La géopolitique aura-t-elle un véritable impact sur les marchés financiers cette fois-ci ?

Marchés & Investissements - 17 juin 2025

La géopolitique aura-t-elle un véritable impact sur les marchés financiers cette fois-ci ?

Votre portefeuille est-il encore adapté à la situation économique ?
Votre portefeuille est-il encore adapté à la situation économique ?

La géopolitique n’a généralement pas beaucoup d’impact sur la performance des marchés financiers à long terme. C’est une tendance assez constante, y compris lors des conflits survenus au cours des deux dernières années au Moyen-Orient. Ainsi, il y a eu un bref mouvement de repli en avril 2024 après l’attaque de l’Iran contre Israël, mais les marchés se sont ensuite rapidement redressés. Puis, en octobre 2024, de nouvelles frappes iraniennes ont provoqué un pic des prix du pétrole, mais la riposte israélienne ayant été plus limitée que prévu, les prix se sont rapidement détendus. Les événements récents sont bien plus importants que ceux de 2024. Mais à part les prix des matières premières et les marchés d’actions au Moyen-Orient, l’impact sur les marchés au sens large est pour l’instant limité.

Alors, qu’est ce qui pourrait faire en sorte que la géopolitique ait un impact plus large sur les marchés ? Historiquement, ce n’est que lorsqu’elle affecte les variables macroéconomiques comme la croissance et l’inflation que les marchés sont impactés durablement. Ainsi, pour les marchés, les événements géopolitiques significatifs ont été les chocs de stagflation, comme les crises pétrolières des années 1970, la guerre du Golfe en 1990, et l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022.

Jusqu’à présent, nous n’avons pas vu de choc de cette ampleur. Les prix du Brent restent inférieurs à leur moyenne de 2024, qui était d’environ 75$/baril. Ce contexte ne génère donc pas encore de problème d’inflation généralisée. Évidemment, une flambée plus importante des prix rappellerait le scénario de 2022, où les banques centrales avaient relevé leurs taux pour maîtriser l’inflation. Mais, du moins pour l’instant, nous n’en sommes pas là. En réalité, la résilience des marchés face aux chocs répétés cette année constitue déjà une histoire marquante en soi.

Graphique - Le cours du Brent - Moyenne en 2024

Graphique - Le cours du Brent - Moyenne en 2024

Source : Bloomberg Finance LP, Deutsche Bank

Jusqu’à présent, la réaction des marchés face à l’escalade du conflit au Moyen-Orient est restée contenue

L’attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes, le vendredi 13 juin, a entraîné une forte hausse des prix du pétrole, le Brent affichant sa plus forte progression journalière (+7,02%) depuis octobre 2023. Le prix de l’or a aussi quasiment atteint un sommet historique, et plusieurs indices boursiers au Moyen-Orient ont connu une nette baisse. Mais les autres actifs ont à peine réagi.

C’est un contraste net avec ce qui s’est passé après le « Liberation Day » début avril, où une forte agitation des marchés avait suivi l’annonce des droits de douane « réciproques » par les États-Unis. La différence, c’est que ce jour-là a entraîné une réévaluation importante des perspectives de croissance mondiale. En raison de la perspective de droits de douane massifs (et de potentielles représailles), les investisseurs avaient commencé à intégrer une probabilité élevée de récession aux États-Unis, ainsi qu’un ralentissement plus large de la croissance mondiale. Avec la pause de 90 jours et l’atténuation des droits de douane entre les États-Unis et la Chine, les investisseurs ont commencé à écarter à nouveau ce scénario de récession, entraînant un fort rebond des marchés.

Aujourd’hui, malgré les événements en cours  et leurs conséquences géopolitiques, sur le plan purement économique, nous n’observons pas de révision majeure des perspectives de croissance (hors Moyen-Orient). Cela signifie donc que l’impact global sur les marchés restera lui aussi plus limité.

La résilience actuelle reflète une tendance plus large observée tout au long de 2025

Cette année, les marchés ont fait preuve d’une robustesse remarquable face à des chocs majeurs :

  • Le lancement du modèle d’intelligence artificielle (IA) de DeepSeek a suscité des interrogations croissantes sur les valorisations des grandes entreprises technologiques.
  • Un changement radical du régime budgétaire en Europe a entraîné la plus forte hausse journalière du rendement du Bund à 10 ans depuis la réunification allemande en 1990.
  • L’annonce de droits de douane « réciproques » a poussé les investisseurs à anticiper une forte probabilité de récession aux États-Unis, et le S&P 500 a enregistré sa cinquième plus forte baisse sur deux jours depuis la Seconde Guerre mondiale.
  • Une nouvelle vague d’inquiétudes sur la soutenabilité de la dette américaine a surgi, notamment après la dégradation de la note de crédit par Moody’s.
  • Et désormais, les événements au Moyen-Orient ravivent de réels risques de conflit régional élargi, avec la possibilité que les États-Unis soient entraînés. 

