- À l’approche de la fin de la période de grâce tarifaire, Donald Trump a brandi la menace d’une forte augmentation des droits de douane, allant jusqu’à 30% sur les importations en provenance de l’Union européenne.
- Les marchés sont restés relativement calmes, portés par l’espoir qu’un accord significatif puisse être trouvé dans les deux prochaines semaines et demie.
- La volatilité1 devrait rester élevée à court terme. Les investisseurs sont invités à ne pas réagir de manière impulsive. Nous pourrions considérer d’importantes baisses de marché comme d’éventuelles opportunités d’investissement.
Que s’est-il passé ?
La semaine dernière, Donald Trump a envoyé une série de lettres officielles à ses principaux partenaires commerciaux, annonçant la mise en place de nouveaux droits de douane « réciproques » à partir du 1er août 2025, tout en maintenant les taxes sectorielles déjà existantes. Cette décision intervient à l’issue de la période de grâce de 90 jours déclarée le 9 avril dernier, durant laquelle les droits de douane avaient été temporairement abaissés à 10%. La plupart des partenaires commerciaux se retrouvent désormais confrontés à la menace de droits de douane réciproques plus élevés. À ce stade, seuls des accords-cadres ont été conclus avec le Royaume-Uni (10%) et le Vietnam (20% sur les importations directes et 40% sur les importations dites « de transit » via le Vietnam, appelées « transbordements »). La période de réduction tarifaire mutuelle avec la Chine expirera le 12 août.
Nouvelles taxes pour l’Union européenne
Le 12 juillet, le président Trump a annoncé l’application d’un droit de douane uniforme (« réciproque ») de 30% sur toutes les importations en provenance de l’Union européenne (UE) à compter du 1er août, tout en maintenant les taxes déjà existantes sur l’acier, l’aluminium, le cuivre, l’automobile et les pièces détachées. Cette annonce a mis fin aux espoirs d’un taux plus modéré, compris entre 15% et 20%. Parallèlement, les droits de douane pour les partenaires « de libre-échange » ont été relevés à 35% pour le Canada et 30% pour le Mexique. Bonne nouvelle toutefois, les marchandises conformes à l’accord USMCA (accord de libre-échange entre les États-Unis, le Mexique et le Canada) sont, pour l’instant, exemptées des nouveaux tarifs. En Asie, les importations américaines en provenance du Japon et de la Corée du Sud seront soumises à un tarif réciproque de 25%, tandis que celles en provenance du Brésil seront taxées à 50%, bien au-dessus du taux de 10% fixé en avril.
Comment les marchés ont-ils réagi ?
Les marchés ont globalement réagi de façon modérée à ces annonces. Les investisseurs semblent anticiper la conclusion d’accords bilatéraux permettant de réduire les droits de douane. Toutefois, rien ne les garantit. L’indice Stoxx 600 en Europe a reculé de 0,4%, les constructeurs automobiles sensibles au commerce figurant parmi les plus fortes baisses. Les marchés asiatiques ont affiché des performances mitigées, la plupart évoluant en légère baisse, tandis que les actions chinoises ont, elles, progressé légèrement. Sur le marché des changes, la réaction a été limitée. Le dollar américain s’est renforcé : l’indice dollar (DXY) a gagné 1% et l’EUR/USD s’échange à 1,168, en baisse d’environ 0,6% sur la semaine.
Différences de prix importantes pour le cuivre
Par ailleurs, un droit d’importation de 50% sur le cuivre a été annoncé, bien supérieur au taux attendu de 25%. Cette mesure a provoqué une flambée des prix du cuivre de 17% sur le COMEX de New York, atteignant un record historique la semaine dernière. À l’inverse, les prix ont baissé sur le London Metal Exchange, créant un écart inédit de 25% entre les deux marchés. Cet écart pourrait encore se creuser à court terme, les importateurs américains cherchant à constituer des stocks avant l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs le 1er août. Une fois les tarifs en application, l’incitation à accumuler des stocks devrait diminuer, réduisant ainsi la pression haussière sur les prix du COMEX. Si ces tarifs persistent, des prix plus élevés pour les consommateurs américains deviendront inévitables, la production domestique étant insuffisante pour répondre à la demande notamment dans les secteurs des centres de données, de l’automobile et de l’énergie.
Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs ?
Dans une déclaration en réponse à la lettre du président Trump, la président de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a affirmé que « l’imposition de droits de douane de 30% sur les exportations européennes perturberait les chaînes d’approvisionnement transatlantiques essentielles, au détriment des entreprises, des consommateurs et des patients des deux côtés de l’Atlantique ». Elle a ajouté : « Nous restons prêts à poursuivre les discussions en vue d’un accord d’ici le 1er août. Parallèlement, nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour protéger les intérêts de l’Union européenne, y compris l’adoption de contre-mesures proportionnées si nécessaires. »
De son côté, le président français Emmanuel Macron a soutenu les efforts visant à conclure un accord « qui reflète le respect mutuel que des partenaires commerciaux tels que l’UE et les États-Unis se doivent d'honorer ». Toutefois, il a exhorté l’UE à « intensifier la préparation de contre-mesures crédibles » au cas où aucun accord ne serait trouvé à temps.
Suspension temporaire des contre-mesures européennes
Dans le but de favoriser un climat de négociation constructif avec les États-Unis et dans l’espoir de parvenir à un accord d’ici la fin du mois, l’UE a suspendu les droits de rétorsion qui devaient entrer en vigueur. Ces contre-mesures étaient une réponse aux premières taxes américaines sur l’acier et l’aluminium, et auraient concerné des marchandises américaines d’une valeur de 21 milliards d’euros. Les ministres européens du Commerce se sont réunis ce lundi 14 juillet à Bruxelles pour définir la réponse à apporter à la lettre du président Trump. « Nous avons toujours été clairs sur notre préférence pour une solution négociée », a rappelé von der Leyen. Et d’ajouter : « Si nous n’y parvenons pas, nous continuerons à préparer des contre-mesures afin d’être pleinement prêts ».
Un rapport de force équilibré
La position de négociation européenne n’est pas considérée comme faible. Le commerce entre les deux blocs économiques représente environ 2.000 milliards de dollars, soit près de 30% du commerce mondial. Les données montrent une forte interdépendance : les échanges de biens et services sont presque équilibrés. Les États-Unis dominent dans les services numériques (propriété intellectuelle, services aux entreprises), tandis que l’UE est en tête pour les biens physiques (produits pharmaceutiques, produits chimiques, machines et véhicules).
Sentiment des marchés et stratégie américaine
Le président Trump pourrait interpréter la récente reprise des marchés d’actions comme une validation de sa position en faveur de tarifs plus élevés. Toutefois, un facteur clé de cette hausse réside dans l’idée, partagée par de nombreux investisseurs, que la situation finale sera moins négative que la rhétorique.
Reste à savoir si le président Trump utilise cette stratégie avant tout pour augmenter la pression dans les négociations ou s’il compte réellement instaurer des barrières douanières durables et élevées.
Conclusion
Nous maintenons notre position prudente, selon laquelle des droits de douane américains durablement plus élevés (probablement autour de 15% en moyenne) finiront par être mis en place, ne serait-ce que pour compenser une partie des déficits liés à l’adoption récente du « One Big Beautiful Bill Act », un plan massif de plusieurs milliers de milliards de dollars.
Les marchés d’actions devraient rester nerveux dans les semaines à venir, les accords sur des droits de douane plus bas étant loin d’être garantis et les négociations commerciales restant complexes et longues.
Par ailleurs, d’autres droits sectoriels sont prévus, notamment sur les semi-conducteurs et les produits pharmaceutiques.
Nous recommandons d’adopter une approche patiente pendant les mois d’été. Toutefois, nous pourrions considérer d’éventuelles corrections de marchés comme des opportunités d’investissements intéressantes pour les investisseurs disposant d’un horizon à moyen terme.
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1 La volatilité fait référence à la mesure et à la rapidité avec lesquelles le prix d’une action, d’une obligation, d’un fonds ou d’un indice, par exemple, évolue au fil du temps.