Ciel couvert au-dessus de l'économie mondiale

Marchés & Investissements - 30 décembre 2022

Ciel couvert au-dessus de l'économie mondiale

Rédigé par David Ghezal - Investment Strategist

En résumé :
  • Outre l’instabilité géopolitique persistante et un moteur de croissance chinois grippé, l’inflation record – et la détermination des banques centrales à la combattre – reste le principal sujet de préoccupation.
  • Si les États-Unis et la zone euro se dirigent vers une récession, le scénario de base de Deutsche Bank est cependant qu’elle sera modérée et de relativement courte durée.
  • Nous pensons que l’Inde conservera en 2023 son statut de grande économie à la croissance la plus rapide au monde.

États-Unis : les clignotants passent à l’orange

L’économie américaine a finalement renoué avec la croissance au 3e trimestre 2022 avec une hausse du PIB réel de 2,6%. La croissance a été tirée par la bonne tenue du commerce extérieur et, dans une moindre mesure, par la consommation de services et les investissements des entreprises. Pour rappel, le PIB s’était contracté sur les deux premiers trimestres de l’année sans que l’on puisse pour autant évoquer une récession. Malgré ce sursaut, le retournement des indices de confiance ou encore l’inversion de la courbe des taux signalent que la probabilité d’une récession est élevée dans les mois à venir.

La consommation des ménages, qui contribue à hauteur de 70% au PIB américain, peut compter sur l’épargne accumulée pendant la pandémie et sur la robustesse du marché de l’emploi, avec un taux de chômage proche de son plus bas niveau depuis 50 ans (3,7%). Cela dit, l’inflation élevée (7,1% en novembre) pèse sur le pouvoir d’achat des ménages et le renchérissement du coût du crédit devrait lui aussi exercer un frein sur les dépenses de consommation. Le secteur de la construction et le marché du logement se sont également sensiblement affaiblis en raison de la forte hausse des taux d’intérêt. Enfin, le soutien budgétaire risque bien d’être moins important l’an prochain avec la reconquête de la Chambre des Représentants par les républicains. Compte tenu de ces éléments, nous anticipons une légère récession aux États-Unis au 1er semestre 2023 avant une reprise économique graduelle.

La Réserve fédérale (Fed) a déjà bien progressé dans son cycle de resserrement monétaire – le plus agressif depuis plus de 30 ans – en relevant son taux directeur à son plus haut niveau depuis fin 2007. Bien que le rythme des hausses de taux soit appelé à ralentir, la Fed estime cependant qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir étant donné que le marché du travail reste tendu (fortes pressions salariales) et que l’inflation demeure largement supérieure à l’objectif de 2%. Nous anticipons qu’elle portera le taux directeur dans une fourchette comprise entre 5% et 5,25% qui devrait être le taux final. Selon nous, il reste prématuré à ce stade d’anticiper un revirement de la politique monétaire dès l’an prochain.

Zone euro : une récession d’ampleur modérée

Après avoir bien résisté jusqu’au début de l’automne, grâce notamment à une demande robuste dans le secteur des services, l’économie de la zone euro devrait enregistrer une croissance négative au dernier trimestre 2022 et au premier trimestre de l’année prochaine. Le niveau inédit de l’inflation (10% en novembre) continue d’affecter à la fois les ménages (baisse du pouvoir d’achat) et les entreprises (hausse du coût des intrants) et entrave la consommation et la production. Les perspectives sont également ternies par le resserrement des conditions de financement, par l’incertitude persistante liée à la poursuite de la guerre en Ukraine et par l’impact négatif exercé par la modération de la croissance mondiale sur les exportations européennes.

Le tableau n’est cependant pas uniformément sombre : le marché de l’emploi reste bien orienté et le taux de chômage – à son plus bas historique à 6,5% – ne devrait que légèrement remonter l’an prochain. De même, le secteur industriel a rapidement trouvé des substituts au gaz et les niveaux des stocks de gaz semblent suffisants à l’approche de l’hiver. Enfin, les gouvernements ont débloqué des moyens budgétaires pour aider les ménages et les entreprises face au choc énergétique, les montants étant dans certains cas plus importants que pendant la crise sanitaire. Pour ces raisons, la récession devrait être d’ampleur modérée et il est permis d’espérer le retour de la croissance à partir du printemps.

