Une forte consommation est porteuse d'opportunités

Marchés et investissements - 20 février 2024

Une forte consommation est porteuse d'opportunités

Rédigé par Lorenz Vignold-Majal - Investment Strategist, Patrick Kellenberger - Investment Strategist & Andreas Umsonst - Investment Officer EMEA

En résumé

  • Malgré l'affaiblissement de l'environnement économique, la consommation des ménages se maintient relativement bien, principalement aux Etats-Unis.
  • La consommation a retrouvé sa tendance à long terme aux États-Unis, mais ce n’est pas encore le cas en Europe. La croissance des salaires réels et de meilleures perspectives de croissance devraient également participer à la reprise en Europe.
  • Le secteur de la consommation discrétionnaire a profité de la résilience de l’économie pour surperformer le marché aux Etats-Unis et en Europe en 2023. Ce secteur devrait continuer à profiter de vents favorables à l’avenir.

Une croissance modérée, mais…

Le ralentissement de l'économie affectera le marché du travail, mais il semble peu probable que le taux de chômage augmentera fortement. De nombreuses entreprises ont tiré les leçons des années de pandémie et devraient éviter les licenciements à grande échelle afin de disposer de la main-d'œuvre qualifiée nécessaire lorsque l'économie se redressera. Ces perspectives plutôt favorables en matière d'emploi devraient soutenir la confiance des consommateurs pour le reste de l'année. L'humeur positive des consommateurs devrait être renforcée par le redressement des revenus réels dû à la croissance des salaires et à la modération attendue de l'inflation.

Situation des consommateurs américains

La consommation privée aux États-Unis s'est avérée très robuste malgré l'inflation élevée de ces dernières années. Les observateurs attribuent ce phénomène principalement au fait que les ménages ont pu puiser dans l'épargne accumulée pendant la pandémie, encouragée par une aide gouvernementale importante. Le recours à ce surplus d'épargne a permis de soutenir les biens de consommation et les services, et c’est toujours le cas actuellement. Les avis sont partagés quant à l'ampleur de l'excédent d'épargne qui subsiste encore aujourd'hui. Ce qui est clair, c'est que son impact sur la consommation diminue. Et pour les consommateurs qui n'ont pas d'excédent d'épargne et qui doivent recourir au crédit, en particulier pour les catégories à plus faibles revenus, le niveau élevé des taux d'intérêt constitue un obstacle.

Cependant, dans l'ensemble, les ménages américains restent en position de force et montrent peu de signes de faiblesse imminente. L'une des principales raisons est la fermeté du marché du travail, avec notamment un taux de chômage historiquement bas de 3,7%, et que les revenus réels se redressent. En novembre, ils étaient déjà supérieurs de 4 % à ceux du même mois de l'année précédente. En outre, le fait que, dans de nombreuses régions, la valeur de l'immobilier ait atteint un plancher, voire ait tendance à augmenter, et que le marché boursier ait atteint de nouveaux sommets, ont aussi participé à la résilience de l'économie. Ces deux facteurs ont permis à la richesse moyenne des ménages de reprendre sa tendance haussière à long terme.

Par conséquent, en l'absence de la faiblesse habituelle du marché du travail dans le cycle économique traditionnel et d’une remontée sensible du taux de chômage, nous voyons plus de lumière que d'ombre et nous nous attendons à ce que la consommation américaine reste résiliente et soutienne l'économie.

Qu’en est-il des consommateurs européens ?

En Europe aussi, le marché du travail a défié tous les pronostics avec un taux de chômage à son plus bas niveau historique (6,4%). La faiblesse de la croissance dans la zone euro est principalement due au secteur manufacturier. Mais comme le secteur des services, à plus forte intensité de main-d'œuvre, a mieux résisté jusqu'à présent, l'impact global sur l'emploi est resté gérable. Nous anticipons que la croissance des salaires dans la zone euro dépassera l'inflation en 2024, et ce pour la première fois depuis la fin de la pandémie. Cela devrait soutenir la consommation privée, qui a de toute façon un potentiel de rattrapage, avec des ventes au détail en termes réels qui sont toujours inférieures à leur niveau de 2019 dans beaucoup de pays européens.

Malgré la faiblesse actuelle de la conjoncture et les conditions d’octroi de crédit plus strictes, nombreux sont ceux qui considèrent que le risque de perdre leur emploi dans un avenir proche est plutôt limité compte tenu de la situation favorable du marché du travail. Ces attentes tendent à jouer un rôle important, en particulier dans les décisions relatives aux achats importants.

