- La Banque centrale européenne (BCE) a maintenu comme prévu l'orientation de sa politique monétaire et le rythme de ses hausses de taux d'intérêt. Comme en décembre 2022, elle a augmenté ses taux d'intérêt directeurs de 50 points de base.
- Les réactions des marchés financiers ont été très marquées, notamment sur le marché des emprunts d'État, la BCE ayant annoncé une "réévaluation" de sa politique monétaire lors de la réunion de mars.
- La BCE va aussi probablement continuer à durcir sa politique monétaire via le resserrement quantitatif (QT), mais elle réagira de plus en plus en fonction des données.
Que s’est-il passé ?
Après deux hausses de taux successives de 75 points de base, la BCE avait relevé ses taux d’intérêt directeurs de 50 points de base lors de sa réunion de décembre 2022. Comme clairement communiqué à l'avance, elle a maintenu cette dynamique lors de sa première réunion de 2023. Le taux de dépôt est désormais de 2,50%, le taux de refinancement de 3,00% et le taux de la facilité de prêt marginal de 3,25%.
La décision de la BCE était largement attendue et n'a donc pas été une surprise. Toutefois, les banquiers centraux ont réservé une petite surprise dans leur déclaration de politique monétaire, publiée après la réunion.
La première phrase, sans surprise, est la suivante : "La BCE déclare qu'elle continuera à relever des taux d'intérêt à un rythme régulier et les maintiendra à des niveaux suffisamment restrictifs pour assurer un retour au plus tôt de l'inflation vers son objectif de 2% à moyen terme." Vient ensuite la phrase quelque peu surprenante : "La BCE déclare que, compte tenu des tensions inflationnistes sous-jacentes, elle a l’intention de relever à nouveau les taux d'intérêt de 50 points de base supplémentaires lors de sa prochaine réunion de politique monétaire, en mars, et évaluera ensuite l'orientation future de sa politique monétaire."
Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a précisé au cours de la conférence de presse que le terme "intention" ne signifiait pas "de façon irrévocable". Toutefois, elle a souligné que la réévaluation prévue de la politique monétaire en mars n'implique en aucun cas un engagement de faire une pause dans le cycle de relèvement des taux ou même d’y mettre fin par la suite.
La BCE agira en fonction des données et tiendra une discussion ouverte, qui pourrait bien déboucher sur de nouvelles hausses des taux d'intérêt au printemps. Christine Lagarde a explicitement souligné que l'inflation sous-jacente en zone euro était restée à un niveau record de 5,2% en janvier. De même, avec la levée des restrictions liées à la pandémie en Chine, le renchérissement des prix des matières premières pourrait à nouveau alimenter l'inflation.
Comment les marchés financiers ont-ils réagi ?
Les réactions du marché à la décision de la BCE ont été particulièrement marquées sur le marché des emprunts d'État européen. Le rendement des Bunds allemands à 10 ans a baissé de plus de 20 points de base à 2,07%, tandis que celui des emprunts d’Etat italiens a chuté de 40 points de base pour revenir à 3,89%. Suite à la diminution des rendements obligataires, l'euro a cédé les gains accumulés contre le dollar américain après la réunion de la Fed mercredi, le taux change EUR/USD passant de 1,102 à 1,089. En revanche, les marchés boursiers ont reçu un nouveau coup de pouce. L'indice Euro Stoxx 50 a progressé de 1,67% supplémentaires pour atteindre 4.241,12 points.
Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs ?
La BCE a envoyé un message similaire à celui de la Réserve fédérale américaine (Fed) la veille, à savoir que, tout en continuant à prendre des mesures énergiques contre une inflation qui reste encore trop élevée, elle mettra sa politique monétaire à l'épreuve en mars. L'engagement relativement clair de la BCE en faveur d'une hausse de taux de 50 points de base en mars est inhabituel dans son approche.
L'amélioration des perspectives économiques avec l'absence de la "crise de l'énergie" tant redoutée cet hiver pourrait inciter la BCE à procéder à une nouvelle hausse des taux en mai. Toutefois, la période précédant la prochaine réunion du 16 mars et les semaines suivantes devraient être caractérisées par une politique monétaire encore plus dépendante des données. En particulier, la volatilité devrait augmenter dans le contexte de la publication des données sur l'inflation des pays de la zone euro.
Lors de la réunion de mars, la BCE publiera aussi ses nouvelles projections macroéconomiques. Les prévisions d'inflation pour 2024 et 2025 pourraient être déterminantes pour la suite de son action.
Comme prévu, la BCE commencera à réduire progressivement les obligations détenues dans le cadre du programme d'achat d'actifs (Asset Purchase Programme ou APP) à partir de mars 2023. Le portefeuille de l’APP sera diminué à concurrence de 15 milliards d’euros par mois en moyenne entre début mars et fin juin, ce qui représente environ 50% des obligations arrivant à échéance au cours de cette période.
Les marchés ont montré une forte réaction à la réévaluation annoncée de la politique monétaire de la BCE en mars. La volatilité devrait rester élevée, notamment sur le marché des emprunts d'État européen, en raison d’une BCE de plus en plus dépendante des données. La politique monétaire devrait rester restrictive au cours des prochains mois. On peut s'attendre à une accélération de la réduction des avoirs obligataires de la BCE au second semestre de l'année.
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