchés financiers à la décision de la BCE ont été très modérées. Après tout, les participants de marché s'attendaient unanimement à une pause dans le cycle de hausse des taux d'intérêt et seul un changement dans la réduction du portefeuille obligataire aurait pu constituer une surprise. Les rendements des emprunts d'État de la zone euro ont légèrement baissé, mais ont surtout suivi l'évolution des rendements des bons du Trésor américains. Du côté des bourses, l'indice Euro Stoxx 50 clôturé en baisse dans le sillage de la tendance sur les marchés boursiers américains. Enfin, sur le marché des changes, l'euro est resté pratiquement inchangé par rapport au dollar américain, dans une fourchette étroite autour de EUR/USD 1,055.

Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs ?

La BCE a clairement indiqué qu'elle continuerait à agir en fonction des données et que la décision prise lors de sa dernière réunion ne marquait pas nécessairement la fin du cycle de hausse des taux.

Cependant, beaucoup d’éléments suggèrent que le pic des taux d'intérêt a été atteint. Christine Lagarde a reconnu le fléchissement actuel de l'économie de la zone euro et a souligné que les risques pesant sur les perspectives de croissance étaient orientés à la baisse. Elle a également expliqué que la récente hausse des rendements obligataires, surtout sur les échéances à long terme, freinait l'activité économique et l'inflation. Les marchés financiers font donc en partie le travail pour la BCE.

Les investisseurs ne devraient pas davantage s'attendre à un changement majeur de la politique monétaire de la BCE en décembre. D'une part, Mme Lagarde a souligné le danger d'une spirale salaires-prix, qui pourrait faire repartir l'inflation à la hausse en 2024. D'autre part, des revenus réels plus élevés pourraient alors générer une demande plus forte, ce qui pourrait à son tour soutenir l'économie mais aussi exercer une pression à la hausse sur les prix. D'un autre côté, le ton général de la conférence de presse de la BCE a semblé être plutôt prudent et réfléchi. En outre, les réinvestissements d'obligations arrivant à échéance dans le cadre du PEPP se poursuivront et ne seront pas interrompus prématurément. Si la BCE estime qu'une politique monétaire plus restrictive est nécessaire, il est plus probable qu'elle modifie les modalités de cet instrument plutôt que d’augmenter encore les taux d'intérêt directeurs.

Toutefois, les investisseurs devraient tenir compte du mantra "higher for longer" de la BCE. Les premières baisses de taux ne devraient pas être à l'ordre du jour avant la mi-2024 au plus tôt.

Conclusion

La politique monétaire de la BCE devrait rester inchangée, et par conséquent restrictive, au cours des mois à venir. Le potentiel de baisse des rendements obligataires semble donc modéré. Cela pourrait continuer à peser sur les marchés d’actions à court terme. D'une manière générale, l'évolution des rendements obligataires américains devrait toutefois déterminer la direction à prendre. Les risques économiques subsistent, mais ils devraient déjà être sensiblement reflétés dans le taux de change de l'euro.

Votre portefeuille est-il encore adapté à la situation économique ?

Vous n'êtes pas encore client(e) ?

Devenez client pour profiter des conseils de nos experts. 
 

Vous êtes déjà client(e) ?

Appelez Talk & Invest au 078 156 157 ou prenez rendez-vous dans votre Advisory Center au 078 155 150 ou en ligne.

Recevez par e-mail l’essentiel de l’actualité financière

Pas encore client(e) ? Restez néanmoins informé(e) de nos opportunités d’investissement ainsi que des nouveautés au sein de nos services pour vos placements.
Vous pourrez vous désinscrire à tout moment.

Partagez cet article

Ceci pourrait également vous intéresser

6 octobre 2023

À la croisée des chemins ? État des lieux de l’économie et des investissements

21 septembre 2023

Fed : prête pour un atterrissage en douceur ?

15 septembre 2023

Dernière hausse de taux de la BCE pour lutter contre l’inflation ?

×