La consommation des ménages pourrait se raffermir courant 2024, lorsque l'inflation aura baissé davantage, que la hausse des salaires réels se reflétera lentement dans les dépenses, que la BCE commencera à abaisser ses taux d'intérêt et que les perspectives de croissance seront plus dégagées.

Quid du potentiel de consommation en Asie ?

L'Asie reste le moteur de la croissance mondiale. Beaucoup de regards sont fixés sur la Chine et les difficultés de son secteur immobilier. Le marché de l'immobilier résidentiel restera le principal frein à la croissance et au sentiment à moyen terme. En effet, de nombreux Chinois investissent leur épargne dans l'immobilier, et la chute des prix affaiblit la position patrimoniale de beaucoup de ménages. Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que les consommateurs chinois retardent leur consommation. Le gouvernement et la banque centrale ont déjà pris plusieurs mesures pour endiguer ce phénomène. Si le marché immobilier redevient plus favorable, la confiance des consommateurs devrait également se redresser.

L'Asie compte cependant aussi d’autres grands marchés que la Chine. A ce titre, l'Inde devrait, selon nos prévisions, connaître une croissance annuelle de plus de 6% ces prochaines années. Nous anticipons également une croissance annuelle d'environ 5% pour l'Indonésie à l’avenir. La prospérité des ménages à tendance à s'accroître et cette évolution devrait entraîner une hausse de la demande de biens de consommation.

Perspectives favorables pour les valeurs de consommation cyclique

Dans ce contexte, le secteur de la consommation discrétionnaire devrait être soutenu par plusieurs facteurs : une inflation en baisse, des marchés du travail robustes et la progression des salaires réels. En outre, le secteur est moins affecté que d’autres par la hausse des taux d'intérêt. De nombreuses entreprises du secteur sont très rentables et disposent de beaucoup de liquidités, ce qui signifie que la hausse des taux d'intérêt a relativement peu d'impact sur elles.

Par rapport aux valorisations historiques, le secteur de la consommation discrétionnaire se négocie à un niveau proche de sa moyenne à 10 ans, et ce tant aux États-Unis, avec un ratio cours/bénéfice estimé à 12 mois de 25, qu'en Europe avec un ratio cours /bénéfices estimé à 12 mois de 13. Aux États-Unis, la technologie et l'intelligence artificielle (IA) ont un poids très important dans le secteur, et les valorisations relativement élevées reflètent la croissance robuste des bénéfices des entreprises attendue à long terme.

En revanche, en Europe, le secteur présente une composition plus équilibrée. Cela dit, les marques de luxe à marges élevées et en pleine croissance dominent le secteur et représentent environ 50% de sa capitalisation boursière totale. Elles sont fortement exposées au marché chinois, qui a connu une forte croissance au cours de la dernière décennie, mais qui est en difficulté depuis quelque temps. Toutefois, des données récentes en provenance de Chine ont montré que la demande de produits de luxe se rétablit bien. Selon les estimations, la part de la Chine dans le marché mondial des produits du luxe devrait passer de 16% actuellement à environ 20% d’ici à 2030. De plus, le secteur devrait aussi continuer à bénéficier de l’augmentation de la classe moyenne supérieure dans d’autres pays émergents.

Conclusion

Nous voyons des opportunités d'investissement intéressantes dans le secteur de la consommation discrétionnaire. D'une part, la valorisation du secteur en Europe et aux États-Unis sur base des ratios cours/bénéfice attendu à 12 mois est dans l’ensemble en ligne avec la moyenne historique et ne semble donc pas surévaluée. D'autre part, le secteur offre une exposition diversifiée et large : alors que les actions américaines sont fortement axées sur des thèmes porteurs à long terme tels que l'IA et la technologie, les valeurs européennes offrent principalement des opportunités dans le secteur des produits de luxe ainsi que dans les secteurs de l'automobile et des voyages et loisirs. Les grandes banques centrales devraient abaisser leurs taux d'intérêt pour la première fois à la mi-2024, car l'inflation devrait avoir suffisamment baissé d'ici là, et le stimulus économique qui en découle aux États-Unis et en Europe devrait permettre aux revenus des ménages et aux dépenses de consommation de continuer à se redresser. Les actions du secteur de la consommation devraient bénéficier de ces évolutions.

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