Les fonds patrimoniaux dans le rouge vif en 2022 mais confiants pour 2023

Marchés & investissements - 16 janvier 2023

Les fonds patrimoniaux dans le rouge vif en 2022 mais confiants pour 2023

Rédigé par Ariane van Caloen

Article publié dans La Libre le 13 janvier 2023

Certains gestionnaires de fonds ont-ils réussi à limiter, plus que d’autres, la casse en 2022, une année qui aura été marquée par la chute concomitante des marchés des actions et des obligations ? La Libre a passé en revue les performances des fonds patrimoniaux (environ 50% actions et 50% obligations ou cash) des principales banques du pays. Comme le montre le tableau ci-dessous, à une exception près, les écarts de performances négatives sont limités à environ 2-3%, les baisses oscillant entre 14 et 17%. Des chiffres qui méritent néanmoins quelques explications…

FONDS PATRIMONIAUX : PERFORMANCES EN 2022

Fonds patrimoniaux : performances en 2022

* Performance nette en 2022, déduction faite des frais de gestion

IPM GRAPHICS

1. Pourquoi un recul si important ?

C’est donc DWS, un asset manager majoritairement détenu par Deutsche Bank, qui s’en sort le mieux. Il explique ses performances “particulièrement bonnes en 2022” par “son approche flexible (l’exposition brute aux actions peut être ajustée par des instruments dérivés) ; par l’exposition à la duration (sensibilité aux variations de taux) qui a été négative très longtemps en 2022”. “Grâce à ce positionnement, le fonds pouvait profiter de la hausse des taux d’intérêt (alors que d’autres fonds ont souffert) ; par son attention sur les actions versant des dividendes ; par son exposition aux devises étrangères (l’appréciation du dollar US a contribué à freiner les pertes).”

Si aucun des fonds n’a réussi à avoir des performances positives, c’est parce que les actions et les obligations se sont dépréciées en même temps en 2022. L’or a été la seule classe d’actifs affichant un rendement positif en 2022. La cause principale de cette débâcle des marchés est bien connue : l’invasion en Ukraine qui a fait grimper les prix du gaz et l’inflation en général. Pour combattre la hausse des prix, les banques centrales ont relevé leur taux directeur. Les taux d’intérêt à long terme se sont également envolés, ce qui a entraîné une baisse des cours obligataires. “Les obligations ont subi leur pire recul en 200 ans, ce qui explique que le compartiment défensif a eu une performance exceptionnellement négative”, précise BNP Paribas Fortis.

“Contrairement aux 3 années précédentes, les fonds durables ont relativement moins bien performé que des fonds non durables de par leur très faible exposition aux énergies fossiles et leur relative surexposition à la croissance. Nous maintenons notre conviction car nous sommes persuadés que cela sera générateur de performance sur le long terme”, dit-on encore chez BNP Paribas Fortis. Commentaire similaire chez Crelan. “Crelan Invest Balanced n’investit pas dans les actions ‘classiques’ du secteur de l’énergie (l’un des rares secteurs positifs en 2022), ce qui ajoute à la performance négative de la composante actions.” “Ce sont les actifs les plus sensibles aux taux qui ont le plus perdu”, note de son côté Belfius, tout en ajoutant “que la fin d’année était déjà contraire pour les énergies fossiles, et que 2023 semble aussi compliquée pour le secteur pétrolier, et le secteur de l’énergie en général”.

2. Quels ajustements en 2022 ?

“Nous avons réduit les positions en actions à leur poids neutre en février, peu avant l’éclatement du conflit en Ukraine”, répond Belfius. Réaction similaire chez Degroof Petercam qui a réduit l’exposition aux actions émergentes et européennes au premier trimestre 2022. La banque privée avait déjà commencé une “réduction graduelle” des actions en 2021.

Du côté de la KBC, le gestionnaire a également réduit les technologies de l’information en raison de la hausse des taux d’intérêt, avec à la clé une sous-pondération de l’Amérique du Nord. En cours d’année, il a diminué les positions cycliques et augmenté le poids des secteurs défensifs, avec une préférence marquée pour l’énergie et les soins de santé. Enfin, au quatrième trimestre, le poids des technologies a de nouveau été renforcé. Chez BNPP Fortis, des positions en obligations d’État en dollars ont été achetées au début de la guerre en Ukraine. Au niveau des actions, la diversification a été augmentée en diminuant les accents thématiques. Au fur et à mesure que l’année avançait, des actions de type “croissance” ont été diminuées en faveur d’actions plus défensives de type “value”. La pondération d’actions américaines a été augmentée au détriment de celle d’actions européennes qui souffrent plus de la hausse des prix d’énergie.

3. Quelles perspectives pour 2023 ?

“Avec des marchés d’actions internationaux se situant en moyenne entre 15 et 20% en dessous de leurs sommets historiques et des taux obligataires qui ont grimpé à 2,4%, 3,8%, voire un peu moins de 4% (respectivement pour les emprunts d’État allemands et américains jugés sûrs et pour les obligations d’entreprises de bonne qualité), l’année 2023 s’annonce excellente sur le plan des investissements”, souligne KBC, qui estime néanmoins que “la traversée du désert n’est pas tout à fait terminée pour les investisseurs”. La banque “attend donc encore un peu avant de miser pleinement sur les actions”.

Degroof Petercam souligne qu’“aujourd’hui, les rendements attendus, en actions mais surtout en obligations, se sont nettement améliorés par rapport au 1er janvier 2022. Le point d’entrée est donc bien meilleur pour un investisseur à long terme. À court terme, il est toujours possible d’avoir une correction ou de la volatilité mais nous pensons qu’il est dangereux d’être hors des marchés dans ce contexte. Le conseil pour un investisseur serait donc de prendre graduellement des positions (qu’il peut détenir à long terme) dans un fonds globalement diversifié. L’approche graduelle permet de lisser le risque de market timing”.

Chez Delen, où les liquidités ne sont pas envisagées, on conseille d’opter pour une “combinaison d’obligations d’entreprises solides et d’actions, en adaptant la pondération des deux classes d’actifs au profil de risque de l’investisseur”. La vision n’est pas très différente chez BNP Paribas Fortis qui souligne que “même si la volatilité devait rester élevée cette année, elle peut aussi être une source d’opportunités et elles se dessinent en obligations mais aussi en actions”.

Bilan

Le patrimoine des Belges a fondu de 23 milliards.

Perte. Le patrimoine financier des particuliers belges a chuté de 23,6 milliards d’euros au troisième trimestre de 2022, après une baisse de 53 milliards lors de la période précédente, rapporte la Banque nationale (BNB) jeudi. Il s’établissait à 1 119,9 milliards d’euros le 30 septembre dernier. La tendance à la baisse s’explique par le repli des cours boursiers et la hausse des taux d’intérêt. Ce double phénomène a engendré des réductions de valeur des parts de fonds d’investissement (-5,6 milliards d’euros), détaille la BNB. La valeur des actions cotées a, elle, baissé de 4 milliards d’euros au troisième trimestre, contre 10,4 milliards pour les produits d’assurance, 0,3 milliard pour les titres de créance et 1 milliard pour les placements en actifs financiers effectués par les particuliers. Dans ce contexte, les Belges ont moins investi au troisième trimestre, et plus généralement durant les neuf premiers mois de 2022. Les dépôts à vue et les dépôts d’épargne réglementés ont diminué de respectivement 1,4 milliard et 1,2 milliard d’euros. (Belga).

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