- L’euro progresse face au dollar, porté par un changement structurel des marchés et des incertitudes pesant sur le dollar.
- Les investissements publics dans la zone euro stimulent la croissance, tandis que la hausse de la dette des États-Unis et des taux d’importation affaiblissent le dollar.
- À moyen terme, l’euro pourrait encore s’apprécier, la Fed restant prudent face aux incertitudes économiques.
Que s’est-il passé ?
Pour la première fois en trois ans et demi, l’euro a franchi, en juin, le seuil de 1,16 USD. Depuis son point bas à 1,014 USD en février, l’euro suit une tendance haussière relativement marquée face au dollar. Même l’escalade du conflit au Moyen-Orient à la mi-juin n’a que marginalement affecté cette dynamique.
De plus en plus d’investisseurs estiment qu’un véritable tournant structurel est en train de s’opérer sur le marché des changes. Contrairement aux années précédentes, les différentiels de taux d’intérêts relatifs jouent un rôle moins déterminant, tandis que l’impact des flux de capitaux gagne en importance. Le financement du budget américain et du déficit courant restera un facteur clé pour le marché. Ainsi, les vents contraires qui pèsent sur le dollar américain, et qui devrait perdurer quelque temps, proviennent de plusieurs fronts.
- Les marchés financiers se concentrent désormais sur les effets potentiellement pénalisants des droits de douane sur l’économie américaine. À partir du 9 juillet, les pays exportateurs n’ayant pas conclu d’accord bilatéral devront s’acquitter des droits de douane du « Liberation Day » instaurés par Donald Trump, des tarifs supérieurs aux taux de base actuel de 10% appliqué à la plupart des partenaires commerciaux. Parallèlement, la Chine bénéfice d’une trêve fragile avec Washington, prolongée jusqu’à la mi-août afin de laisser place aux négociations. Les pays jugés « constructifs » par les États-Unis pourraient voir ce délai étendu. Toutefois, ces incertitudes devraient encore peser sur les perspectives pendant un certain temps.
- En parallèle, la proposition baptisée « One Big Beautiful Bill » - un octroi de réductions d’impôts existantes mais aussi supplémentaires, fortement réclamée par Donald Trump – pourrait considérablement gonfler la dette nationale américaine. À long terme, les investisseurs pourraient donc exiger des rendements beaucoup plus élevés sur les bons du Trésor américains, aggravant encore davantage les difficultés liées au financement de la dette publique.
- Les investissements prévus par la coalition gouvernementale allemande, principalement dans les infrastructures et la défense, ravive les espoirs d’une croissance économique plus solide en Allemagne et dans la zone euro. Le fossé entre la croissance très robuste des États-Unis ces dernières années et la croissance atone de la zone euro devrait ainsi se réduire.
- Ces dernières années, un volume important de capitaux d’investissement a afflué vers les États-Unis, en raison de l’exceptionnalisme américain, pour une grande partie sans couverture de change. Avec la dépréciation récente du dollar, de nombreux investisseurs envisagent désormais de recourir à des couvertures de change ou de diversifier davantage leurs placements, ce qui implique un investissement accru hors de la zone de la devise américaine. Ces mouvements dans les portefeuilles, associés aux sous performances des marchés d’actions américains par rapport à ceux de la zone euro, ont soutenu l’euro.
- Le soutien à l’euro pourrait également venir du fait que la Banque centrale européenne (BCE) est probablement proche de la fin de son cycle de baisse des taux d’intérêt, tandis que la Réserve fédérale (Fed) pourrait reprendre ses baisses de taux dans la seconde moitié de l’année.
- Le plan budgétaire allemand proposé pourrait toutefois rencontrer des capacités insuffisantes du côté de l’offre, notamment dans les infrastructures, ce qui pourrait alimenter l’inflation.
- Parallèlement, cela pourrait maintenir le niveau des rendements dans la zone euro à un niveau relativement élevé, limitant ainsi l’écart avec les rendements des bons du Trésor américains.
- En outre, cette dynamique devrait avoir un effet positif sur le développement économique non seulement en Allemagne, mais aussi dans plusieurs autres pays de la zone euro en raison de leurs économies interdépendantes. Cela devrait réduire la pression sur la BCE pour de nouvelles baisses des taux directeurs.
Perspectives économiques et ajustements monétaires à venir
Seul le temps dira dans quelle mesure les événements des dernières semaines et des derniers mois auront durablement affecté le dollar américain. L’augmentation des droits de douane par l’administration américaine et les restrictions à l’immigration – qui a pourtant contribué à accroître l’offre de travail ces derniers années – pourraient faire grimper le taux d’inflation à moyen terme. Les fortes attentes d’inflation pèsent déjà sensiblement sur le moral des consommateurs américains, selon les enquêtes. La Fed n’est actuellement pas en mesure de baisser ses taux d’intérêt, en raison de l’incertitude et du niveau définitif inconnu des droits de douane, même si les marchés anticipent désormais deux baisses de 25 points de base chacune au second semestre.
Les déficits budgétaires et courant persistants restent les principaux moteurs de la faiblesse du dollar, tandis qu’une dépréciation de la monnaie américaine est explicitement souhaitée par certains membres de l’administration américaine. Sur cette base, les investisseurs mondiaux pourraient progressivement réduire leur exposition au dollar. Cela soulève des interrogations sur la soutenabilité de la dette souveraine américaine dans les années à venir.
Nous percevons donc un potentiel d’appréciation supplémentaire de l’euro à moyen terme.
Cela dit, deux éléments pourraient venir freiner cette tendance. D’un côté, le déficit commercial américain reste énorme, ce qui signifie que les États-Unis doivent attirer du capital en dollars. Et avec une devise affaiblie, c’est plus difficile. De l’autre, une hausse trop marquée de l’euro poserait un problème pour les exportations européennes.
Notre prévision à 12 mois pour l’EUR/USD est de 1,18.
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