Face à cette situation, la BCE n’a pas fait mystère de son intention de continuer à relever ses taux d’intérêt directeurs ces prochains mois pour ramener au plus tôt l’inflation dans les clous. Le taux de dépôt pourrait ainsi augmenter jusqu’à 3% d’ici à la mi-2023. En parallèle, la BCE a rendu son programme de prêts ciblés moins attractif pour les banques et elle va également commencer à réduire graduellement la taille de son bilan à partir du mois de mars.

Chine : vers un desserrement progressif de l’étau sanitaire

Dans les pays émergents, tous les regards sont tournés vers la Chine. La politique du zéro-Covid continue à laisser des stigmates sur l’activité économique (production industrielle, demande des ménages, marché immobilier en berne) et se manifeste également – trois ans après le début de l’épidémie – par une fatigue sociale de plus en plus grande. Dans un contexte marqué par la résurgence des cas de contamination et l’affaiblissement de la demande extérieure, l’économie chinoise va continuer à tourner au ralenti à court terme.

Cela dit, l’assouplissement des restrictions sanitaires annoncé par Pékin constitue un premier pas vers une réouverture graduelle de l’économie ces prochains mois. De même, des mesures de soutien globales ont été mises en place pour stabiliser le secteur immobilier en difficulté. En parallèle à ces initiatives majeures visant à contrer deux des plus grands obstacles à la croissance, la politique monétaire souple de la Banque populaire de Chine (PBoC) et les importantes dépenses en infrastructures devraient également soutenir l’activité. Bien que les défis à surmonter restent nombreux dans l’immédiat, ces initiatives et d’autres mesures probables en faveur de la croissance permettent d’envisager l’année du Lapin avec un optimisme modéré.

Inde : le numéro un de la croissance

De son côté, l’Inde semble bien partie pour continuer sur la voie d’une croissance soutenue (qui n’a été interrompue que pendant la crise sanitaire). La plupart des indicateurs (production des industries clés, indices des directeurs des achats, ventes au détail) sont dans le vert et montrent que la demande intérieure est bien orientée. De plus, les investissements des entreprises devraient redémarrer après avoir été longtemps au point mort et la politique budgétaire devrait résolument rester favorable à la croissance. Enfin, nous estimons que l’Inde continuera à recueillir les fruits des réformes mises en œuvre ces dernières années (accès plus aisé aux services bancaires, mise en place d’une TVA harmonisée, privatisations, etc.). Aidée par la diminution du prix des matières premières et l’arrivée des récoltes, nous anticipons que l’inflation refluera sous la barre des 6% l’an prochain, une évolution bienvenue qui pourrait inciter la Banque centrale indienne (RBI) à mettre un terme à son cycle de hausse de taux. Le commerce extérieur n’est certes pas à l’abri du ralentissement de l’économie mondiale et d’un regain des tensions géopolitiques. Cependant, malgré la modération du rythme de la reprise en cours, cela ne devrait pas empêcher l’Inde de confirmer à nouveau son statut de grande économie à la croissance la plus rapide au monde en 2023.

Prévisions de croissance pour 2022 – 2023 (PIB réel, %)

  2022 2023
Monde 3,2 (+0,1)¹ 2,8
États-Unis 1,8 (-0,1) 0,4 (-0,3)
Zone euro 3,2 (+0,1) 0,3 (-0,4)
Allemagne 1,8(+0,3) 0,0
Royaume-Uni 4,3 -0,6 (-0,4)
Japon 1,6 (+0,1) 1,2 (+0,3)
Chine 3,3 5,0 (-0,3)
Inde 7,0 6,0
Brésil 2,8 (+1,3) 1,0 (-0,5)
Russie -3,5 (+2,5) -2,0 (-1,0)

Source: Deutsche Bank Wealth Management, novembre 2022 

1 Évolutions à la hausse et à la baisse par rapport à août 2022

En résumé

Les trois défis principaux pour l’économie mondiale devraient être :

1. La poursuite du durcissement de la politique monétaire et la diminution graduelle de l’inflation.

2. Les récessions dans la zone euro et aux États-Unis, dont l’ampleur devrait être modérée.

3. L’assouplissement par la Chine de sa politique zéro Covid et l’évolution de l’état de santé du secteur immobilier.

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