Guerre en Ukraine : l’appétit pour le risque des investisseurs en prend un coup

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Guerre en Ukraine : l’appétit pour le risque des investisseurs en prend un coup

4 mars 2022 - Lu en 4 min. 

Rédigé par

David Ghezal
Investment Strategist

En résumé :

- Les investisseurs se sont d'abord inquiétés en février d'un resserrement monétaire plus agressif que prévu de la part des banques centrales.
- Puis l'invasion de l'Ukraine par la Russie et la réaction de l'Occident ont provoqué une onde de choc sur les marchés financiers et fait flamber les prix des matières premières.
- Il est conseillé de rester investi, même si une forte volatilité va rester de mise pendant un certain temps

D’un resserrement monétaire agressif à l'invasion de l'Ukraine par la Russie

Après un mois de janvier fort chahuté, les investisseurs se sont vu proposer un cocktail particulièrement indigeste en février. Les inquiétudes d’assister à un cycle de resserrement monétaire plus agressif que prévu de la Fed et d’autres banques centrales face à une inflation obstinément élevée ont d’abord continué à dominer les débats. Les marchés sont ensuite passés en mode "risk-off" suite à la tournure dramatique prise par les événements dans le dossier ukrainien. L’invasion de l’Ukraine par la Russie et les sanctions très sévères de l’Occident à l’encontre de Moscou (exclusion des banques russes de la plateforme interbancaire SWIFT, gel des réserves de change de la Banque de Russie) ont été à l’origine de violentes secousses sur les places financières et ont aussi provoqué une envolée du prix des matières premières. Dans ce contexte géopolitique délétère, la volatilité a grimpé en flèche et les marchés boursiers ont piqué du nez, accentuant ainsi leurs pertes depuis de début de l’année.

L'Europe enregistre le plus fort recul

Parmi les grandes régions, c’est l’Europe qui a le plus souffert du conflit qui se déroule à ses portes : pénalisé par la contre-performance du secteur financier, l’indice Euro Stoxx 50 a lâché 6% lors du mois écoulé. Aidé par la fermeté de la bourse de Londres, l’indice Stoxx Europe 600 a pour sa part contenu son repli à 3,4%. Aux Etats-Unis, l’indice S&P 500 a fini en baisse de 3,1%, tout comme l’indice MSCI Emerging Markets (même si cela masque le plongeon de 30% de l’indice Moex de la bourse de Moscou).

L'or et l'or noir du côté des gagnants

Bien que les investisseurs aient privilégié des valeurs réputées sûres comme les Bons du Trésor US (-0,7%) et les Bunds allemands (-1,2%), cela ne les a pas empêché de finir tous les deux dans le rouge. Les autres catégories obligataires ont quant à elles souffert du regain d’aversion au risque à des degrés divers : les obligations spéculatives en USD ont baissé de 1% et les obligations d’entreprises de qualité en euros ont chuté de 2,7%. En revanche, les matières premières ont réalisé un carton plein. Parmi celles-ci, l’or a joué son rôle d’ultime valeur refuge et a gagné 6,2%. De son côté, le pétrole s’est encore renchéri de plus de 10% en un mois, retrouvant ainsi des niveaux inédits depuis 2014. Les métaux industriels ont aussi progressé sur un large front. Enfin, sur le marché des changes, le yen, le franc suisse et le billet vert ont été activement recherchés par les investisseurs.

Rester investi et ne pas céder à la panique

S’il semble à peu près certain qu’il faudra composer avec une volatilité boursière accrue au vu des incertitudes économiques et géopolitiques, nous recommandons de rester investi sur les marchés et de ne pas céder à la panique face aux événements actuels. Malgré les risques baissiers pour la conjoncture induits par la guerre en Ukraine, nous tablons sur la poursuite d’une croissance mondiale décente. Les ménages disposent d’une épargne élevée et les Etats pourraient également adopter des mesures budgétaires pour amortir l’impact de la crise.

Croissance modérée des bénéfices des entreprises attendue

L’incidence du conflit russo-ukrainien sur les Etats-Unis ou la Chine devrait rester d’ampleur limitée. En revanche, il risque d’affecter davantage la croissance et l’inflation en Europe au vu de sa dépendance au gaz (40%) et au pétrole (23%) en provenance de la Russie et de sa proximité géographique avec le théâtre du drame en cours. Du côté des entreprises, les bénéfices devraient croître à un rythme modéré (= croissance à un chiffre) cette année. L’évolution des chiffres d’affaires et la capacité des entreprises à défendre leur rentabilité face à la hausse du coût des intrants seront toutefois des facteurs cruciaux.

Le dilemme des banques centrales

La donne géopolitique pose par ailleurs un dilemme pour les banques centrales qui doivent lutter contre une inflation élevée et veiller à préserver la croissance économique. Cette nouvelle source d’incertitude devrait les inciter à faire preuve de retenue dans leurs intentions de resserrement monétaire : la Fed devrait certes démarrer son cycle de hausse des taux dès ce mois de mars, mais opter pour une approche mesurée, tandis que le calendrier de hausse des taux de la BCE risque bien d’être différé.

Conflits militaires : impact limité sur les marchés dans le temps

Enfin, on notera également que, dans une perspective historique, la plupart des conflits militaires ont eu tendance à avoir des répercussions limitées dans le temps sur les marchés même si la réaction initiale est le plus souvent très négative. En d’autres termes, les fortes turbulences en cours devraient finir par donner lieu à des points d’entrée intéressants sur les marchés boursiers. Cela dit, la situation reste indécise et elle pourrait encore se dégrader davantage avant de s’améliorer. Ceci devrait se refléter par le maintien d’une prime de risque géopolitique élevée à court terme. Par conséquent, il convient d’adopter une attitude prudente le temps d’avoir plus de visibilité sur l’évolution de la crise actuelle avant de procéder, le cas échéant, à un rééquilibrage des portefeuilles et d’augmenter à nouveau l’exposition aux actifs risqués.

Les secteurs de la technologie et des soins de santé offrent des opportunités intéressantes

Nous restons d’avis qu’un bon équilibre entre les actions de croissance de qualité et les actions cycliques / de valeur reste approprié dans un contexte d’inflation élevée. Dans la première catégorie, le secteur technologique devrait continuer à profiter de la tendance structurelle à la numérisation de l’économie, qui reste intacte, et d’un pouvoir de fixation des prix important. Il faut cependant accepter le fait qu’il risque sans doute de sous-performer quand les taux obligataires vont repartir à la hausse, même si nous n’anticipons pas non plus une envolée de ces derniers. Le secteur des soins de santé mérite également le détour eu égard à ses vertus défensives. Dans la seconde catégorie, les secteurs plus sensibles à l’évolution de la conjoncture, actuellement davantage sous pression, pourraient aussi offrir des pistes d’investissement intéressantes à mesure que les risques géopolitiques s’atténuent sur les marchés au vu de valorisations devenues plus attrayantes, de la poursuite attendue de la reprise économique globale et de leur bonne diversification à l’international.

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