L’euro à parité avec le dollar : quid pour la suite ?

Marchés - 18 juillet 2022

L’euro à parité avec le dollar : quid pour la suite ?

Rédigé par Stefanie Holtze-Jen (Chief Investment Officer APAC) & Michael Blumenroth (Investment Strategist Europe)

En résumé :
  • Pour la première fois depuis 2002, 1 euro vaut moins que 1 dollar US, le taux de change euro-dollar étant tombé à 0,9998.
  • La différence marquée entre la Fed et la BCE sur le rythme de normalisation de la politique monétaire joue un rôle, tout comme les inquiétudes concernant une crise énergétique en Europe.
  • À court terme, la pression sur l'euro pourrait persister. A moyen terme, l'euro devrait pouvoir se redresser légèrement face au dollar.

Que s’est-il passé ?

La demande pour le dollar a été assez soutenue ces derniers mois. L'engagement clair de la Réserve fédérale (Fed) à prendre des mesures énergiques contre l'inflation élevée persistante a joué un rôle important à cet égard. Une hausse de taux de 0,75% lors de sa prochaine réunion, les 26 et 27 juillet, semble désormais justifiée après que l'inflation américaine ait à nouveau dépassé les attentes en juin, à 9,1%. La Fed a également déjà commencé à réduire son bilan et ses positions obligataires. Les rendements des bons du Trésor US ont sensiblement augmenté ces derniers mois et évoluent autour de 3% pour la plupart des échéances.

Les mouvements souvent turbulents sur les marchés boursiers et obligataires ainsi que l'incertitude géopolitique et économique ont accru la demande des investisseurs pour les devises refuges, ce qui a surtout profité au billet vert – et également au franc suisse (CHF). Même dans un scénario de marché supposant une Fed à ce point agressive qu'elle tolérerait ou provoquerait une récession aux États-Unis, la demande de dollars peut encore augmenter en raison de ces caractéristiques de "valeur refuge".

Cela dit, les États-Unis sont moins affectés par la guerre entre la Russie et l'Ukraine que les pays de la zone euro. C'est d'ailleurs l'un des facteurs qui pèsent actuellement sur l'euro. La réduction des flux de gaz naturel de la Russie vers l'Allemagne au cours des dernières semaines et la fermeture actuelle du gazoduc Nord Stream 1 pour des travaux de maintenance ont fait craindre que la Russie n’achemine plus de gaz naturel vers l’Europe occidentale via ce gazoduc, même après la fin des travaux en cours.

En effet, si les flux de gaz ne se rétablissent pas après le 21 juillet (date de fin de la maintenance), une récession en Allemagne et dans d'autres pays de la zone euro (l'Italie est également fort dépendante du gaz russe) serait presque inévitable. Les marchés ont par conséquent intégré une prime de risque, ce qui a pèse sur l'euro et sur les marchés boursiers européens.

Comment les marchés financiers ont-ils réagi ?

Le taux de change EUR/USD a atteint 0,9998, et l'euro est également tombé en-dessous de la parité avec le CHF. Les marchés attendent maintenant avec impatience la réunion de la Banque centrale européenne (BCE) du 21 juillet, en particulier l'ampleur de la première hausse des taux et les détails du dispositif "anti-fragmentation". La position difficile de la BCE, avec des intérêts divergents dans la zone euro et un processus décisionnel historiquement plus complexe, fait que le marché intègre surtout le risque baissier, ce qui pourrait voir l'euro se déprécier davantage à court terme.

Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs ?

Actuellement, les craintes de récession dominent dans la zone euro en raison d'une éventuelle pénurie d'énergie. Toutefois, cela peut soutenir l'euro à moyen terme. Si la Russie reprend l'exploitation du gazoduc Nord Stream 1 après l'achèvement des travaux de maintenance et que le gaz naturel est livré au niveau contractuel, cela apporterait un soutien important à l'euro. Néanmoins, il est peu probable que la prime de risque actuelle soit totalement effacée, car il est probable que le président russe Poutine garde en réserve l'éventualité d'une interruption des flux de gaz comme moyen de pression. Néanmoins, un rebond de l'euro est toujours possible, car les craintes de récession pourraient s'atténuer quelque peu.

Ces derniers jours, les voix discordantes se sont multipliées au sein de la BCE, soulignant les effets secondaires d'un euro faible en termes d'inflation importée. Lors de la prochaine réunion de la BCE, le rôle d’un euro faible à cet égard pourrait être mentionné de façon plus explicite et plusieurs gouverneurs de la BCE pourraient plaider en faveur d'une hausse plus forte des taux d'intérêt. La dépréciation de l'euro par rapport au dollar d'environ 11% depuis le début de l'année a rendu l'énergie et les produits alimentaires nettement plus chers, amenant les responsables politiques à s'inquiéter des conséquences pour les citoyens. Néanmoins, la BCE devrait agir avec prudence, et mettre seulement fin à l'ère des taux d'intérêt négatifs en septembre. En raison des inquiétudes liées à la "fragmentation" de la zone euro, c’est-à-dire l'augmentation de l'écart de taux d'intérêt entre les pays de la périphérie et les pays du cœur de la zone euro, la BCE ne devrait pas réduire ses positions en obligations, même à moyen terme. À court terme, la pression sur l'euro va se poursuivre.

Ces derniers mois, le sentiment vis-à-vis du risque et la hausse des taux d'intérêt US ont soutenu la demande pour le dollar. Toutefois, les marchés commencent déjà à anticiper une éventuelle modération des hausses de taux aux États-Unis, tandis que la BCE pourrait adopter une politique monétaire plus restrictive. Elle pourrait également révéler les détails de son dispositif "anti-fragmentation" lors de sa prochaine réunion, ce qui pourrait contribuer à améliorer le sentiment du marché et à contenir l’écartement des spreads au sein de la zone euro. Les perspectives de l'euro resteront cependant tributaires des préoccupations relatives à l'approvisionnement en énergie dans la zone euro, ce qui maintiendra la monnaie unique sous pression à court terme. Notre prévision pour le taux de change EUR/USD reste cependant de 1,10 en juin 2023.

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