Rédigé par
Deepak Puri
Chief Investment Officer Americas
Gabriel Selby
Investment Strategist Americas
La Réserve fédérale (Fed) a décidé à l'unanimité de maintenir le plan d’action post-pandémie pour les achats d’actifs à 120 milliards de dollars par mois, ainsi que la fourchette cible effective de 0% - 0,25 % pour le taux directeur. La réunion d'avril n'a donné lieu à aucune mise à jour des prévisions ni à aucun changement d'orientation formel (par le biais du graphique à points), car cela ne se produit qu'une fois par trimestre. Les investisseurs ont pu noter une série de changements subtils dans la dernière version du communiqué officiel de la Fed.
Les gouverneurs de la Fed se sont montrés plus optimistes quant à leur évaluation de l'économie, s'appuyant sur la série de prévisions améliorées publiées le mois dernier. Ils ont également indiqué que les risques baissiers sont toujours présents mais qu’ils se sont légèrement atténués grâce aux progrès réalisés en matière de vaccination et à un soutien politique fort. Les responsables de la Fed ont également profité de l'occasion pour continuer à réfuter l'idée qu'une tendance séculaire est en train d'émerger avec la récente remontée des données relatives à l'inflation.
Lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion, le président de la Fed, Jerome Powell, a réitéré la patience du Comité de politique monétaire en déclarant que la reprise économique reste «inégale et loin d'être complète». M. Powell a également déclaré qu'il n'était «pas encore temps» de parler de la réduction des achats d'actifs, et a réaffirmé «le soutien ferme» de la banque centrale à l'économie américaine.
Sur les marchés obligataires, les taux d'intérêt à long terme se sont orientés à la baisse, les rendements des bons du Trésor à 10 et 30 ans diminuant de plus de 4 à 5 points de base pour s'établir respectivement à 1,61% et 2,28%. Les marchés boursiers ont fini par réduire leurs gains antérieurs en fin de séance, l’indice S&P 500 terminant la séance proche de l’équilibre (-0,08%), tandis que le dollar US s’est déprécié jusqu’à 1,21 par rapport à l’euro.
Alors que les anticipations d'inflation ont atteint leur plus haut niveau depuis huit ans et que les indices des prix à la consommation devraient dépasser l'objectif déclaré de 2%, la Fed semble faire preuve de plus de patience que par le passé.
M. Powell a récemment déclaré qu'une série de gains mensuels d’un million d’emplois pourrait servir d’indicateur pour souligner les progrès réalisés vers leurs objectifs stratégiques. Ainsi, la banque centrale semble se focaliser davantage sur l'obtention d'une reprise complète du marché de l’emploi, plutôt que sur une stabilité plus générale des prix. De façon plus spécifique, la Fed semble se concentrer sur le comblement du déficit de 8,4 millions d'emplois perdus en raison de la pandémie, et moins sur le taux de chômage, qui continue de montrer des chiffres artificiellement bas en raison de la baisse de participation de la population active.
Entre-temps, les pressions sur les prix résultant d'une reprise robuste en début de cycle dans un contexte de perturbations de la chaîne d'approvisionnement commencent à se refléter dans les données relatives à l'inflation. Nous pensons que les responsables monétaires continueront à mettre l'accent sur le risque limité de tensions inflationnistes persistantes, en rappelant le cadre récemment adopté pour l’objectif d'inflation moyenne, conçu pour permettre un dépassement temporaire des taux d'inflation.
Nous avons précédemment indiqué que nous pensons que la Fed ne relèvera probablement pas les taux d'intérêt avant fin 2023 ou début 2024, bien que les marchés continuent de tabler sur un calendrier plus rapide. Les investisseurs doivent continuer à ignorer le flux et le reflux des hausses de taux implicites à court et moyen terme et plutôt se concentrer sur la reprise du marché de l'emploi comme un présage possible de la prochaine décision de la Fed.
Pour ce qui est de l'avenir, la poursuite des «progrès en matière de vaccination et de soutien budgétaire sans précédent» (le président Biden ayant récemment dévoilé un montant supplémentaire de 1,8 milliard de dollars de dépenses budgétaires) n’est certainement pas passé inaperçu auprès de la Fed. Des progrès à ce niveau pourraient vraisemblablement mener la Fed à ouvrir le débat sur le «tapering» plus tard cette année ou au début de l'année prochaine. Les investisseurs ne doivent pas être pris au dépourvu et adopter une approche proactive concernant les risques de duration.
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