Pourtant, malgré ces chocs répétés, le rallye mondial s’est globalement poursuivi. Même après les turbulences post « Liberation Day », l’indice MSCI World est remonté à un niveau record ce mois-ci.

Cela soulève de plus en plus la question suivante : est-ce que tous ces événements ont encore un véritable impact sur les marchés, au-delà du choc initial à court terme ?

La réponse est oui, mais deux éléments doivent être gardés à l’esprit :

  • Premièrement, comme pour les chocs géopolitiques, il faut que cela ait un impact sur les perspectives macroéconomiques globales. Les droits de douane du « Liberation Day » remplissaient clairement ce critère, mais avec la prolongation de 90 jours et la réduction des droits entre les États-Unis et la Chine, le risque d’un choc commercial majeur s’est de nouveau atténué.
  • Deuxièmement, les marchés jouent désormais un rôle actif dans l’orientation des décisions politiques. On l’a vu avec la prolongation de 90 jours sur les droits de douane « réciproques », qui a été une réponse directe aux turbulences du marché. On l’a vu également avec de nombreux pays en matière budgétaire : la hausse des rendements obligataires impose un resserrement fiscal. D’une certaine manière, cela limite les risques à la baisse, car les marchés agissent eux-mêmes comme un mécanisme de correction.

Quels sont les risques à surveiller actuellement ?

Le premier risque clé est le 9 juillet, date de fin de la prolongation de 90 jours des droits de douane « réciproques ». Trump a menacé d’imposer des droits de douane de 50% à l’Union Européenne, et a déclaré : « Nous enverrons prochainement des lettres aux pays pour leur dire quelles seront les conditions. »

Cela rejoint le deuxième risque, qui est celui de l’inflation. Aujourd’hui, le risque de hausses des prix dues aux droits de douane s’ajoute à celui d’un choc pétrolier en raison du conflit au Moyen-Orient. Même s’il s’agit théoriquement de chocs temporaires, l’expérience de 2021-2023 montre que ces chocs peuvent s’additionner et ancrer des anticipations inflationnistes, car ce qui est temporaire finit par sembler permanent. On peut très bien imaginer que cela se reproduise en 2025, avec les droits de douane, la hausse des prix de l’énergie, et peut-être un autre choc encore inconnu. Le risque inflationniste est crucial, car une inflation plus élevée limiterait la capacité des banques centrales à baisser leurs taux.

Votre portefeuille est-il encore adapté à la situation économique ?

Vous n'êtes pas encore client(e) ?

Devenez client pour profiter des conseils de nos experts. 
 

Vous êtes déjà client(e) ?

Appelez Talk & Invest au 078 156 157 ou prenez rendez-vous dans votre Advisory Center au 078 155 150 ou en ligne.

Les produits d'investissements sont sujets à risques. Ils peuvent évoluer à la hausse comme à la baisse et vous pouvez ne pas récupérer le montant de votre investissement. Toute décision d’investissement doit être conforme à votre Financial ID (profil d’investisseur). Plus d’infos sur deutschebank.be/financialid.

Les prévisions sont fondées sur des suppositions, évaluations, avis subjectifs, analyses et modèles hypothétiques qui peuvent se révéler faux. Le présent article et les informations qu’il contient ne constituent en aucune manière un conseil en investissement.

Les performances du passé ne constituent pas une indication fiable des performances futures.

Recevez par e-mail l’essentiel de l’actualité financière

Pas encore client(e) ? Restez néanmoins informé(e) de nos opportunités d’investissement ainsi que des nouveautés au sein de nos services pour vos placements.
Vous pourrez vous désinscrire à tout moment.

Partagez cet article


Ceci pourrait également vous intéresser

Perspectives pour l’économie & les classes d’actifs

5 juin 2025

Perspectives pour l’économie & les classes d’actifs

28 mai 2025

7 leçons à tirer en période de turbulences sur les marchés

16 juin 2025

Du conseil fondé sur la liberté de choix – Rothschild & Co sous la loupe

×