Rédigé par
David Ghezal
Investment Strategist
- Les grandes places financières ont connu leur plus mauvais mois de l’année et ont mis un terme à 7 mois consécutifs de hausse .
- Les regards devraient rester centrés sur les banques centrales au vu des niveaux actuels élevés de l’inflation.
- Nous estimons qu’une stratégie hybride, avec un bon équilibre entre d’une part des actions cycliques et, d’autre part, des actions de croissance, reste appropriée.
Un mois de septembre médiocre pour les grandes places financières
Le mois de septembre fait souvent figure d’épouvantail pour les investisseurs et, cette année encore, il a été fidèle à sa réputation. Le ton un peu plus restrictif adopté par les banques centrales, la persistance des tensions inflationnistes (cf. flambée des prix de l’énergie) et les craintes suscitées par les difficultés du groupe immobilier chinois Evergrande ont pesé sur le sentiment, tout comme la perspective d’une paralysie de l’administration américaine, finalement évitée in extremis. En revanche, le résultat des élections législatives allemandes a été bien accueilli par les marchés, le risque d’assister à la formation d’une coalition très à gauche ne s’étant pas concrétisé.
Au terme d’un parcours mouvementé, les grandes places financières ont connu leur plus mauvais mois de l’année et ainsi mis un terme à 7 mois consécutifs de hausse : aux Etats-Unis, l’indice S&P 500 s’est replié de 4,8% alors qu’en Europe, l’indice Stoxx Europe 600 a reculé de 3,4%. Porté par la perspective d’un changement de gouvernement, le Japon (indice MSCI Japan + 3,7%) est la seule région à avoir évolué à contre-courant de la tendance générale.
Les obligations spéculatives s’en sortent indemnes
De leur côté, les marchés obligataires n’ont guère profité de ce contexte de marché très agité, la remontée des taux obligataires ayant pesé sur les cours. Les emprunts d’Etat ont cédé du terrain sur un large front : les bons du Trésor US ont lâché 1,1%, signant au passage leur plus forte baisse depuis février, et les Bunds allemands ont même perdu 1,5%. Les obligations spéculatives ont fini proche de l’équilibre et sont le seul segment à s’en être sorti indemne. Enfin, on notera aussi que la baisse de l’appétit pour le risque a offert du soutien au dollar US, qui s’est notamment apprécié de près de 2% par rapport à l’euro.
En l’absence d’alternatives valables les actions conservent leur attrait
Nous maintenons une opinion positive sur les actions sur les 12 prochains mois même si nous anticipons des gains plus modérés que lors de l’année écoulée. Le contexte général se caractérise toujours par des taux d’intérêt réels négatifs et cela risque de rester le cas pendant encore longtemps. Dans ce contexte de répression financière, les actions conservent leur attrait au vu de l’absence d’alternatives valables (effet TINA, There Is No Alternative) et les ratios cours/bénéfices, bien qu’élevés dans une perspective historique, devraient continuer à évoluer autour des niveaux actuels. Les performances boursières seront toutefois surtout déterminées par l’évolution des bénéfices des entreprises. A ce titre, les bénéfices continueront de croître, mais à un rythme plus lent qu’auparavant. Autrement dit, nous avons peut-être atteint un sommet en termes de croissance bénéficiaire, mais cela ne signifie pas pour autant que les bénéfices des entreprises vont se contracter à l’avenir.
Les yeux rivés sur les banques centrales
Cela dit, la volatilité de marché devrait rester élevée à court terme. Le pic de la croissance économique est derrière nous et la modération en cours du rythme de la reprise, notamment en Chine, sera scrutée de près par les investisseurs. De même, il ne faut pas s’attendre à ce que les entreprises rééditent l’exploit de publier des résultats aussi exceptionnels que lors des deux trimestres précédents. La saison de résultats à venir devrait se caractériser par une normalisation des surprises positives et sera également l’occasion de voir dans quelle mesure les entreprises peuvent continuer à répercuter la hausse du coût des intrants sur leurs prix.
Enfin, les regards devraient aussi rester centrés sur les banques centrales au vu des niveaux actuels élevés de l’inflation. Selon nous, la Fed et la BCE peuvent tolérer l’augmentation actuelle de l’inflation et ne devraient rien faire de préjudiciable pour la croissance. De même, le tapering de la Fed devrait à présent être largement intégré dans les attentes des marchés. Nonobstant, un resserrement de la politique monétaire plus rapide qu’anticipé jusqu’ici serait assurément accueilli froidement, comme nous avons pu en avoir un avant-goût à la fin du 3e trimestre.
Maintien d’une stratégie hybride
Nous n’avons pas de préférence régionale marquée entre les Etats-Unis et l’Europe. Si nous ne voyons pas de catalyseurs positifs pour l’Asie émergente dans l’immédiat au vu de la situation en Chine et du déficit de vaccination de la région par rapport aux marchés développés, elle garde son potentiel à long terme au vu de valorisations raisonnables et du rebond attendu de la croissance des bénéfices.
Enfin, au niveau du style et des secteurs, nous estimons qu’une stratégie hybride, avec un bon équilibre entre d’une part des actions cycliques et, d’autre part, des actions de croissance, reste appropriée. Les secteurs cycliques et le secteur financier, qui sont davantage représentés en Europe, devraient continuer à bénéficier de la reflation en cours et de la légère remontée attendue des taux obligataires. De leur côté, les secteurs offrant une croissance de qualité restent également intéressants. Nous songeons ici en particulier à la technologie, qui va continuer à tirer parti de la tendance à la digitalisation accrue de l’économie, ainsi qu’aux soins de santé, qui bénéficient entre autres du vieillissement démographique, de l’augmentation de la richesse dans les pays émergents et d’un important potentiel d’innovation.
Rester investi
Nous recommandons de rester investi sur les marchés et nous considérons que les passages à vide et/ou une éventuelle correction boursière restent une opportunité de renforcer son exposition en actions compte tenu de notre vision positive sur la classe d’actifs à moyen terme.
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