Impact du conflit russo-ukrainien sur l'inflation

Marchés

Impact du conflit russo-ukrainien sur l'inflation

3 mars 2022 - Lu en 4 min

Rédigé par

Christian Nolting & Dr. Ulrich Stephan
Global Chief Investment Officer - Chief Investment Officer Germany

En résumé :
  • Le conflit militaire entre la Russie et l'Ukraine se poursuit et les combats semblent s'intensifier davantage.
  • Les réactions du marché reflètent les perturbations attendues dans l’offre de matières premières/d’énergie, avec un risque plus élevé pour l'Europe.
  • Les attentes implicites du marché concernant les taux directeurs indiquent une attitude modérée des banques centrales, qui devraient tolérer en partie les effets à court terme des prix des matières premières sur l’inflation.

Que s'est-il passé ?

Le conflit militaire entre la Russie et l'Ukraine se poursuit, les combats semblent s'être encore intensifiés et la Russie a promis de continuer jusqu'à ce que ses objectifs soient atteints. La situation générale reste floue et rien ne laisse présager des solutions pragmatiques ou rapides. L’activité militaire et les combats vont probablement durer plus longtemps que prévu et les dommages économiques augmentent. Le conflit a entraîné des changements politiques remarquables dans l'hémisphère occidental. Le Chancelier allemand Scholz a décrit l’ampleur des décisions prises comme le début d'une toute nouvelle ère. Des mesures auparavant impensables ont été mises en œuvre.

Attention à l'impact des sanctions

Des sanctions extraordinaires ont été imposées, la plupart des banques russes étant désormais exclues du système de paiement SWIFT et les réserves de la Banque centrale de Russie étant effectivement gelées. En juin 2021, date du dernier relevé de données enregistré, la Russie disposait d'environ 630 milliards de dollars de réserves de change, dont une grande partie est probablement encore détenue directement ou indirectement par les banques ou les banques centrales du G10. Les réactions en termes de nouvelles représailles russes ne sont pas encore connues et la situation reste très imprévisible. Les sanctions déjà imposées sont radicales, sans précédent dans certains domaines. EIles peuvent également entraîner des réactions involontaires du marché et doivent donc être surveillées de près.

Comment les marchés financiers ont-ils réagi ?

Les marchés financiers prennent la situation très au sérieux, comme en témoignent les mouvements très volatils observés depuis le début du conflit militaire. L'Europe étant plus exposée, les mouvements y ont été plus prononcés qu'aux États-Unis.

Mardi dernier, les rendements des emprunts d’Etat sûrs, tels que les Bunds à 10 ans, sont repassés en territoire négatif (-0,072%) après la plus forte baisse en une journée (21 points de base) depuis la crise de l'euro il y a plus de dix ans. Un jour plus tard, mercredi, les rendements des Bunds à 10 ans sont repassés au-dessus de zéro. Des mouvements significatifs ont été observés à travers le continent, avec de fortes baisses des taux obligataires à 10 ans au Royaume-Uni (-28 bps), en France (-24 bps) et en Italie (-31 bps).

Impact sur les actions, les matières premières et le dollar

Les actions ont continué à baisser, l'impact le plus important se faisant sentir sur les secteurs cycliques des deux côtés de l'Atlantique. L’indice VIX a atteint 34 points, son niveau le plus élevé depuis janvier 2021. Les principaux indices russes sont restés fermés mercredi, mais les certificats négociés à Londres laissent présager de nouvelles pertes à deux chiffres pour les banques russes touchées par l'exclusion de SWIFT.

Les prix des matières premières ont atteint de nouveaux sommets pluriannuels et l'indice Bloomberg des matières premières a connu sa plus forte hausse journalière depuis 13 ans.

Et enfin, le dollar a atteint son niveau le plus élevé par rapport à l'euro depuis la mi-2020.

Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs ?

L'économie européenne est dans l'œil du cyclone, à la fois en raison de sa proximité géographique et de son désavantage structurel en tant que premier importateur mondial d'énergie. L'économie américaine est moins touchée et semble même s'accélérer, comme le montrent les récents indices PMI. Les données de la Chine confirment que son économie sort lentement mais sûrement de l’ornière. L'impact du conflit sur l'économie mondiale concerne principalement les pénuries dans le secteur des matières premières et devrait se propager par le biais de taux d'inflation plus élevés.

  • La Russie est l'un des trois premiers producteurs de pétrole brut et l'un des principaux fournisseurs de l'Europe, avec une part de 23 % en septembre de l'année dernière.
  • Quant au gaz naturel, la Russie produit environ 17% de la production mondiale totale et l'Europe importe environ 40% de son gaz naturel de Russie.
  • La Russie est aussi l'un des principaux fournisseurs de charbon thermique de l'Europe, avec une part de 54 % du charbon importé.
  • Enfin, la Russie est un important producteur de métaux du groupe du platine, avec 44 % du palladium et 14 % du platine extraits dans le monde. La quasi-totalité de la production est exportée.

La Russie et l'Ukraine sont également des acteurs majeurs de l'agriculture. En 2021, la Russie représentait 17% et l'Ukraine 12% des exportations mondiales. L'Ukraine a produit plus de 16% du maïs mondial. Et l'Ukraine représente environ 70 % des exportations mondiales de gaz néon, un composant essentiel pour l'industrie des puces électroniques. L'interruption des exportations aggraverait encore la pénurie mondiale de puces.

Qu'en est-il des banques centrales ?

Les positions importantes, voire dominantes, des deux pays dans l'approvisionnement de certaines matières premières expliquent les récentes flambées de prix dans le secteur. Elles risquent d'augmenter les coûts et l'inflation, et de compliquer la prise de décision des banques centrales. Il est cependant intéressant de constater que, malgré la hausse des prix des matières premières, les marchés tablent cette année sur un cycle de hausse des taux moins agressif qu'auparavant. Il y a moins d'un mois, la BCE était supposée relever ses taux d'intérêt de 50 points de base d’ici au mois de décembre. Ces 50 bps se sont réduits à 6 bps. Quant à la Fed, une hausse de taux de 25 points de base en mars est maintenant plus probable que celle de 50 points de base attendue jusqu'à récemment.
À moyen terme, l’augmentation des anticipations d'inflation est susceptible de faire remonter les taux obligataires et d'accroître le risque de baisse de cours. Au contraire des crises précédentes, nous pensons que le rôle des obligations d'État en tant que valeur refuge sera remis en question à moyen terme.

Nous maintenons notre opinion selon laquelle il est probablement trop tôt pour constituer de nouvelles positions à court terme, compte tenu de l'incertitude actuelle et de la forte volatilité. Nous continuerons à suivre la situation de près et vous tiendrons informé(e) de son évolution et de notre analyse.

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